“Alon filozofé” ... !*

Reconnaissance

Billet philosophique

27 juillet 2007, par Roger Orlu

Dans le billet de cette semaine, j’ai envie de vous parler un peu d’un philosophe très intéressant, que j’ai seulement découvert il y a quelques mois, et d’un concept très riche que ce chercheur met en avant dans ses travaux. Le philosophe s’appelle Axel Honneth ; il est Allemand, âgé de 57 ans et dirige depuis 2001 l’Institut de recherche sociale de Francfort. Le concept qu’il défend avec force est celui de la reconnaissance et du respect de l’individu, face à des « sociétés du mépris » ; des sociétés qui ne cessent de porter atteinte à l’exigence fondamentale de reconnaissance, sans laquelle aucune vie bonne n’est possible.

Axel Honneth, auteur de plusieurs ouvrages disponibles en français : “La lutte pour la reconnaissance”, “La Société du mépris. Vers une nouvelle théorie critique”, “La Réification. Petit traité de théorie critique”.

Dans un entretien accordé au “Philosophie Magazine” de décembre 2006 - janvier 2007, Axel Honneth déclare : « À l’heure de la mondialisation, l’évolution prise par le capitalisme s’oriente de fait dans une direction où les conditions du respect et de l’estime de soi risquent d’être considérablement meurtries, que ce soit à travers les tendances à la marchandisation, à la destruction des relations privées ou à travers les exigences de performance qui pèsent sur chacun ».
Il analyse et dénonce la « réification » des humains par le capitalisme néolibéral. Le mot “réification” vient du latin “res” (chose) et “facere” (faire). Il signifie que ce système transforme les personnes en choses, en objets. La réification repose sur la non reconnaissance que nous devons tant aux autres qu’à nous-mêmes.
Axel Honneth décrit les formes concrètes et multiples du déni de reconnaissance, qui entraîne chaque jour des tragédies collectives et individuelles sur la Terre comme chez nous. On peut citer la précarisation croissante des contrats de travail, l’aggravation des inégalités sociales, les atteintes à notre cadre de vie, les violations de nos diversités culturelles, la marchandisation des sentiments et de l’intimité etc...

Certes, on peut se poser des questions sur le sens et la portée de cette démarche, dont l’auteur privilégie le côté éthique plutôt que social et politique. Selon lui, en effet, « il existe dans nos sociétés des déficiences découlant moins d’une violation des principes de justice que d’une atteinte concrète aux conditions de l’autoréalisation individuelle ». Cela peut se discuter.
Néanmoins, dans “Les Lettres françaises” de ce mois, on peut lire que « loin d’inviter au pessimisme ou à la résignation, les travaux d’Axel Honneth entendent précisément ne pas reculer devant ces difficultés. S’ils convergent vers une théorie générale de la reconnaissance, c’est pour mieux accompagner des luttes qui n’ont rien perdu de leur urgence ».
À La Réunion, nous en savons quelque chose. Quelle est la reconnaissance des droits des Réunionnais ? Le peuple réunionnais est-il reconnu en tant que tel ?

Roger Orlu

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