Un débat parlementaire en pleine nuit

Nouveau tour de vis en Grèce

13 février 2012

Le président du Parlement grec, Philippos Petsalnikos, a ouvert dimanche 12 février le débat parlementaire (16h, heure de La Réunion) sur le nouveau plan grec décidé par l’UE, la BCE et le FMI qui en exigent l’adoption dans la nuit. Ce plan appelé les « 10 commandements » est destiné à réduire le déficit et éviter l’éviction d’Athènes de la zone euro.

En vue du vote de la réforme, des milliers de Grecs se sont réunis devant le Parlement grec afin de dénoncer un plan imposé par la Troïka et dire “oust” aux représentants des organismes internationaux et aux députés qui voteraient cette réforme. Cette tension s’est ressentie dans les médias qui ont écrit, selon l’“AFP”, « la Grèce à l’heure du jugement », titrait le quotidien “Kathimérini”, tandis que le journal “To Vima” du Centre-gauche a estimé que le pays était secoué par un “séisme” mettant politique, économie et société en morceaux ».

Des mesures drastiques

Pour recevoir la nouvelle aide de l’Union européenne et du Fonds monétaire international de 130 milliards d’euros, le gouvernement devra mettre en place une flexibilité du marché du travail en diminuant de 22% le salaire minimum, une baisse de 32% pour les moins de 25 ans et la suppression des hausses de salaire en dépit de l’ancienneté. Le but est de baisser le coût global du travail de 15% d’ici 2015. Ensuite, le budget de l’État devra être restreint, avec la réduction des frais de dépense des médicaments pour 1,076 milliard d’euros, la baisse du budget de la Défense de 300 millions d’euros, la suppression de 500 postes de maires, la réduction de 10% des salaires des fonctionnaires bénéficiant de régimes spéciaux.

Le gouvernement grec devra renforcer le fisc, l’État devra adopter une réforme des services d’impôts en recrutant de nouveaux contrôleurs, multipliant les vérifications fiscales et informatisant son système de collecte. Un plan anti-corruption sera d’ailleurs mis en place pour lutter contre la fraude fiscale qui s’élève à 13 milliards d’euros. La Troïka a souhaité la poursuite du programme de privatisations en vendant quatre entreprises d’État (gaz, eau, jeux, pétrole) pour récolter près de 4 milliards d’euros. Enfin, Athènes devra placer 15.000 fonctionnaires dans une « réserve de main-d’œuvre ». Ces derniers seront payés à 60% de leurs salaires.

Les Grecs se révoltent

Finies les manifestations contre la Troïka et dénonçant les plans de rigueur successifs, les Grecs sont en colère et menacent directement leurs députés qui ont débattu hier sur le nouveau plan de rigueur. C’est sous la pression de la rue et des partis que des ministres du gouvernement de Lucas Papademos ont donné leur démission les uns après les autres, vendredi 10 février, après le départ de Yiannis Koutsoukos, le vice-ministre du Travail et membre du PASOK (parti socialiste), qui considère que le plan de rigueur est « insoutenable pour les travailleurs ».

Dimanche 12 février, des milliers de Grecs s’étaient rendus dans le centre d’Athènes sur la place de Syntagma pour dire “non” au nouveau plan d’austérité dont l’UE et le FMI ont exigé le vote par le Parlement. Une heure après le début de la manifestation en début d’après-midi, près de 25.000 personnes étaient rassemblées devant le Parlement, selon la police. En attendant le vote à 1h00 (heure de La Réunion), syndicats et partis politiques de gauche, communistes et radicaux se sont résolus à faire tonner le "non" de la rue, les premiers dénonçant un plan « tombeau de la société », les seconds réclamant des élections immédiates et jugeant que la Grèce n’a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de la lâcher, a indiqué l’“Agence France Presse”.

Céline Tabou

La réforme du travail revisité par l’Espagne

Les syndicats espagnols ont appelé samedi 11 février tout le pays à manifester contre la réforme du travail qui va « accélérer la destruction d’emplois » et « augmenter la précarité à moyen terme », ont indiqué les syndicats. « Le 19 février, nous voulons que les rues d’Espagne se remplissent d’une clameur et de manifestations contre la réforme du travail », a affirmé le secrétaire général du CCOO, Ignacio Fernández Toxo, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue de l’UGT, Cándido Méndez. La manifestation n’a pas débouché sur une grève générale, mais les syndicalistes espèrent que la mobilisation « va crescendo » contre une réforme qui vise au « démantèlement des droits » et « attaque les bases fondamentales du modèle de bien-être social ».

Ils dénoncent un texte « imposé » par le FMI, la BCE, la France et l’Allemagne, et « écrit » par la CEOE, principale organisation patronale espagnole. « Cela ressemble à une démocratie sous surveillance », a qualifié Ignacio Fernández Toxo.

De son côté, le gouvernement estime que cette réforme va aider le pays à sortir de la crise et d’un chômage record.

Jeudi 9 février, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a reconnu que le chômage, qui atteint déjà des taux record de plus de 22% de la population active et près de 50% pour les jeunes, allait encore augmenter cette année. Ce dernier a d’ailleurs indiqué qu’il fallait du temps pour que les réformes relancent l’économie et la création d’emplois, a cité l’“Agence France Presse”.

La réforme du travail proposé par le gouvernement prévoit la réduction des indemnités de licenciement de 45 à 33 jours de salaire par année travaillée, voire 20 en cas de licenciement économique dans certaines conditions. Cette réforme devrait faciliter les licenciements, a affirmé Candido Mendez, qui a expliqué que « les adultes vont être licenciés pour pas cher et les jeunes vont être embauchés peut-être plus facilement, mais seront peu payés ». De plus, les entreprises ne seront plus obligées de demander l’autorisation du ministère, ni obtenir un accord avec les syndicats, pour mener un plan social et des licenciements collectifs.

Lisbonne manifeste contre la rigueur

Des milliers de Portugais sont venus manifester samedi 11 février à Lisbonne contre les mesures d’austérité mises en œuvre par le gouvernement dans le cadre du plan d’assistance financière décidé en mai 2011. Sous les bannières, « Non à l’exploitation, non aux inégalités, non à l’appauvrissement » ou encore « Une autre politique est possible et nécessaire », les manifestants scandaient : « La lutte continue ! ». Venu manifester contre la baisse du pouvoir d’achat, la hausse des taxes et impôts, le chômage des jeunes, la faillite des entreprises, Armenio Alves Carlos, secrétaire général de la CGTP, a dénoncé un plan d’assistance qui « est un programme d’agression des travailleurs et de l’intérêt national ».

Le plan répond aux conditions imposées par les bailleurs internationaux, lesquels ont entamé mercredi 8 février, à Lisbonne, une nouvelle mission d’évaluation. Le gouvernement estime pouvoir atteindre 4% de déficit en 2012, contre 5,8% prévus initialement, grâce au transfert exceptionnel des fonds de pension vers la Sécurité sociale. Cependant, le plan prévoit également diverses hausses d’impôts, un abaissement des prestations sociales, une forte augmentation des tarifs des transports publics urbains ou encore une révision du Code du travail introduisant un assouplissement des horaires et la suppression de jours de congé.

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