Liste “Alliance pour l’Outre-mer”

Parole d’unité

29 mai 2004

Deux caractéristiques principales ressortent de la composition de la liste “Alliance pour l’Outre-mer” que Paul Vergès, président de la Région Réunion et tête de liste aux Européennes du 13 juin, a présentée jeudi au Sénat : la fronde contre le mépris des états-majors nationaux et la volonté de constituer un front élargi pour la défense de l’Outre-mer au parlement de Strasbourg.

Les commentaires suscités par la constitution de la liste soulignent “l’esprit de dissidence” ou “la leçon” donnée à Paris par des élus d’Outre-mer excédés d’être constamment infantilisés par les états-majors nationaux, même et surtout lorsqu’ils font mine de prendre l’avis des intéressés. Le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais de métropole (voir encadré) souligne le déni démocratique, dans la désignation de la tête de liste socialiste pour l’Outre-mer, contre lequel s’est élevée la liste de l’Alliance Outre-mer.
Bien que constituée dans des délais très courts, sous l’effet d’une révolte largement partagée d’un bout à l’autre des neuf territoires concernés, la liste de l’Alliance pour l’Outre-mer réunit des personnalités politiques d’horizons divers : de la gauche ultramarine - communiste, parti progressiste martiniquais et socialiste - pour les trois candidats titulaires, à une dissidente du parti de Gaston Flosse en Polynésie ou un élu MPM de Mayotte, parmi les candidats suppléants.
En seconde position derrière Paul Vergès, leader historique du parti communiste réunionnais et ancien député européen, Madeleine de Grandmaison est aussi une grande figure politique des Antilles, membre du parti d’Aimé Césaire, le parti progressiste martiniquais (PPM). Aux élections régionales de mars 2004, elle conduisait la liste “Convergences martiniquaises” qui a obtenu plus de 30% des suffrages exprimés et 9 sièges. Elle a compté parmi les prétendants sérieux à la présidence de la Région Martinique, dont elle est la cinquième vice-présidente, en charge de la Commission de la culture, de la jeunesse, du sport et de la vie associative. Elle est présidente du Comité martiniquais du Tourisme et du Comité de Bassin de la Martinique, qui accueillait en janvier dernier la 6e assemblée générale du Réseau international des organismes de bassin (RIOB), dont la présidence lui a également échu pour deux ans. En octobre dernier, elle comptait parmi les femmes françaises honorées par la European Federation of Black Women Business Owners, une organisation qui travaille à accroître la visibilité économique des femmes noires en Europe.
Le troisième sur la liste est le socialiste guadeloupéen Paul Naprix, conseiller général (2e canton des Abymes) et vice-président du Conseil régional. C’est un proche du député socialiste de Guadeloupe, Victorin Lurel qui, avec ses deux collègues à l’Assemblée nationale Louis-Joseph Manscour, député de la Martinique et Christophe Payet, député de La Réunion, a donné le signal de la fronde des socialistes d’Outre-Mer.

Des personnalités de renom

Les membres suppléants de la liste élargissent l’éventail politique à d’autres composantes, venus d’autres territoires que les départements d’Outre-mer. La Polynésienne Nicole Bouteau est une dissidente du parti Tahoeraa Huiraatira (app. UMP) de Gaston Flosse, dont elle a été la ministre du Tourisme. gée de 35 ans, conseillère (non inscrite) à l’assemblée de Polynésie française, Nicole Bouteau dirige le parti autonomiste No Oe e te Nunaa, qui a rejoint la majorité UPLD (Union pour la démocratie) sortie vainqueur des récentes élections. Les deux autres suppléants de la liste sont le Mahorais Saïd M’Chindra, dirigeant du Mouvement populaire mahorais (MPM) et 1er adjoint au maire de Mamoudzou et la Guyanaise Christine Gahaly. Sa compatriote Christiane Taubira-Delannon, bien que candidate en Île-de-France, préside le comité de soutien de la liste “Alliance pour l’Outre-mer”, dans lequel figurent d’importantes têtes politiques des Antilles et diverses personnalités de renom. La plus en vue est le grand poète martiniquais Aimé Césaire, qui a accepté de sortir de sa retraite politique pour recevoir la présidence d’honneur du comité de soutien, auquel il apporte son aura de "poète de l’universelle fraternité". Né en Martinique en 1913, il a publié ses premiers ouvrages dans les années trente et est entré en politique en 1945, lorsqu’il a été élu à la mairie de Fort-de-France, puis à la députation. Il a mené pendant plusieurs décennies une double carrière d’homme politique et d’écrivain, publiant son dernier ouvrage au début des années quatre-vingt.
"Le miracle d’une parole entendue par tous, quelle joie" ! Sa belle apostrophe, mise en exergue de l’exposition que l’UNESCO lui a récemment consacré, résonne comme un appel à porter loin, dans ces circonstances, la parole des ultramarins.

P. David


Soutien du Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais

Dans un communiqué diffusé hier, le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, fort de 10.000 membres, réaffirme son soutien à la liste de l’Alliance pour l’Outre-mer conduite par Paul Vergès. Le collectif souligne qu’"alors que le PS se veut un parti démocratique faisant voter ses militants sur les candidatures aux diverses élections, il se permet de nier le choix, libre et éclairé, de ses adhérents lorsque ceux-ci sont ultramarins !". En effet, rappelle le Collectif, "alors que les militants PS de l’outre-mer avaient majoritairement refusé le choix présenté par la direction parisienne du PS pour la liste socialiste aux élections européennes outre-mer, les éléphants de la rue de Solférino ont piétiné le vote de l’outre-mer en maintenant malgré tout son choix !".
Le 7 mai dernier, "les militants socialistes d’Outre-Mer ont voté massivement pour une liste alternative d’union conduite par Axel Urgin (PS) comprenant Marie-Claude Djibaou, Christiane Taubira", précise le communiqué, soulignant que "la liste présentée par le Bureau national du PS conduite par M. Fruteau a été massivement rejetée en voix et en fédération : 58,06% (1091 voix) de non contre 41,09% (774 voix) de oui", par "5 fédérations sur 7".
Le Collectif rappelle également que les trois députés socialistes d’Outre-mer, "MM. Lurel, Manscour, Payet ont réagi vigoureusement et sommé courageusement leur parti de respecter l’Outre-mer".
"Parce qu’aucune des justes revendications portées par le Collectif n’aboutira tant que l’outre-mer ne sera pas, au minimum, respecté, il faut désormais donner une leçon à ceux qui méprisent le vote des ultramarins", poursuit le communiqué.
"Le Collectif appelle les militants et sympathisants socialistes d’outre-mer à préférer la liste Alliance conduite par Paul Vergès (Parti communiste réunionnais : président de la Région Réunion), Madeleine de Grand-Maison (Parti Progressiste martiniquais), Paul Naprix (vice-président de la région Guadeloupe, GUSR, proche de Victorin Lurel)". "Pour se faire respecter, pas une voix ne doit aller à ceux qui méprisent l’Outre-mer", conclut le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus