Un nouveau gouvernement composé des partisans de l’austérité

Où est le changement ?

22 juin 2012, par Manuel Marchal

Sévèrement sanctionnés pour avoir appliqué une politique d’austérité, les socialistes sont passés de 43 à 12% en trois ans en Grèce. Ils arrivent malgré tout à se maintenir au gouvernement grâce à une coalition avec le principal parti conservateur. Dans de telles conditions, le changement est bien compromis. Ce n’est pas en agissant de la sorte que les responsables politiques ramèneront les 40% de Grecs qui ont boudé les urnes malgré le vote obligatoire.

En Grèce, une coalition de trois partis a pu être constituée pour former le gouvernement. Le principal est Nouvelle démocratie. Ce parti conservateur d’une idéologie type UMP est arrivé en tête du scrutin de dimanche dernier avec 30% des suffrages devant la Coalition de la Gauche radicale SYRIZA. Nouvelle démocratie avait obtenu 130 sièges sur 300, il manquait donc 21 sièges pour obtenir la majorité absolue.
Cela vient d’être fait avec le renfort des socialistes du PASOK (12% des voix aux élections) et du Parti de la gauche démocratique (DIMAR), crédité de 6% dimanche dernier. Les deux partis socio-démocrates vont donc apporter 49 députés, et permettre la formation d’un gouvernement assuré d’être soutenu par l’Assemblée avec 179 sièges sur 300.

L’austérité la plus violente

Dimanche dernier, malgré le vote obligatoire, 40% des électeurs ne se sont pas déplacés en Grèce. Parmi les 60% restants, la majorité a décidé de ne pas faire confiance aux partis qui se sont succédé ces dernières années au pouvoir. Nouvelle démocratie était aux manettes quand le déficit du pays s’est creusé. En 2009, lors des élections, les socialistes du PASOK obtiennent 43% des suffrages et la majorité des sièges à l’Assemblée.
Mais au lieu de mener une politique en rupture avec celle des conservateurs, les socialistes décident de se plier aux exigences de l’Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne.
L’héritage laissé par les conservateurs, c’est une dette si importante que l’État a des difficultés à faire face à ses dépenses de fonctionnement, sans compter le remboursement des emprunts et le financement des investissements nécessaires. Le gouvernement socialiste a alors appelé les Européens et le FMI à l’aide. Ces derniers ont consenti à un plan de soutien, en échange d’une politique d’austérité d’une rare violence. Chaque versement d’une tranche de l’aide est conditionné à des reculs sociaux.

Les socialistes sanctionnés

Ce sont donc des socialistes qui ont décidé de baisser le salaire des fonctionnaires, de diminuer le niveau des retraites, de réduire de manière drastique la couverture sociale. Nombreux sont aujourd’hui les Grecs qui ne peuvent plus se soigner, car même lorsqu’ils vont à l’hôpital public, ils doivent amener des médicaments.
Ce plan d’austérité a fait basculer brutalement une partie de la population dans des conditions de vie plus proches de celle d’un pays du Tiers monde, avec des enfants sous-alimentés, et des queues devant les dispensaires des ONG.
Cette année, les Grecs ont eu à désigner de nouveaux députés. Ils ont voté en mai, puis dimanche dernier, car le scrutin du mois dernier n’avait pas permis d’aboutir à la formation d’un gouvernement.
Les socialistes ont été sévèrement sanctionnés, ils sont passés de 43 à 12%. Pour leur part, les conservateurs de Nouvelle démocratie ont limité les dégâts en se situant à 30%. Les électeurs ont donc mis en minorité les deux partis qui ont aggravé le déficit et qui ont appliqué l’austérité.
Mais grâce au bonus de 50 sièges offerts au parti arrivé en tête, la loi a permis aux minoritaires d’être reconduits, même si la population a voté dans un autre sens.
Le programme de la nouvelle coalition, c’est d’espérer pouvoir négocier un adoucissement du plan d’austérité imposé par l’Union européenne, la BCE et le FMI. Le rendez-vous est fixé au prochain Sommet européen qui se tiendra le 28 juin prochain. Le nouveau gouvernement souhaite obtenir des marges de manœuvre pour pouvoir lutter contre le chômage qui avoisine les 20%, ce qui est loin d’être couru d’avance.

M.M.

Syriza

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