Sommet du G20 :

Pas de remise en cause du système économique mondial

17 novembre 2008, par Risham Badroudine

Les chefs d’Etat et de gouvernement des grands pays industrialisés et émergents du G20 ont posé samedi le principe d’une régulation des marchés financiers sur une base nationale, écartant l’idée un moment évoquée d’un “super gendarme” de la finance mondiale. Ce Sommet fera du moins date par le fait qu’il ait donné la parole à des puissances économiques émergentes. Mais les résultats de la rencontre restent très mitigés. Certes le G20 a énuméré une série d’actions pour empêcher l’économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, mais ceux qui avaient suggéré que cette réunion puisse déboucher sur une « refonte » complète du système économique mondial se sont trompés.

« La régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux qui constituent la première ligne de défense contre les instabilités des marchés », ont-ils souligné dans leur communiqué final. Pour prendre en compte le fait que les marchés financiers sont désormais « d’envergure mondiale », le G20 a préconisé à l’issue de ses travaux « d’intensifier la coopération internationale entre régulateurs, de renforcer les normes internationales (...) et de veiller à leur application uniforme ».

Parole aux pays émergents
Ce Sommet fera du moins date par le fait qu’il ait donné la parole à des puissances économiques émergentes comme la Chine et l’Inde ainsi qu’à des pays en voie de développement, au lieu de s’en tenir aux habituels membres du G7 ou du G8 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et Russie). Le Groupe des Vingt représente 90% du Produit intérieur brut (PIB) mondial, 80% du commerce et deux tiers de la population de la planète. Peut-être ce G20 (21 car l’Espagne et les Pays-Bas se sont glissés dans la délégation européenne) inaugure-t-il un nouveau format plus représentatif du monde dans les grands dossiers économiques.
Renforcer la coopération internationale
Les dirigeants de la planète se sont engagés à coopérer davantage entre eux, à mieux surveiller les signaux d’alerte de l’économie et à accorder un rôle plus important aux pays émergents. « Il n’y aura pas de zone d’ombre. Il y a une grande volonté commune pour s’assurer qu’une telle crise ne se répète pas », a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel.
Pas de refonte du système économique mondial
Le G20 a en outre énuméré une série d’actions pour empêcher l’économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, prônant notamment l’utilisation de « mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides ». Mais ceux qui avaient suggéré que cette réunion puisse déboucher sur une « refonte » complète du système économique mondial devront attendre un tour. « Cette crise n’est pas l’échec de l’économie de marché, et la réponse n’est pas de réinventer le système », avait mis en garde le Président George Bush avant d’accueillir ses invités pour ce qui sera sans doute le dernier événement international de sa présidence.

« Ce que nous voulons, c’est que vous régliez vous-mêmes vos propres économies », Lula

Au-delà d’une certaine différence d’approche entre Européens et Américains, la réunion de Washington a semblé consacrer l’entrée par la grande porte des économies émergentes, laissées jusqu’ici à l’écart du G8.
C’est le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui s’est montré le plus mordant, notant que les pays comme le sien étaient « infectés par des problèmes » sur lesquels ils n’avaient aucune prise. « Nous ne vous demandons pas de l’assistance, nous ne demandons pas que vous nous donniez des fonds. Ce que nous voulons, c’est que vous régliez vous-mêmes vos propres économies. La meilleure chose que vous puissiez faire pour nous, c’est de renouer avec la croissance », aurait assuré le président brésilien, selon des comptes-rendus de la réunion.
Les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 s’en sont largement tenus, à Washington, à des déclarations de principe. Ils s’en sont remis à leurs ministres des Finances pour mettre au point des mesures concrètes avant le 31 mars 2009, notamment en matière de régulation des marchés financiers.

Risham Badroudine


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