Élection présidentielle en Équateur

Rafael Correa grand favori à sa succession

18 février 2013, par Céline Tabou

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes, le 17 février en Équateur où se déroulent les élections générales. Les sondages mettent l’actuel président socialiste Rafael Correa, en bonne place pour un nouveau mandat.

À la tête du pays depuis 2007, les 15 millions d’habitants devraient de nouveau élire Rafeael Correa, face à son principal rival, le banquier conservateur Guillermo Lasso. À l’occasion de ces élections, les Équatoriens doivent également désigner leurs représentants à l’Assemblée nationale, où le parti de l’actuel président, Alianza Pais, ne dispose que d’une majorité relative.

Un anti-libéralisme catholique

Le jour de l’élection, Rafael Correa a exhorté son peuple à choisir son "destin" en votant massivement aux élections générales. « Décidons de notre futur. Que ce soit une fête nationale, démocratique. Notre destin est entre nos mains », a-t-il déclaré en déposant son vote dans l’urne. Ce dirigeant socialiste est apprécié pour ses positions anti-néolibéralisme et sa ferveur catholique. Issu d’une famille modeste, il a été formé grâce à une bourse d’étude dans une université américaine, puis s’est forgé une réputation par son attitude intransigeante. Sa côte de popularité a fait un bond lorsqu’il a octroyé l’asile dans son ambassade à Londres au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, rendu célèbre pour avoir révélé les secrets de la diplomatie américaine.
Pour le politologue, José Julio Cisneros, cité par “La Croix”, Rafael Correa : « Je crois que l’Équatorien moyen ne veut pas de changement brutal. Les hommes d’affaires font de bonnes affaires avec le gouvernement. Les plus pauvres ont des subventions. Pourquoi changer ? ». En effet, le président a pu profiter, depuis six ans, de plus de 100 milliards d’euros, issus du pétrole cher, des crédits et des impôts, de la renégociation de la dette extérieure et des contrats pétroliers. Ce dernier « a reçu plus d’argent que tous les présidents précédents. Il aurait été difficile de ne rien faire », a expliqué l’économiste Bernardo Acosta.
En tête à la présidentielle, son parti, Alianza Pais, reste à la traine après la démission de nombreux députés déçus par le président. À l’instar de Maria Paula Romo, qui a condamné la décision de Rafael Corea de prendre le contrôle de la fonction judiciaire pendant trois ans pour la réformer en profondeur.

Refonder la société équatorienne

Les recettes de l’État se sont ainsi accrues quand il a imposé en 2010 aux compagnies pétrolières un nouveau type de contrat qui lui réserve 80% de la rente contre 18% auparavant.
Cette mesure aurait selon le gouvernement permis d’éviter la sortie de 2,5 milliards de dollars. « Cela a permis de doubler les dépenses publiques de 25 à près de 50% du PIB en six ans, mais sans opérer de changements structurels pour l’appareil de production », a indiqué à l’AFP Jaime Carrera, directeur de l’Observatoire de la politique fiscale.
Dans un État où près de 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, le prochain élu devra trouver les moyens de réduire ce taux bien que celui ait été réduit de 16% selon le gouvernement. Parmi les mesures qu’il a entreprises à son arrivée au pouvoir, certaines comme les constructions de routes, d’écoles ou d’hôpitaux ont convaincu nombre d’Équatoriens de le réélire en 2009 après l’adoption d’une Constitution d’inspiration socialiste.
Pour le conservateur, Guillermo Lasso, l’important est de baisser les impôts et relancer l’activité du secteur privé pour relancer la croissance du pays. Ce dernier est soutenu par les milieux d’affaires qui reprochent à Rafael Correa de « faire fuir les capitaux et gonfler la dépense publique », de son côté l’actuel président est « en guerre avec les groupes privés de communication », a indiqué l’Agence France Presse.
En dépit de grands projets comme des travaux d’infrastructures et des programmes sociaux, dans les secteurs de la santé et de l’éducation, le chômage reste important, 5% et le taux de sous-emploi sont de 40% en décembre 2012, selon des chiffres officiels.

Céline Tabou


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