Le Collectif des jeunes pour réussir l’Europe autrement

’Nous ne voulons pas d’un pays où l’on menotte des fillettes’

12 mai 2005

Les Sudistes sont bien décidés à manifester leur opposition au projet constitutionnel. Pour se faire entendre, ils se sont réunis au sein du Collectif des jeunes pour réussir l’Europe autrement. Malgré leurs inquiétudes, ils sont déterminés à œuvrer pour une Europe où l’homme, et non les marchandises, sera au cœur du débat. Hier matin à Saint-Pierre, une quarantaine d’entre eux sont venus encourager leurs représentants pour une présentation officielle.

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Jusqu’à présent, des politiques et des agriculteurs se sont organisés pour faire barrage au projet de Constitution. Désormais, ils peuvent compter sur une troisième force : la jeunesse réunionnaise du sud.
Depuis deux mois, ces pro-européens se rencontrent, échangent et vont de cases en cases pour contrer les manipulations et la désinformation orchestrées par les partisans du “oui”. Ce n’est pas une mince affaire.
Quatre jeunes, soutenus dans leur action par d’autres jeunes, se retrouvent propulsés à la tête de ce mouvement de protestation : Khrisna Damour, étudiant en Sciences de l’Éducation, enseignant en gestion et président de l’association Sa mèm à Saint-Louis, Gilles Leperlier, étudiant en AES et président de l’association pour l’Avenir de la jeunesse du Sud à l’Étang-Salé, Nicolas Ninnegeeas, le représentant régional de l’Union nationale des étudiants français et Monica Govindin, conseillère générale.

L’homme au cœur d’un modèle

Pour Khrisna Damour, ce projet n’accorde aucune importance "aux grandes idées humanistes" qui ont façonné la construction de l’Europe. Il souhaite pour l’ensemble des Réunionnais "une Europe qui propose aux citoyens et au monde un projet de société plus humain où l’Homme est au cœur d’un modèle" et non pas d’une Europe "qui suit les États-Unis". Il ne veut pas d’un pays où l’on n’hésite pas à "menotter une fillette de cinq ans". Selon lui la prochaine Europe doit "repenser la question du concept travail et propager un développement soucieux d’une harmonisation sociale tirée vers le haut... Et non pas se modéliser sur les États-Unis qui prône l’ultra-libéralisme et ne laisse pas de place aux faibles et aux démunis". Il refuse que les Réunionnais soient "spectateurs de leur destin" et ont peur "des épouvantails agités par les nostalgiques du colonialisme".
"Quelle place occupera l’Université de La Réunion au sein de l’Union européenne ?", se demande Gilles Leperlier. "Les projets des étudiants sont sous-financés et nous ne savons pas si plus tard nous aurons un emploi", continue-t-il. Pour lui, "les entreprises s’implanteront ici et prendront des parts de marché". Dans moins d’un mois, il votera “non” pour "sauver l’emploi et l’éducation".
Pour Nicolas Ninnegeeas, ce projet ne protège pas l’éducation, "n’importe qui aura le droit de créer son établissement qu’il soit primaire, secondaire ou universitaire". Cet enseignement privé aura un coût et profitera toujours aux mêmes. En ce qui concerne La Réunion, "les formations seront moindre et la mobilité obligatoire pour certaines filières", dit-il.

Une droite qui casse tout

Monica Govindin "s’inscrit dans cette dynamique pour renforcer cette coordination". Ce projet de Constitution "met en péril l’avenir de la jeunesse réunionnaise". Par la suite, elle a rappelé les batailles menées par des hommes et des femmes réunionnaises pour que les spécificités de notre île soient reconnues. Tout en ne citant pas le député européen réunionnais qui a œuvré en ce sens à partir des années quatre-vingt. "Depuis 1992, l’Union européenne verse directement les fonds au Conseil régional", souligne-t-elle. "Dire “non” à cette Constitution c’est lancer un message fort à la République", conclut la Portoise.
Pour Jean-Lou et Wilson, ce texte émane "d’une droite qui casse tout". Toujours est-il que ces jeunes Réunionnais veulent participer au débat et œuvrer à la construction d’une nouvelle politique européenne. Et de se demander si ceux qui se disent pro-européens aujourd’hui, ne sont pas ceux qui étaient contre hier ?

Jean-Fabrice Nativel


Rectificatif

Séjour de Mme Taubira à La Réunion

L’arrivée de Mme Taubira à La Réunion se fera ce jeudi 12 mai à 8h05 par Air Austral et non à 9h50 comme précédemment annoncé.
Par ailleurs, Mme Taubira interviendra de 12h à 13h sur Free Dom.

Le collectif pour le Non


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