Les médias et le référendum du 29 mai

Nouvelles protestations contre le non-respect du droit à l’information

23 mai 2005

Comment un projet de Constitution européenne peut-il être une ’avancée démocratique’, comme le prétendent les partisans du “oui”, lorsque l’information des citoyens pour le référendum sur ce texte se déroule de manière non démocratique voire totalitaire ?

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Pour l’honneur de la profession, de nombreux journalistes et professionnels de la communication ou de la création audiovisuelle expriment leur indignation devant l’attitude des médias dans la campagne sur le référendum du 29 mai. “Témoignages” en a déjà parlé lorsqu’a été lancée la pétition des journalistes du service public d’information pour dénoncer le détournement de leur instrument de travail au profit des partisans du “oui”. Cette pétition a été signée par des milliers de journalistes. (voir “Témoignages” du vendredi 20 mai)
Ce mécontentement s’est également exprimé à la fin de la semaine dernière à l’occasion de l’entretien d’une demi-heure offert par RFO à Jacques Chirac sur l’Outre-mer et le projet de Constitution européenne. “Témoignages” a déjà signalé que la Confédération des syndicats autonomes de RFO a protesté auprès du patron de la chaîne contre "cette sournoise opération médiatique d’État orchestrée par la Direction de RFO aux ordres du Ministère de l’Outre-mer".
De même, la Société des journalistes de RFO a déclaré qu’"à une semaine du scrutin, cette intervention présidentielle (...) dégage un fort parfum de propagande". (voir “Témoignages” du vendredi 20 mai)
À signaler enfin cette protestation des journalistes Force ouvrière de RFO, qui ont fait part de leur "profond sentiment de malaise" devant l’intervention du chef de l’État. Ces journalistes ont dénoncé "une opération de communication" qui "vient évidemment à la rescousse des partisans de la Constitution".
Le syndicat FO des journalistes de RFO déclare enfin qu’il "ressent comme l’immense majorité des salariés de l’entreprise un profond sentiment de malaise". Selon lui, cette émission "pose la question de l’indépendance de l’information".

"Rappeler qui est le maître"

Ce problème de l’absence d’une information libre, pluraliste et impartiale a été soulevé avec force dans le cadre de l’émission de France 5 “Arrêt sur images”. Cette émission a démontré clairement à quel point les grands médias audiovisuels ont été détournés de leur rôle de service public pour servir d’outils de propagande au service d’un clan politique. “Témoignages” en a déjà parlé. L’hebdomadaire “La Corrèze républicaine et socialiste” le signale également.
Il rappelle les chiffres des écarts entre les temps de parole en faveur du “oui” au détriment du “non”. "Les chiffres sont navrants, honteux pour une démocratie qui vante aux quatre coins du monde son pluralisme, et incontournables", écrit notre confrère. (1)
Il ajoute : "Malgré leur écart révoltant, ces chiffres ne décrivent pas exactement le déséquilibre exact qu’entretiennent, en faveur du “oui”, les chaînes de télé. La réalité est bien pire, si l’on se penche non plus sur les seuls propos des intervenants invités sur les plateaux mais également sur ceux des journalistes censés travailler en toute impartialité".
Notre confrère exprime un espoir : "que les Français rejettent, conscients et excédés de la manipulation dont ils sont l’objet, avec le traité, les manipulateurs".
Et de conclure : "Un temps de parole égal pour chacun des deux choix possibles est l’évidence démocratique. Mais les directions des chaînes télévisées ne se conçoivent plus comme au service du peuple, mais comme au service de causes supérieures qu’il convient de défendre face à une populace aveugle. Cette prétention insupportable des élites doit mordre la poussière. Il est temps de rappeler qui est le maître".

L. B.

(1) Dans le dernier numéro d’“Arrêt sur images” diffusé jeudi par Tempo, les journalistes ont démontré avec des chiffres que Patrick Poivre d’Arvor avait menti lorsque dans son émission débat sur le référendum, il avait prétendu que les temps de parole offerts par TF1 au “oui” et au “non” étaient égaux. Que l’on intègre ou pas les interventions télévisées du président de la République, les interventions en faveur du projet de Constitution sont nettement plus nombreuses et plus longues sur TF1 que celles qui lui sont opposées.


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