Réactions, prises de position...

Oui ou non ?

7 mai 2005

(page 4)

L’Europe, oui, bien sûr ! Mais, pas cette Europe que l’on nous a concoctée et que l’on veut nous faire avaler (pardon, avaliser !)
Déjà, vous ne trouvez pas plutôt curieux, vous, que tant d’organisations du monde ouvrier se liguent contre cette Constitution ? Présentée pourtant comme le plus beau cadeau du siècle, offert généreusement au bon peuple de France, elle a toute l’allure d’un colis piégé.
D’ailleurs, comment voulez-vous que M. Raffarin qui organise en France la casse de quasiment tous les acquis sociaux, fasse le contraire au niveau européen ?

Au point de départ déjà, il y a tromperie sur la marchandise : ce qui nous est proposé, ce n’est pas une “Constitution”, c’est un programme de gouvernement. Avec en prime, tout un système de verrouillages, au niveau des dispositions déjà prises. D’ailleurs, ce gouvernement-là n’aurait aucun compte à rendre aux Assemblées (pourtant représentantes du peuple !...et, quel peuple : l’Europe toute entière ! 25 Nations !).
Dans une Démocratie qui se respecte, les Chambres peuvent donner ou refuser la confiance. Là, pas question, sinon avec des minorités de blocages - ou des majorités... quasiment inaccessibles !)

Alors, la “liberté” qui est laissée aux bons peuples, c’est celle de l’Homme auquel on va passer les menottes ! Va-t-on se laisser faire ? C’est, ô combien risqué - pas seulement pour la France, mais pour l’Europe !
Chirac, Raffarin... Dire que ce sont les deux plus pâles, plus inconsistants responsables que la France ait connus, qui risquent de la mettre le plus
en danger. C’est, il est vrai, dans une certaine logique ! Nous laisserons-nous ainsi enfariner ?... Pas du tout trop tard, pour dire “non” !

René Payet


o Les gros mensonges que voilà !

M. Chirac nous affirme, à l’unisson avec le Parti socialiste, que cette Constitution pose une base juridique pour les services publics. C’est faux !
Tout simplement parce que le texte du traité ne parle pas des “services publics”, mais des "services d’intérêt économique général".
Et ce n’est pas qu’une question de terminologie : le "service public", tel qu’il est défini par la Constitution française est une " propriété de collectivité", financée par l’impôt, et qui a le mérite, au moins théoriquement, de servir l’intérêt général.
Le modèle de "services d’intérêt économique général", proposé et imposé par la Constitution, est celui d’un marché, régulé par l’État, sur lequel une entreprise publique, si elle est tolérée, ne jouit pas de plus de droits que les opérateurs privés (articles III-166 et III-167).
Affirmer que les 24 autres pays de l’Union se sont ralliés à la conception française des services publics, comme l’a fait sans gêne Jacques Chirac l’autre soir, est pour le moins une tromperie.

M. Chirac a aussi assuré que l’éducation et la santé restent de la compétence exclusive des États. C’est faux ! Deux articles (III-282 et III-283) fixent une feuille de route en matière de politique éducative, et reprennent d’ailleurs les idées principales de la loi Fillon. Par ailleurs, Monsieur Chirac a omis de nous rappeler que l’Union européenne négocie, en notre nom, l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), qui porte notamment sur l’éducation et la santé. Et l’article III-315 de la Constitution encadre ces négociations puisqu’il mentionne explicitement "le commerce des services sociaux, d’éducation et de santé".

M.Chirac nous affirme enfin que cette Constitution permettra l’harmonisation des systèmes sociaux au plan européen. C’est faux !
L’article III-210 exclut "toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres" , qui conservent la maîtrise des politiques sociales. Mais l’article III-209 estime que c’est le "fonctionnement du marché intérieur qui favorisera l’harmonisation des systèmes sociaux", autrement dit, la concurrence "libre et non faussée". Parions que ce ne sera pas une harmonisation par le haut.

Illustrons par un exemple : dans l’Allemagne du socialiste Schrœder, le site jobdumping.de (comme son nom l’indique) propose des enchères sur le marché du travail. L’employeur propose un emploi à un certain tarif horaire et les demandeurs d’emploi font des enchères à la baisse : qui dit moins ? Celui qui propose le moins a le poste. C’est simple, c’est efficace et c’est la loi du marché.
Quel rapport avec la Constitution européenne ? Le fondateur de ce site nous l’explique : "Les salaires allemands sont trop élevés et, si l’on ne fait rien, nos voisins polonais ou tchèques finiront par prendre tout le travail" (“Libération”, le 30 mars 2005). Autrefois, on organisait des marchés aux esclaves sur les places publiques : aujourd’hui, ça se passe sur Internet. Et cette pratique est malheureusement conforme à l’esprit de cette Constitution.

Trois mensonges pour une soirée : M. Chirac ne manque pas de culot ! Le revers de la médaille, c’est que les électeurs, qui ne sont pas idiots, risquent de se comporter en moutons "noirs".

Joël Grouffaud


o Le droit de dire “non” ?

Les partis politiques paraît-il "représentatifs et responsables" vous le répètent à longueur d’antenne : votre avenir dépend de la réponse que vous apporterez au Traité constitutionnel européen ; cette réponse, bien sûr, ne peut être que “oui”.
Pour certains d’entre eux, bien sûr, ce n’est pas terrible mais on va y remédier, pour Raffarin et son gouvernement, c’est l’aube d’une politique de prospérité, ça va dans le bon sens, pour Chirac, "si vous votez “non”, c’est une connerie !" (salon de l’agriculture 2005), pour le PS du “oui” cela aurait pu être mieux mais c’est déjà le Nirvana social garanti... (...)

Comme ce projet de Constitution-là détient paraît-il la Vérité, vous êtes priés de croire, sinon, vous voilà hérétiques.
À entendre M. Virapoullé notamment, les pauvres petits Réunionnais que nous sommes doivent tout et en seraient encore à l’âge de pierre sans cette Europe qu’il s’agit bien entendu de ne pas heurter, de ne pas vexer... ou sinon tansion pangar pour nos subventions et nos quotas de légines peut-être !
Si le “non” l’emporte, ce sera paraît-il un 29 mai noir pour la France à jamais bannie par ses alliés européens du coup sans solution de rechange... Et quoi encore ?
Bref, attention à une Réunion à jamais perdue dans une France punie et anéantie pour son impertinence !
On en rirait presque devant tant de malhonnêteté, de bassesse, de manipulations éhontées de l’opinion publique, de détournement de la démocratie. Qui sont les vrais menteurs ?

Pour ou contre un texte qui entérine un passé

Si vous n’avez pas saisi messieurs le sens de ce scrutin, je me permets de vous rappeler qu’il ne met nullement en jeu la question de l’Europe mais qu’il demande tout simplement aux Européens de se prononcer en leur âme et conscience pour ou contre un texte qui entérine un passé, valide un présent et qui donne un sens particulier à la politique européenne future.
Les Français dont les Réunionnais, ont pour ce prochain référendum deux réponses possibles tout aussi respectables l’une que l’autre, qui expriment un jugement positif ou négatif sur le bilan et le fonctionnement de l’Europe ainsi qu’une vision rassurante ou inquiétante de son évolution.
Mais rassurez-moi messieurs, au-delà de vos pratiques particulières, la démocratie, la liberté de choix et d’opinions sont-elles des valeurs reconnues et défendues par l’Europe ?
(...)

Que veulent les revendicateurs du “non” ?

Mais que veulent donc ces menteurs, ces imbéciles, ceux qui ne comprennent rien à rien, ces assistés de l’Europe qui sont en plus si peu reconnaissants, et qui demandent à voter “non” ?

- Ils veulent voir précisé davantage au-delà des grands principes, le rôle majeur de l’Europe en matière sociale et la nécessité de l’intervention publique pour assurer le plein emploi, le progrès social et la réduction des inégalités.

- Ils osent demander que soient rendues impossibles les pratiques de dumping social,

- Ils préconisent que l’objectif à fixer soit "d’assurer la convergence par le haut" des pays les moins développés en matière sociale.

- Ils demandent que soit retenu le principe de "non-régression sociale" comme règle systématique d’organisation du droit social européen.
Selon ces principes à préciser dans la réécriture espérée du traité, une norme européenne ne s’appliquerait à un pays membre que si elle apporte " un plus " en termes de garantie sociale.

Est-ce un crime de ne pas être d’accord et de proposer autre chose ?
Je pense pour ma part et sincèrement qu’ils ont raison de dénoncer, de mettre en garde contre ce piège monstrueux qui nous est tendu.
J’affirme ne vous en déplaisent messieurs, qu’ils ont raison comme moi d’appeler à voter “non” !

Daniel Cadet


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