Comores

Quatre défis prioritaires pour l’archipel comorien

Cadre institutionnel, justice, pauvreté, démographie

21 août 2003

Les Comores devraient relever quatre défis majeurs pour espérer rester dans la course des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) auxquels ce pays a souscrit, selon la première version du rapport national sur le sujet validé lundi au palais du peuple à Moroni, au cours d’un atelier national.
Au premier rang de ces défis, figure la stabilisation du cadre institutionnel. Il n’y aura pas d’oeuvre de développement possible tant que les institutions ne seront pas opérationnelles, insiste le rapport, qui soutient qu’un échec dans ce domaine ouvre la voie au désordre et au chaos menaçant l’existence même du pays en tant qu’État nation. Depuis l’indépendance, les Comores ne sont jamais parvenues à mettre en place les institutions prévues par l’une des constitutions qu’elles se sont données, écrit le rapport, qui note que « la tourmente institutionnelle » actuelle n’est qu’un prolongement de cet état de fait.
Le deuxième défi, tout aussi important, est la remise à flot du l’institution judiciaire. Les auteurs du rapport croient savoir, en effet, que certains magistrats font l’objet de « forte présomption de partialité » autant qu’ils subissent « d’énormes pressions politiques ». Il en résulte que la vengeance privée est en train d’être érigée en « moyen de règlement des problèmes ». Au total, écrivent les auteurs du rapport, ces contre-performances de l’institution judiciaire nuisent gravement au développement économique du pays.
La mise en œuvre effective d’une stratégie de croissance économique et de réduction de la pauvreté est le troisième défi prioritaire identifié par les auteurs du rapport, réalisé avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Cette stratégie a d’ores et déjà été élaborée sur la base du consensus et suivant une approche participative en direction des communautés mais sa mise en œuvre exige une atmosphère apaisée entre les autorités de l’Union et les gouvernements des îles. Elle suppose aussi l’existence de relations de coopération avec le Fonds monétaire international (FMI), gage de confiance pour les autres partenaires au développement.
Le dernier défi relevé par le rapport est la maîtrise de la croissance démographique. Les Comores vivent avec un accroissement annuel de 2,7%. Relever le niveau de vie, assurer l’éducation primaire pour tous les enfants, lutter contre certaines maladies comme le paludisme ou le SIDA ou encore préserver de l’environnement sont des questions liées à la démographie.
Selon le rapport, les Comores ne pourront pas atteindre l’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici à l’horizon 2015. Pour y parvenir, elles auraient besoin d’une croissance de 2,9% du Produit intérieur brut (PIB) par habitant au cours de la période 1990-2015, alors que le taux de croissance par habitant était de moins 1,3% dans la période 1990-2001. Au cours de l’atelier, les participants ont par ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur la fuite des cerveaux qui vide le pays de précieuses ressources humaines dont il aurait pourtant besoin pour lancer son développement économique.

Consensus à la réunion de Pretoria
La réunion ministérielle à Pretoria, en Afrique du Sud, des pays de l’océan Indien et de la troïka de l’Union africaine sur la crise comorienne a pris fin le week-end dernier par un accord consensuel devant en principe autoriser la fin du blocage auquel est confronté l’Archipel des Comores depuis plus d’un an.
L’accord signé dans la capitale sud-africaine porte, selon le colonel Halidy Charif, très proche du président anjouanais, sur les épineuses questions relatives à la gestion des douanes, à la sécurité intérieure des îles et à l’application du budget consolidé 2003 concocté en décembre de l’année dernière avec le concours de la Banque mondiale et du FMI. L’air satisfait, les présidents des îles et leur délégation ont donc regagné Moroni dimanche en fin de soirée, ne cachant pas leur espoir de voir le processus de mise en place des institutions « se remettre en marche » comme a indiqué à la PANA Mohamed Saïd Fazul, le président de l’île autonome de Mohéli. Pour cette fois, a-t-il ajouté, « tout a bien marché », souhaitant que « rien ni personne ne vienne troubler encore le consensus obtenu ».
Le colonel Halidy Charif a ajouté que « le consensus approuvé et paraphé par tous est le fruit d’une volonté commune de toutes les parties, chacun de nous ayant fait les concessions nécessaires pour tourner la page de la crise ». Il a par ailleurs indiqué que Pretoria sera suivi d’une rencontre au sommet des présidents comoriens, sous les auspices du Sud-Africain Thabo Mbeki, pour entériner le plan de conduite de la transition, « préalable selon lui au déclenchement du processus électoral » des différentes assemblées. On rappelle que la dernière réunion de Pretoria tenue à la suite de celle de Moroni, à la mi-juillet, a achoppé sur les questions des douanes, du budget et de la sécurité.

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