Manifestations contre le coup d’État au Brésil

Ouverture des Jeux olympiques de Rio : forte mobilisation populaire pour le respect de la démocratie

5 août 2016, par Manuel Marchal

Un coup d’État institutionnel de mai dernier au Brésil a permis à une minorité de s’accaparer le pouvoir que lui refusait le suffrage universel. À l’appel du Front populaire brésilien et d’autres organisations démocratiques, une grande marche est prévue aujourd’hui à l’occasion de l’ouverture des Jeux olympiques. La plupart des chefs d’État ont décidé de boycotter l’événement.

Manifestation appelant au départ du gouvernement issu du coup d’État au Brésil. Photo Agence PT

L’ouverture des Jeux olympiques à Rio de Janeiro aura lieu sans la présence des deux derniers président du Brésil élus au suffrage universel, Lula et Dilma Rousseff. La plupart des dirigeants de la région seront également absents, ainsi que ceux du BRICS. Même Barack Obama a choisi la politique de la chaise vide. François Hollande sera donc un des rares chefs d’État à être assis dans la tribune des officiels. La raison de ce boycott vient du coup d’État institutionnel perpétré au Brésil pour suspendre la présidente de la République.

Depuis l’élection de Lula en 2002, les conservateurs ont toujours perdu l’élection présidentielle face au candidat du Parti des travailleurs. 2006, 2010 et 2014 ont en effet confirmé la volonté du peuple pour le changement. Une partie de la classe politique est prise dans des affaires de corruption. Craignant pour ses intérêts, cette classe a voté la procédure de suspension de la présidente élue, qui avait pour principe de ne pas entraver les enquêtes visant les responsables politiques accusés de corruption.

Gouvernement de coup d’État

Ce coup d’État s’est appuyé sur une campagne de presse menée par des journaux aux ordres des corrompus, qui a complaisamment amplifié les appels au coup d’État d’une partie de la bourgeoisie qui manifestait dans la rue. Ces manifestants refusent surtout d’être solidaires avec les plus pauvres, et appelaient à un retour d’une politique privilégiant leurs intérêts. Le Brésil est un des pays les plus inégalitaires du monde. C’est pourquoi les gouvernements élus depuis 2002 ont fait de la lutte contre la pauvreté une priorité. Cela passe par des impôts pour garantir aux plus démunis au moins un repas par jour.

Suite au coup d’État, Dilma Rousseff est suspendue dans l’attente d’un jugement visant à sa destitution. Dès leur arrivée au pouvoir, les conservateurs n’ont pas tardé à remettre en cause la politique du gouvernement qui avait un mandat du peuple.

Le gouvernement Temer a éliminé le ministère du Développement agraire, chargé de l’application des politiques publiques spécifiques en faveur de quelque 20 millions de Brésiliens. Il a aussi supprimé les ministères de la Femme, de l’Égalité sociale et des Droits ainsi que le ministère de la Culture. Il veut également réduire les impôts payés par les plus riches.

Mais ce coup d’État rencontre une résistance passée sous silence dans la plupart des médias occidentaux.

Pour le respect du suffrage universel

Aujourd’hui à Rio, les forces démocrates ont prévu une marche à l’occasion de l’ouverture des Jeux Olympiques. Le Front populaire du Brésil et d’autres organisations se donnent rendez-vous en face de l’hôtel Copacabana Palace. Pour les soutiens de la démocratie, l’objectif est de profiter de l’événement pour donner à la mobilisation contre le coup d’État une portée internationale. Elle est une des nombreuses initiatives du peuple brésilien en lutte pour recouvrer ses droits, dont un des plus importants : le respect du suffrage universel.

M.M.

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