
C’était un 30 juin
30 juin, par1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
11 mai 2005
(page 4)
o Daniel Lallemand
Le “non” au référendum sera un coup d’arrêt porté à la politique ultralibérale
Ce que signifie "la concurrence libre et non faussée", inscrite dans le projet de Constitution européenne, les Français commencent tout juste à s’en rendre compte. Fermetures d’usines, délocalisations d’entreprises, accroissement du chômage... Le bulldozer ultralibéral est en marche. Mais nous n’en sommes qu’au début.
Les Allemands, eux, ont déjà pris le choc. Parce qu’ils sont directement à la frontière des dix pays d’Europe de l’Est qui, en 2004, ont adhéré à l’Union européenne. Déjà depuis 1989, depuis la chute du “rideau de fer”, des centaines de milliers de travailleurs polonais, tchèques, slovaques, roumains sont entrés clandestinement en Allemagne. Des centaines de milliers d’autres arrivent depuis l’an dernier en toute légalité, car ils sont devenus citoyens européens.
Or ces travailleurs connaissent chez eux un niveau de vie tellement bas que, même en acceptant de travailler pour des salaires 2 à 3 fois inférieurs à ceux des travailleurs allemands, ils améliorent considérablement leurs conditions d’existence.
Quelle aubaine pour les patrons allemands. Ils accueillent avec joie ces travailleurs immigrés qui, de surcroît, sont supérieurement formés. Certains patrons font mieux, ils démontent carrément leurs usines et vont les remonter en Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie...
Résultat ? De 1991 à 2005, le nombre des actifs occupés dans le secteur productif allemand est passé de 14 millions à 10 millions 300.000. À l’inverse, le nombre de chômeurs est passé, lui, de 2 millions 600.000 en 1991 à 5 millions 200.000 en 2005.
Ne croyez pas cependant que la situation en Allemagne soit catastrophique pour tout le monde. Les salaires des cadres supérieurs et des PDG n’ont jamais été aussi élevés. Quant aux bénéfices réalisés par les entreprises, ils explosent. Comme l’écrit l’hebdomadaire allemand “Der Spiegel” du 25 avril, "si les travailleurs allemands sont les perdants, les grands trusts sont les gagnants de la globalisation".
Le Parti social-démocrate allemand, l’équivalent du Parti socialiste français, est au pouvoir depuis plus de cinq ans. Il a vaillamment pratiqué ces dernières années une politique favorable à la globalisation et à la libre concurrence non faussée. Il a perdu de ce fait plus d’un million d’adhérents et les régions qu’il contrôlait tombent les unes après les autres entre les mains de la droite. Du coup, ses dirigeants s’efforcent, mais un peu tard, de redresser la barre.
Les Français ont une chance que les Allemands n’ont pas. Ils sont consultés, eux, par référendum. Ils ont donc la possibilité que les Allemands n’ont pas, de dire par leur bulletin de vote ce qu’ils pensent de la globalisation et de la “libre concurrence non faussée”. Il faut qu’à la question posée par Jacques Chirac et J.-P. Raffarin, leur réponse soit un “non” massif et marque un coup d’arrêt décisif à la politique ultralibérale dans laquelle nos dirigeants veulent nous entraîner.
Daniel Lallemand
o Joël Grouffaud
La fille de 1789 était prématurée
"Nul ne peut être privé de sa liberté, sauf s’il s’agit de la détention régulière d’une personne susceptible de propager une maladie contagieuse, d’un aliéné, d’un alcoolique, d’un toxicomane ou d’un vagabond".
Cette citation n’est pas extraite de la Constitution chilienne ou chinoise, mais de la Constitution européenne qu’on nous demande d’approuver par référendum. Pour trouver cette perle, il faut fouiller les annexes (page 172), dans les explications relatives à la Charte des droits fondamentaux. Et plus précisément dans les explications de l’article 66, qui assure plus sobrement que "toute personne a droit à la liberté et à la sûreté" (page 22). Ces explications, qui font partie intégrante du traité, recèlent quelques morceaux choisis qui font froid dans le dos.
L’article 62 de la Constitution stipule que "nul ne peut être condamné à mort ni exécuté" mais l’annexe (page 170) explique que "la mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument nécessaire :
b) pour effectuer une arrestation régulière ou pour empêcher l’évasion d’une personne régulièrement détenue ;
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection"
L’article 72 garantit le "droit à la liberté d’association à tous les niveaux, notamment dans les domaines politique, syndical et civique" mais l’annexe (pages 173 et 174) précise que "le présent article n’interdit pas que des restrictions légitimes soient imposées à l’exercice de ces droits par les membres des forces armées, de la police ou de l’administration de l’État".
Ainsi cette Constitution légitime pêle-mêle, les arrêtés anti-mendicité pris par les maires d’extrême droite ou de droite-extrême, les bavures policières, les “totochements” musclés en fin de manifestation (les lycéens savent de quoi je parle) ou toutes les entraves à l’exercice du droit syndical qui se développent depuis quelques années. Ce qui est somme toute logique : chaque fois que les libertés économiques progressent, les libertés civiques régressent.
Chirac, qui ne craint pas le ridicule, a affirmé que cette Constitution est la "fille de 1789". Ce qui est grotesque, à moins qu’il n’ait voulu dire qu’elle est née le 13 juillet 1789, c’est-à-dire sous un régime qui a provoqué, le lendemain, la prise de la Bastille.
On m’a dit qu’il y a un “oui” de gauche. Je cherche à comprendre...
Joël Grouffaud
o Libres propos d’un chef d’entreprise
"Je suis pour l’Europe, mais pas celle-là..."
Présent à la mairie de Petite-Île, dont il est résident, le jour de la visite d’Henri Emmanuelli dans le Sud de La Réunion, M. E.R est le directeur régional, pour Maurice et La Réunion, d’une filiale d’un grand groupe dont un des métiers est le traitement des eaux.
Il était venu écouter l’ancien ministre, avec lequel il avait eu l’occasion de travailler au traitement et à l’utilisation énergétique des vases lacustres dans le Sud-Ouest de la France il y a une vingtaine d’années. Il nous a livré le point de vue d’un cadre de multinationale sur la Constitution européenne.
"Ce n’est plus une histoire de gauche ou de droite, à ce stade", nous a-t-il dit d’abord, en guise de commentaire général aux propos de campagne tenus par l’ancien ministre de l’Outre-mer, auquel il trouve "de la cohérence". "Depuis une vingtaine d’années, il est resté cohérent dans ses choix", estime ce chef d’entreprise.
Vu de son milieu, ce qui l’inquiète est la dégradation générale du tissu économique, dans un peu tous les domaines. "Les chefs d’entreprises n’osent pas s’exprimer, parce qu’ils craignent des mesures de rétorsion, au niveau des marchés etc... Mais, comme l’a dit Henri Emmanuelli, je vois moi aussi beaucoup de chefs d’entreprises qui votent “non” à ce référendum. C’est un problème de survie de la France dans le contexte mondial".
La dégradation et le moins-disant social, c’est aussi ce qui frappe prioritairement les jeunes : sa fille, par exemple, "titulaire d’un DEA de Droit, très bien notée, appréciée partout... et caissière dans la première surface commerciale qui s’est présentée, pour pouvoir financer ses études".
Ou encore un frère chauffeur-routier "au chômage depuis que son entreprise s’est délocalisée en Pologne". En effet, l’Europe préfère employer à l’international des routiers originaires des pays de l’Est payés 200 euros (1.300 francs), quand les routiers français qui travaillaient sur ces lignes il y a quelques années pouvaient gagner 10.000 à 12.000 francs.
"Je suis pour l’Europe, mais pas celle-là", poursuit-il. Quant à ce qu’il connaît maintenant des relations de concurrence entre La Réunion et Maurice, ce n’est guère plus encourageant. "Si on abat les frontières, plus personne ne travaillera à La Réunion dans quelques années", conclut-il.
Propos recueillis par P. David
o Jacques Nikonoff, président d’ATTAC
Demain, si le “oui” l’emporte, ce sera pire
Si le “oui” l’emporte le 29 mai, l’Union européenne s’enfoncera plus encore dans une crise dont on a peine à imaginer l’ampleur. Le parti du “oui” et son chef, Jacques Chirac, agitent la menace du “chaos” ou d’un “cataclysme” en cas de victoire du “non” qui a un certain effet sur des électeurs. Pourtant, en vérité, le scénario catastrophe est celui de la victoire du “oui” !
À l’échelle européenne, le chômage restera bloqué aux alentours de 10%, et ceci de manière illimitée comme c’est le cas depuis 20 ans. Les services publics continueront à être démantelés. L’allongement de la durée de cotisation pour les retraites se poursuivra avec la mise en place de fonds de pension. L’assurance-maladie et l’éducation basculeront progressivement vers le privé. La directive sur le temps de travail s’appliquera, repoussant la durée hebdomadaire du travail à soixante-cinq heures. Les conflits commerciaux se multiplieront avec le reste du monde, comme aujourd’hui avec la Chine.
Mais il y a plus. Le terreau sur lequel prospèrent le populisme et l’extrême droite sera renforcé de façon inimaginable. Nous savons qu’avec la Constitution européenne, les délocalisations vont s’accélérer. Elles concerneront les pays les plus développés de l’Union au “bénéfice” des moins développés, principalement les pays de l’ancienne zone soviétique. La directive Bolkestein sortira de son placard et s’appliquera sans tarder, démantelant un peu plus encore le droit du travail et aggravant la concurrence entre les travailleurs des pays développés et peu développés de l’Union. (...) Demain, si le “oui” l’emporte, ce sera pire !
Ceux qui soutiennent cette Constitution prennent une responsabilité dont beaucoup n’ont pas conscience. Les dirigeants de l’Union ont fait miroiter aux nouveaux pays entrants qu’ils pourront bénéficier de fonds comme en Espagne, Grèce et Portugal après la dictature. Mais c’est totalement faux ! Les nouveaux pays entrants n’auront rien ou très peu ! À l’initiative de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, le budget de l’Union risque d’être inférieur à 25 que ce qu’il était à 15 ! Certains des nouveaux pays entrants l’ont compris. Livrés à eux-mêmes, privés de solidarité, connaissant une situation tragique, ils n’ont d’autre recours que de faire valoir leurs “avantages compétitifs” : une main-d’œuvre ouvrière de qualité ; le dumping fiscal et social. “Non”, “non” et “non” !
Jacques Nikonoff
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