Quelles sont nos préoccupations principales ?

1er août 2008, par Roger Orlu

Les quelque 450 participants de plus de 40 pays à la conférence "L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité", tenue à La Réunion du 7 au 11 juillet 2008, ont adopté une déclaration finale, qui nous interpelle. En effet, ils « invitent toutes les parties prenantes des PTOM et RUP européens (les institutions de l’Union européenne, tous les États-membres de l’Union européenne et en particulier les gouvernements français, britannique, néerlandais, danois, espagnol et portugais, les autorités des RUP et des PTOM et les autres organisations concernées) à mettre en œuvre les recommandations en notant que les questions concernant la perte de biodiversité et le changement climatique ne peuvent être traitées efficacement que si le lien entre biodiversité et climat est reconnu, ce qui exige la participation des décideurs politiques, de la société civile, des scientifiques, du secteur privé et du public ». (1)

Ces « recommandations » feront-elles partie de nos préoccupations principales ? Allons-nous nous impliquer dans l’action pour laisser à nos enfants et aux générations futures un contexte vivable ? Qu’allons-nous faire personnellement et collectivement pour à la fois améliorer notre cadre de vie et lutter contre les pratiques des riches qui tuent chaque jour 30.000 enfants et menacent de faire disparaître l’humanité ?
Le problème n’est pas simple car ce que nous faisons est fortement conditionné par divers facteurs. Il y a ceux qui nous empêchent de nous consacrer à l’essentiel ; ceux auxquels nous choisissons de nous soumettre pour échapper à des tracas ; ou encore ceux que nous décidons librement de surmonter pour défendre de justes causes.

Ainsi, durant toute notre existence, chaque jour (et même chaque nuit, si nous souffrons d’insomnie et de troubles du sommeil), nous sommes confrontés à un certain nombre de contraintes et de difficultés, liées à nos besoins pour vivre et à nos conditions de vie.
Ce sont des besoins physiques (manger, boire, se soigner...) et des besoins relationnels, en fonction de notre vie personnelle, en famille, en société (besoins de s’instruire, de travailler, de se distraire, de s’exprimer, tâches à effectuer, comptes à rendre...).
Il y a également des habitudes et des mœurs, qui créent parfois des dépendances et donc d’autres formes d’obligations ou de soumissions. Toutes ces contraintes et difficultés sont souvent accompagnées de souffrances (voir par exemple les oppressions dont sont victimes beaucoup de personnes, les douleurs de malades victimes d’addictologies, de souffrances mentales, privées de droits élémentaires et de projet de vie).

En dehors du temps consacré durant notre existence à tenter de satisfaire ces besoins indispensables, à essayer de répondre à ces contraintes et de surmonter ces difficultés incontournables, combien de temps nous reste-t-il pour vivre libre et solidaire des opprimés ? Pendant combien de temps pouvons-nous être une personne responsable, en étant un acteur indépendant de notre existence, un donneur autonome du sens à notre vie ? C’est un combat permanent.
En dehors du temps où nous devons nous livrer à des réflexions et à des actions déterminées par d’autres (avec ou sans notre consentement), combien de temps nous reste-t-il - ou décidons-nous de prendre - pour le consacrer en toute liberté à nos choix de vie ? D’une manière générale, cela en fait déjà assez peu, non ?

Finalement, si nous avons suffisamment de liberté ou de détermination pour penser et agir par nous-mêmes, quelle attention allons-nous porter à l’autre plutôt qu’à nous ? De fait, l’ego prend souvent le dessus.
En définitive, quel niveau de conscience sommes-nous capables de nous donner afin de trouver le temps, dans cette existence tourbillonnante, pour penser aux problèmes de l’humanité et à sa survie ? Quelles sont nos préoccupations principales tout au long de chacune de nos journées ? Nous arrive-t-il pas de prendre conscience qu’en luttant - avec les autres - contre les difficultés, nous donnons du sens à notre vie ?

 Roger Orlu 

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(1) Voir “Témoignages” du 12 juillet 2008.


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