Droits humains

Réaffirmer le combat contre les injustices

Lancement de l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et son abolition

12 janvier 2004

Plusieurs milliers de personnes ont assisté samedi au lancement officiel de l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition à Cape Coast, un des lieux de mémoire de la traite négrière sur la côte du Golfe de Guinée.
« Cette commémoration n’est pas seulement un acte de solidarité historique avec les victimes d’une terrible injustice et avec ceux qui ont combattu pour leur liberté et leurs droits. C’est aussi un acte de réaffirmation du combat toujours en cours contre toutes les formes de racisme, de discrimination, de xénophobie, d’intolérance et d’injustice », a lancé le directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura. « Oublier les injustices et les luttes passées, c’est infliger de nouvelles blessures à ceux qui ont souffert auparavant ».
L’Année internationale est destinée à empêcher cela et à stimuler le souvenir. C’est dans cet esprit que 2004 a été choisie car elle correspond au 200ème anniversaire de la création de la première république noire, Haïti, et « symbolise le combat pour la liberté et contre l’injustice de l’esclavage et de la traite négrière », a conclu M. Matsuura, salué par des salves d’applaudissements et de tambours traditionnels.

Les actions de l’UNESCO
Au cours de l’année 2004, l’action de l’UNESCO sera articulée autour de trois grands axes : "Recherche scientifique", "Mémoire vivante" et "Rencontres et dialogue". Elle comprendra :

- des réunions scientifiques sur l’Histoire de l’esclavage, son impact sur les populations touchées par la traite, les conséquences de la traite négrière sur la diversité culturelle et le transfert de savoir, mais également sur l’esclavage contemporain et le racisme. Le 21 mars, Journée mondiale de lutte contre le racisme, l’UNESCO lancera le projet "Coalition internationale des villes unies contre le racisme", qui comprendra une série de séminaires et conférences régionales afin de définir un plan d’action de 10 points, pour lutter contre le racisme au niveau municipal ;

- des études scientifiques axées sur la préservation de documents et la numérisation de fonds documentaires, ainsi que la constitution de bases de données. À l’occasion du 15ème Congrès international des Archives (Vienne, Autriche, 23-29 août), une conférence internationale sur les archives de la traite négrière aura lieu dans le cadre du projet "Archives du commerce des esclaves" ;

- des créations de musées et de centres de recherche et d’interprétation sur l’esclavage et la traite négrière, comme celui prévu à l’île de Gorée (Sénégal), lieu de départ vers les Amériques de millions d’esclaves africains et aujourd’hui site du Patrimoine mondial ; et la restauration de monuments, comme la "Brazil House" à Accra, ou le Bois Caïman à Haïti, en vue d’établir des itinéraires touristiques de mémoire ;

- des expositions ;

- des concerts, comme celui, prévu à Paris, en juillet, de Gilberto Gil avec Cesaria Evora et Manu Dibango (à confirmer), dont la recette sera versée à l’UNESCO en faveur de projets relatifs à la réhabilitation des sites sur la Route de l’esclave ;

- des célébrations de figures de la lutte contre l’esclavage, comme Toussaint Louverture, Victor Schœlcher, Moreau de Saint-Mery ou Vicente Guerrero. Outre la création d’une médaille UNESCO Toussaint Louverture, l’UNESCO décernera cette année le Prix Toussaint Louverture de lutte contre la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance ;

- des rencontres, comme le 3ème congrès des écrivains africains, américains et caribéens, dont le thème prévu est "De l’abolition de l’esclavage à la lutte contre le colonialisme et à la place des Noirs à l’heure de la mondialisation" (date et lieux à déterminer). Le Smithsonian Festival du folklore, qui réunit tous les étés, à Washington, artisans, musiciens, cuisiniers, conteurs traditionnels, consacrera l’édition de cette année (du 23 juin au 4 juillet) - à laquelle s’associe l’UNESCO - à "Haïti : liberté et créativité".

L’UNESCO parraine, par ailleurs, le projet "Esclaves oubliés" du Groupe de recherche en archéologie navale (France). La découverte récente de l’épave de "L’Utile", un navire négrier travaillant pour le compte de la Compagnie française des Indes orientales qui a fait naufrage en 1761 sur l’île de Tromelin, est à l’origine de ce projet qui sera présenté à l’UNESCO en février 2004.


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