Une inquiétante augmentation de la pauvreté selon les chiffres de la Banque mondiale

Plus de 50% de la population vit avec moins d’un dollar par jour

8 janvier 2008

L’opposant Odinga, ancien étudiant en Allemagne de l’Est, se définit comme un défenseur des plus démunis dans un pays où la croissance économique - la plus forte de l’Afrique orientale (5,5% en 2006) - s’accompagne d’une inquiétante augmentation de la pauvreté. Plus de 50% de la population vivent avec moins de 1 dollar par jour, selon les chiffres de la Banque mondiale. Dans les campagnes, seules les fermes agricoles industrielles fleurissent, tandis que, comme le témoigne James Wanyeki enseignant dans une université de Nairobi, « la majorité des pêcheurs et des agriculteurs ne parviennent plus à vivre de leur travail, concurrencés par les exploitations plus modernes ». Beaucoup de ruraux vont travailler une grande partie de l’année dans les grandes villes et s’installent dans les bidonvilles. Kibera, que représente au Parlement le leader de l’opposition Railla Odinga depuis plusieurs années, concentre toutes difficultés du Kenya moderne, selon l’enseignant, qui rappelle que « près de 70% des 3 millions d’habitants que compte Nairobi habitent les bidonvilles ». Le Kenya, qui ne dispose pas de richesses minières de certaines puissances africaines, tire sa force économique dans les services, le commerce international et le tourisme. « Mais les revenus nationaux ne sont pas investis par les services publics correctement », d’après James Wanyeki. « Pour beaucoup de Kenyans, le principal moyen d’en profiter reste les réseaux politiques, raison pour laquelle les revendications sociales s’expriment d’une façon tendue lors des élections ». Les partisans de l’opposition kenyane accusent le président Kibaki de ne pas avoir pu stopper la corruption - Tansparency International classe le Kenya parmi les mauvais élèves depuis des décennies -, et de ne pas se soucier des problèmes des plus pauvres. Ceux-là qui, en 2002, l’avaient soutenu pour changer un régime clientéliste vieux de près de quarante ans. Aussi, « pour les non-kikuyu des bidonvilles, puisque les leviers du commerce et de l’administration sont tenus par les membres de l’ethnie du président, les frustrations se focalisent facilement sur la question ethnique. Mais seulement en cas de crise », note Wanyeki.

E. C. M.


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