Que reste-t-il du mouvement hongkongais ?

9 octobre 2014, par Céline Tabou

Alors que le mouvement des étudiants s’essouffle, certains irréductibles restent mobilisés dans les grandes artères de la ville. La majorité des manifestants ont quitté les lieux, sans avoir obtenu la moindre concession de la part des autorités locales, ni de Pékin, cependant des pourparlers seront entamés vendredi.

Pour beaucoup, la question est de savoir que va-t-il rester de ce mouvement populaire. Lun Zhang, maître de conférences en civilisation chinoise à l’université Cergy-Pontoise a expliqué au quotidien L’Express que « le mouvement actuel à Hong Kong a été préparé pendant un an et exprime une frustration accumulée pendant des dizaines d’années ».

La contestation restera

Pour ce dernier le mouvement ne peut pas être arrêté, car bien que l’occupation des lieux pourrait s’atténuer, « la protestation générale va certainement continuer ». En effet, lors de la rétrocession, les Britannique et les Chinois s’étaient accordés sur la mise en place d’« un pays, deux systèmes ».
Ainsi Hong Kong restait capitaliste dans un pays communiste et « les Hongkongais gouvernent Hong Kong ». Malgré les accords, la gouvernance hongkongaise n’a pas été réalisée. « Vous comprenez donc la frustration, la colère, le désespoir des populations. Cela ne disparaîtra pas facilement. La suite du mouvement dépend de la réaction de Pékin », a expliqué Lun Zhang.
Preuve d’un ancrage de la contestation, la mobilisation de ces derniers jours a été en « préparation depuis un an ! ». L’universitaire a expliqué qu’entre 1997 et 2012, le gouverneur de Hong Kong était élu par un comité de 800 puis 1.200 personnes. Les autorités chinoises ont décidé en août 2014 qu’en 2017, « le vote devrait être universel, mais la Chine veut que les candidats soient sélectionnés par un comité de 1.200 personnes ».
Voyant le système changer, « certains intellectuels démocrates militants annonçaient déjà de grandes manifestations si Pékin ne mettait pas en place une réforme démocratique. Quand les autorités chinoises ont annoncé leur idée d’un comité de sélection, en août 2014, ils ont mis leur menace à exécution. Ils ont donc eu le temps de décider de l’attitude à adopter face à la police. La non-violence est d’ailleurs la seule tactique efficace, car le gouvernement cherche un prétexte pour sévir ».

Un possible dialogue

D’après Radio Chine International, radio officielle du gouvernement chinois, « le gouvernement de Hong Kong va ouvrir un dialogue public avec la Fédération des étudiants ». D’après Lau Kong-wah, haut responsable du gouvernement hongkongais, les discussions porteront sur « la base d’un développement politique et sur la mise en œuvre de ces réformes politiques », une remarque faisant référence aux projets de réforme portant sur l’élection en 2017 du chef de l’exécutif de Hong Kong.
Pour le leader étudiant, Lester Shum, le but de cette rencontre sera de faire part de ce qu’ils ont à dire aux dirigeants gouvernementaux. Il a ajouté qu’il était « en colère et déçu » à l’idée que le champ des discussions soit limité. Ce dernier a assuré que les manifestations continueront « jusqu’à ce que des mesures concrètes soient élaborées entre le gouvernement et la population ».
Les manifestants exigent des élections « authentiquement démocratiques et refusent », comme cherche à l’imposer Pékin, « que le pouvoir en place filtre les candidatures ». Ils demandent aussi la démission du chef de l’exécutif hongkongais, Leung Chun-yin.


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