Mozambique

Nouvel eldorado africain ?

Une croissance économique impressionnante

30 septembre 2003

Après plus de quinze ans de guerre civile, la paix et la réconciliation nationale ont permis au Mozambique d’effectuer un redressement spectaculaire et régulier depuis 1992, qui a valu à ce pays d’Afrique australe, berceau d’une partie du peuple réunionnais, d’être cité en référence dans tous les rapports économiques du continent. Entre 1996 et 1999, la croissance du Mozambique a été supérieure à 10% par an, soit l’une des plus importantes du monde.

Ce redressement spectaculaire du Mozambique a été facilité par un appui sans faille de la communauté internationale à l’un des rares pays en Afrique qui respecte la "bonne gouvernance". Cette assistance massive (près de 20 % du PIB), à nouveau dynamisée après les graves inondations de février et mars 2000, demeure un véritable poumon dont l’économie du Mozambique devrait avoir besoin pendant encore de nombreuses années avant de pouvoir compter uniquement sur ses seules forces.
Cependant, le climat de confiance qui a été créé par l’ouverture progressive de l’économie est propice aux investissements privés qui se développent de plus en plus rapidement : plus de 5 milliards de dollars de projets approuvés depuis 1985, dont 1,5 milliard d’investissements directs étrangers (pour un PIB qui vient tout juste de passer à 4 milliards de dollars en 1999).
Plus de 10 milliards de dollars de nouveaux projets privés sont actuellement à l’étude au Mozambique. L’entrée en production du premier méga projet (fonderie d’aluminium Mozal : 1,3 milliard de dollars), en juin 2000, réalisé à l’initiative d’investisseurs privés, est une preuve de cette confiance de la communauté internationale des affaires dans le futur du Mozambique.

Des atouts

Ces projets s’appuient sur les atouts du pays qui sont nombreux : ressources naturelles abondantes (potentiel hydroélectrique, gaz, pêche, agriculture, etc.), situation géographique favorable (le pays constitue, avec ses couloirs de transports et de développement, le seul débouché des pays enclavés de la zone), incitations fiscales particulièrement attractives. Ils parient sur une stabilité politique à moyen et long terme et qui devrait passer par une plus grande intégration régionale.
Toutefois, compte tenu de la faiblesse du pouvoir d’achat local (240 dollars par an et par habitant) la grande majorité des projets est actuellement destinée à l’exportation ou au secteur des infrastructures. La création d’une zone de libre-échange au sein de la SADC (South African Development Community) dans les prochaines années devrait constituer pour le pays une occasion de développer des industries destinées à servir de plus en plus ses voisins (la SADC représente un marché de 180 millions d’habitants) et, notamment, le grand marché d’Afrique du Sud qui n’est qu’à une heure de route de Maputo.

Diversification des investisseurs

Les entreprises françaises, elles, peu présentes jusqu’alors sur ce "pré carré" de l’Afrique du Sud et du Portugal commencent à prendre conscience des potentialités dont dispose le Mozambique : leurs exportations et investissements progressent sensiblement ; la représentation des sociétés françaises, encore modeste, vient de prendre du poids avec l’arrivée, à la fin de 1999, de la BNP et du groupe Bolloré. La France n’est toutefois pas encore véritablement parvenue à capitaliser, en termes économiques, les bonnes relations politiques nouées dès les accords de paix et constamment renforcées grâce à sa contribution au redressement d’un pays membre de la zone de solidarité prioritaire (ZSP) du ministère français des Affaires étrangères.

Le Mozambique veut développer la transformation
Le Mozambique s’est lancé dans la construction d’une usine de traitement de tabac d’une valeur de 45 millions de dollars qui sera inaugurée dans les 15 prochains mois dans la province occidentale de Tete, selon l’Agence Panafricaine de Presse (PANAPRESS). La première manufacture du genre implantée dans le pays appartient à la compagnie Mozambique Life Tobacco (MLT), une filiale de la société multinationale Universal Tobacco (UT).
C’est en 1996 qu’UT a commencé ses activités dans la production de tabac à Tete et, six ans après, la compagnie avait étendu ses activités à la province voisine de Manica. A Tete, UT avait encouragé 40.000 familles paysannes à s’impliquer dans la culture du tabac, tandis qu’à Manica, elle encadrait des grands agriculteurs locaux ainsi que 45 fermiers commerciaux étrangers qui emploient 5.000 personnes environ.
PANAPRESS, citant une source proche de la MLT, note que l’usine de transformation de tabac dont la construction est envisagée permettra la création de 2.000 nouveaux emplois. Elle va par ailleurs encourager l’augmentation de la production de tabac et l’amélioration des revenus des producteurs paysans. La première pierre de cette unité industrielle a été posée il y a deux mois et les travaux de construction de l’usine devraient être achevés avant la fin de l’année 2004.
Le tabac mozambicain était jusqu’ici transformé au Malawi, ce qui le rend vulnérable aux pressions exercées par les concurrents basés dans ce pays. En 2001 et 2002, cédant à la pression de leur propre industrie du tabac, les autorités malawites avaient tenté d’empêcher la transformation du tabac mozambicain. Le problème n’avait été réglé que grâce à une intervention de haut niveau des gouvernements des deux États voisins.

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