Référendum

Premières polémiques

10 mars 2005

Les tenants du “non” protestent contre des règles de financement et les moyens accordés pour la campagne qui favorisent les grands partis. Lesquels sont pour le “oui”.

(page 4)

Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Dominique Baudis a jeté un pavé dans la mare en affirmant qu’il n’était pas prévu d’établir l’égalité entre le “oui” et le “non”, lors de la campagne officielle radiotélévisée. "Ce sont les urnes qui détermineront le résultat", a-t-il expliqué. Expression qui a suscité un tollé chez les tenants du “non”, le sénateur (PS) Jean-Luc Mélenchon estimant qu’il est "choquant de préjuger du résultat du scrutin". Le socialiste Henri Emmanuelli, la communiste Marie-George Buffet et le souverainiste Philippe de Villiers ont également fait part de leur protestation.
Si les propos du président du CSA peuvent paraître ambigus, ils traduisent la difficulté rencontrée à cette occasion.

Une seule campagne par parti

Se fondant sur l’article 4 de la Constitution - "Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage" - le Conseil prend ces derniers en compte, qu’ils soient ou non représentés au Parlement mais en fonction de leur poids électoral. Ce qui favorisera l’UMP, le PS et l’UDF, tous partisans du “oui”.
Cela donnera "près de deux heures pour le “oui” et à peine plus d’une demi-heure pour le “non”", selon le président du MPF. "La seule règle qui vaille, c’est 50% du temps de parole pour le “oui” et 50% pour le “non”", affirme Jean-Luc Mélenchon. Sauf que le CSA se doit de tenir compte de la représentativité des grands partis, à charge pour eux de faire place ou non à ceux qui ne suivent pas leur ligne. "Il n’y a qu’une campagne du parti socialiste", a déjà précisé François Hollande. Vu les votes entérinant le “oui” à l’UMP et à l’UDF, Nicolas Sarkozy et François Bayrou devraient en dire autant.

Comme les européennes ?

La même question se posera si un financement public de la campagne est instauré, ainsi que Jacques Chirac semble en admettre la nécessité. Il est impossible de calculer au nombre de voix obtenues, car comment distinguer le “non” de l’extrême-gauche de celui du Front national et encore moins de celui des dissidents dans les grands partis ? Comment tout autant dissocier le “oui” du PS de celui de l’UMP ou de l’UDF ?
Philippe de Villiers et François Hollande suggèrent de se référer aux dernières élections européennes. Ils en tireraient profit, puisque le MPF avait obtenu 8% des voix et le PS, 28%, tandis que l’UMP n’a recueilli que 16% des suffrages. Des partis non représentés au Parlement, comme le FN ou l’extrême-gauche, y gagneraient quelques moyens. Mais comme les grands partis n’entendent pas financer la campagne de ceux qui défendent le “non” en leur sein, il ne saurait y avoir d’équilibre entre les deux positions. Les débats sur l’équité et l’égalité en la matière ne vont pas manquer de se développer.


Constitution européenne

François Bayrou craint une victoire du "non"

Le président de l’UDF, François Bayrou, a estimé mercredi que "les raisons qui poussent à voter “non” (au Traité européen) sont des raisons nombreuses", mettant en garde les partisans du “oui”, qui ne font "pas assez campagne" pour assurer le succès du “oui” au référendum du 29 mai.
Interrogé sur Europe-1 au sujet d’une éventuelle victoire du “non”, François Bayrou a estimé qu’"on peut avoir cette crainte". "Il revient aux partisans du “oui” de faire campagne, ce qu’ils ne font pas assez jusqu’à maintenant", a-t-il mis en garde.
François Bayrou a affirmé que les enjeux de ce référendum sont "très importants". Il a expliqué que l’Europe est "indispensable pour l’avenir d’un pays comme la France" et que le Traité constitutionnel permet à l’Union européenne de donner "du pouvoir pour les citoyens en Europe". Pour cela, "il faut voter “oui”", a-t-il martelé.
Le président de l’UDF, qui a déjà prévu de faire des meetings avec le député européen, Daniel Cohn-Bendit (Verts), a répété son souhait de faire campagne "avec tous ceux qui sont pour le “oui” à la Constitution s’ils le souhaitent".

(Dépêche de l’Associated Press)


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