Négociations depuis mardi à N’Djamena au Tchad

Pourparlers sur le Darfour : le volet politique

23 avril 2004

Les pourparlers inter soudanais sur le Darfour, qui ont repris formellement mardi soir à N’Djamena, au Tchad, en présence des seuls médiateurs tchadiens, se focaliseront sur le volet politique après un rapide examen des conditions d’application du cessez-le-feu humanitaire du 8 avril dernier.
Le ministre tchadien des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Nagoum Yamassoum, en ouvrant la seconde phase de ces négociations, a annoncé que les parties vont négocier "le règlement définitif de leur conflit et discuter des solutions pour un règlement global". La médiation tchadienne n’avait pas pu concilier, en décembre dernier, les vues des rebelles et du gouvernement soudanais. Elle avait notamment butté sur les revendications des rebelles du Mouvement pour la libération du Soudan (MLS), le seul groupe rebelle à négocier alors avec Khartoum.
Mardi soir, la délégation gouvernementale soudanaise a exprimé sa disponibilité à discuter franchement des problèmes du Darfour. Selon les observateurs, il n’est exclu que les deux groupes rebelles restent sur leurs exigences antérieures ou ajoutent d’autres pour prendre en compte celles du Mouvement pour l’égalité et la justice (MJE). L’autonomie du Darfour, le partage des revenus pétroliers dont une part de près de 13% pour cette région sont, entre autres, les deux points essentiels des exigences posées par le MLS en décembre 2003.
Avant de discuter des questions politiques lors de ce deuxième round, les belligérants devront communiquer les noms de leurs représentants pour la Commission de surveillance du cessez-le-feu humanitaire signé le 8 avril dernier au terme du premier round. Il s’agit notamment de clarifier les conditions de son application sur le terrain pour s’assurer que les populations jouissent de l’accès aux secours humanitaires et de la sécurité.
Le ministre Yamassoum a indiqué qu’il y a un mieux sur le terrain, mais les rebelles dénoncent la violation du cessez-le-feu. Un porte-parole rebelle a fait état de l’attaque et de l’incendie, lundi, d’une dizaine de villages du Darfour par les Djandjawids, milices arabes, qui ont fait 35 tués. "La situation humanitaire au Darfour est des plus dégradées, les vivres et les médicaments n’y arrivent pas", a-t-il précisé. Une délégation de l’Union africaine (UA) est attendue à N’Djamena pour aider la médiation tchadienne.


Washington doit soutenir les négociations de paix au lieu de menacer

Les autorités de Khartoum semblaient inquiètes en prévision de l’évaluation périodique par Washington du climat politique au Soudan portant essentiellement sur les négociations de paix entre le gouvernement et le l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA, rébellion).
Au début de ce mois d’avril, le Département d’État américain avait donné au gouvernement soudanais et au SPLA jusqu’au 21 avril pour passer un accord ou faire face à des sanctions. Dans le cadre de la Loi américaine de 2001 sur l’accord de paix au Soudan, le gouvernement du président George W. Bush procède à une évaluation semestrielle des efforts de paix des belligérants au Soudan où la guerre dure depuis 20 ans. Ce mercredi 22 avril était la date prévue pour la nouvelle évaluation périodique. Dans le cadre de la Loi sur l’accord de paix soudanais, Washington peut imposer un embargo militaire au gouvernement soudanais et limiter l’accès de Khartoum au crédit et aux recettes pétrolières s’il est établi que le gouvernement a posé des obstacles à la résolution pacifique de ce conflit.
"Le dernier rapport de cette évaluation devrait attaquer le gouvernement (de Khartoum) concernant les développements au Darfour", a révélé le ministre soudanais des Affaires étrangères Moustafa Osman Ismail, au cours d’un point de presse à Khartoum. "Nous espérons obtenir six mois de plus", a indiqué M. Ismail, en invitant le gouvernement américain à aider les parties aux négociations à trouver un accord de paix final au lieu de menacer le Soudan de sanctions.
M. Ismail a souligné que Khartoum fera tout pour une amélioration de la situation au Darfour, en promettant que "le gouvernement ne referait aucune des erreurs commises par le passé au Darfour".


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