Moyen-Orient

Nouveau pouvoir en Égypte

11 juillet 2013, par Céline Tabou

Une semaine après le renversement de Mohamed Morsi par l’armée égyptienne, la présidence a annoncé la nomination de l’ancien ministre des Finances, Hazem al-Beblawi, comme Premier ministre du gouvernement de Transition. Mohamed El Baradei, personnage clé de l’opposition laïque, devient vice-président par intérim en charge des Relations internationales.

Les deux hommes ont été nommés après plusieurs jours de négociations, mais l’opposition et l’armée espèrent que l’économiste Hazem al-Beblawi et le Prix Nobel de la Paix Mohamed El Baradei pourront diriger le gouvernement de Transition en Égypte. Tous les observateurs se demandent si ces derniers réussiront « à s’imposer et à être fermes dans leurs orientations politiques ».

Arrêté après sa destitution, Mohamed Morsi ne fait « pour l’heure l’objet d’aucune poursuite » judiciaire, a assuré un porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, à l’Agence France Presse. Ce dernier se trouve « en lieu sûr, pour son propre bien, et il est traité dignement ».

Négociations pour une coalition transitoire

Pour Jane Kinninmont, spécialiste du Moyen-Orient à l’institut des relations internationales de Chatham House, le nouveau pouvoir par intérim aura des difficultés à mettre en place les réformes exigées par le FMI pour l’accord de 4,8 milliards de dollars d’aide. Citée par le quotidien en ligne “La Tribune”, la chercheuse explique que « Tout gouvernement en place pour une courte période sera tenté de s’en tenir à une politique populiste. Mais, dans le même temps, tous les économistes savent que les subventions, en particulier au carburant, doivent être révisées de toute urgence ».

À l’origine des manifestations contre Mohamed Morsi, le groupe Tamarrod a émis des réserves sur le nouveau cadre institutionnel et annoncé travailler avec des experts afin de trouver des « améliorations ». Ces derniers, les forces libérales et les jeunes militants souhaitaient voir Mohamed El Baradei à la tête du gouvernement, sans toutefois rejeter la nomination d’Hazem al-Beblawi.

Ce dernier est en pleine consultation pour former un gouvernement provisoire représentant différentes forces politiques, dont les Frères musulmans, qui ont catégoriquement refusé. De son côté, le Front de salut national, principale coalition laïque, est réticent et attend de voir. Et les salafistes d’Al Nour, deuxième parti islamiste d’Égypte après les Frères musulmans, ne se sont pas opposés à sa désignation, comme ils l’avaient fait avec les précédents candidats.

Les pro-Morsi dans la rue

Pour tous les responsables du parti de Mohamed Morsi ou des Frères musulmans, aucun dialogue ne sera engagé. Les partisans du président déchu ont indiqué que seul Mohamed Morsi était le représentant de la souveraineté populaire égyptienne. Ces derniers veulent le rétablissement de la Constitution adoptée en décembre 2012 et le retour au pouvoir de Mohamed Morsi. Les manifestants demandent aussi la libération de tous les responsables du parti Liberté et justice, et des Frères musulmans actuellement détenus.

La justice égyptienne a ordonné mercredi 10 juillet l’arrestation du Guide suprême Mohamed Badie, et plusieurs responsables des Frères musulmans, suite aux violences meurtrières de lundi 8 juillet au Caire. D’après des sources judiciaires, citées par l’AFP, 200 personnes ont été inculpées dans le cadre de ces violences qui ont fait 51 morts et 435 blessés, selon les urgences, durant une manifestation de partisans de Mohamed Morsi.

La confrérie avait appelé au « soulèvement » après ce « massacre », affirmant que des soldats et des policiers avaient ouvert le feu sans aucune raison sur les manifestants. De son côté, l’armée a assuré avoir répliqué après une attaque de « terroristes armés ». Cependant, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a indiqué que « même si certains manifestants ont pu se montrer violents, la réponse (de l’armée) a été disproportionnée et est à l’origine de décès et de blessures parmi la foule ».

Céline Tabou

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