Les lecteurs de « Témoignages » doivent réfléchir sur cette phrase : « Qu’a gagné le peuple américain 50 ans après l’ouverture du dialogue avec la Chine ? ». Ce propos est violent et sans nuance. Cela s’adresse d’abord à ses amis de cordée. Il laisse entendre qu’il est (désormais) illusoire de continuer comme avant : vouloir collectionner de bonnes notes pour devenir premier de la classe ou bien pour devenir le plus riche.

Cette phrase est tirée du discours du secrétaire d’État de Trump, Mike Pompéo, ancien directeur de la CIA, prononcé le 23 juillet 2020, à la Bibliothèque Présidentielle, au Musée Richard Nixon. Le lieu choisi est important, car c’est Richard Nixon qui a rencontré Mao, le 21 février 1972. Il y a 50 ans cette année 2022. Il s’excusera devant la famille Nixon, présente dans la salle, de devoir dézinguer le bilan du patriarche. Pompéo laisse entendre que Nixon est parti d’un bon sentiment, mais ce sont les Chinois qui ont trahi sa générosité. La nouvelle doctrine est contenue dans le titre de son exposé sans concession : « Le Parti communiste Chinois et l’avenir du monde libre ».

Tous les communistes doivent connaître ce texte, car il justifie une politique de guerre, pour de longues années. C’est notre document de référence. Nous l’avons fait connaître au public réunionnais à la Conférence du 30 octobre 2021, à Saint Denis, tenue sous le thème : « La politique étrangère américaine », avec les contributions des professeurs Julien Baddour, Bruno Guigue et Salim Lamrani, tous des spécialistes de politique internationale. On peut trouver sur Youtubeles exposés de nos amis ainsi que les échanges avec le public

Si les médias présentent la Chine comme le méchant et la Russie comme l’ogre, nous avons le devoir d’éclairer par des exemples que le déclassement des États-Unis et l’Occident collectif développent une démarche guerrière. Le plus démonstratif, c’est la politique des États-Unis contre Cuba, une population de 12 millions d’habitants, située à 150 kilomètres des côtes américaines. Pourquoi le blocus de 60 ans contre ce voisin alors qu’une partie de son territoire est occupée par la base militaire US à Guantanamo ? Pire, le 12 janvier 2021, dix jours avant de quitter le pouvoir, Mike Pompéo fait classer Cuba sur la liste des « États terroristes ». Ce qui ouvre la voie jusqu’à l’assassinat de leurs dirigeants sur simple décision arbitraire.

Or, durant l’année 2020, plusieurs brigades de médecins cubains sont intervenues en Europe et dans le monde, au plus fort de la pandémie de COVID-19. Le plus courageux des actes de solidarités cubains restera probablement l’accueil, à la Havane, du bateau de croisière britannique, MS Braemar que même les États-Unis ont refusé de sauver car les passagers étaient contaminés au coronavirus. Dans une gouvernance normale du monde, Cuba aurait mérité un Prix Nobel pour son courage envers les autres, sans distinction idéologique.

Au contraire, Cuba n’a pas pu se procurer la matière première utile pour préparer des vaccins dont le monde avait besoin. C’est un geste très grave contre un peuple souverain. Aussi, le 23 juin 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté la fin du blocus par 184 voix. Seuls 2 représentants ont voté contre la résolution : les États-Unis et Israël. Le « champion du monde libre » qui s’auto-proclame « démocratique » se moque d’un vote démocratique qui le sanctionne à la quasi-unanimité.

Il en est de Cuba comme de la Chine. Ce sont des peuples imbus de leur souveraineté, dirigés, de surcroît, par un parti communiste. Autant d’expériences modernes qui dérangent les dominants.

Nous ferons un autre article pour montrer la détermination guerrière des États-Unis pour garder son leadership, un pour rappeler la puissance chinoise avant la colonisation, un pour expliquer le contexte préparatoire au 20e Congrès du PCC qui se tiendra en novembre.

Nos références :
- le texte de l’intervention de Pompéo, en 2020 ;
- le discours de Xi à Davos, en janvier 2017 ;
- le discours de Xi lors du centenaire du PCC, le 1er juillet 2021, qui a été suivi par la rencontre du PCC avec les partis et organisations politiques du monde.

Ary Yee Chong Tchi Kan