Le M.R.A. dit “non” au projet de traité actuel

Refuser cette Constitution par amour de l’Europe

26 mars 2005

À l’approche du référendum du 29 mai, le Mouvement La Réunion Autrement (MRA) se place dans le camp du “non”. Son président, Alain Armand, expliquait hier les bases précises qui ont amené son parti à se positionner contre l’adoption du Traité de Constitution européenne. Un “non” au Traité qui n’est pas un “non” pour l’Europe, bien au contraire. Ce référendum risque d’être un rendez-vous raté avec l’Histoire, qui n’aura pas réussi à graver la pérennité d’une Europe sociale. Un “non” qui selon le MRA est déjà acquis mais qu’il faut désormais traduire par le vote.

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Le MRA entre en campagne d’explication et va appeler les Réunionnais et les Réunionnaises a se prononcer pour le “non”. Un “non” acquis, selon les militants, mais qui doit se traduire par le vote le jour du référendum.
La première raison de ce choix porte une critique à la démarche de consultation "qui pèche par un manque de transparence et s’apparente à un déni de la démocratie". Pour Alain Armand, président du parti, ce Traité "manque d’audace et c’est un rendez-vous raté car il conforte un libéralisme déjà en œuvre. Il y a un manque de considération de La Réunion, de l’Outre-mer et des Régions ultra-périphériques, il n’apporte aucune réponse aux dangers réels qui guettent nos régions". La démarche de consultation s’apparente à un déni démocratique "parce que le texte est long, complexe, illisible, les citoyens n’ont aucun véritable accès à son contenu. La confusion règne, s’agit-il d’un Traité ? d’une Charte ? d’une Constitution ?" Le choix du jour de la fête des mères pour le vote ne semble pas non plus adapté ajoute les militants du MRA.

“Non” au modèle libéral

Le vote est important car ce texte n’est révisable qu’à l’unanimité des États et malheureusement "c’est un texte fondateur sans aucune perspective d’évolution". La deuxième raison pour laquelle le parti refuse de l’adopter est qu’il prend pour modèle le modèle économique et social libéral, sans aucun progrès social : "ce texte prépare un environnement propice pour un grand marché sans entraves au détriment des lois sociales et du progrès social. En plaçant l’économie libérale au centre, il exclut l’Homme du centre de l’économie. Nous disons “non” parce que nous ne voulons pas d’un texte qui appelle de tous ses vœux une Constitution qui assène le modèle d’une économie de marché en totale contradiction avec le progrès humain et le développement durable". Et le président se demande bien "comment des forces vives qui défendent le socialisme peuvent prétendre que ce Traité garantira un progrès social".

“Non” au flou sur l’emploi

Troisième raison : l’emploi. Le Traité veut "tendre" vers le plein emploi, le verbe induit que le Plein Emploi ne peut pas être un objectif possible. Pour Alain Armand, l’objectif est trop flou : "l’Europe aurait dû écrire le droit à un emploi pour tous. On aurait pu attendre d’un texte d’une telle importance de l’innovation économique sociale en faveur des populations".
Les principes dans la charte sont généraux, mais quelle est l’incidence réelle ? Le RMA répond qu’"une autre approche aurait pu dire : voilà les minima sociaux, les seuils... En laissant une telle liberté aux États, on se prive de toute législation commune, c’est la liberté pour la compétition économique". Le MRA déplore encore l’absence de modalité pratique et estime que les pays primo-arrivants ont besoin de progrès social, "il devrait s’agir de corriger les disparités pour une Europe sociale et non pas de niveler par le bas avec un Traité rouleau compresseur".
Rien ne rassure le parti sur le fait que l’intérêt général de l’Europe respecte la fragilité et le mal développement des RUP. L’intérêt pour les plus faibles n’est pas reconnu.
"Comment laisser croire que le “non” d’un projet d’un traité équivaut à un “non” de l’Europe. Au contraire, c’est parce qu’on croit à l’Europe qu’on veut un autre projet. Celui-ci ferme toute perspective, ignore le fonctionnement des petits pays insulaires", termine Alain Armand. Il a aussi fait part de ses inquiétudes dans le domaine de la culture. Le Traité précise mettre en valeur l’héritage culturel commun de l’Europe mais il ne dit pas si toute la diversité européenne sera reconnue.
Le MRA veut œuvrer pour "un front mobilisateur du “non”", un front commun qui travaillerait à fournir des explications, impulser une motivation pour aller voter surtout. Selon Alain Zaneguy, "le “non” est acquis. Il faut le traduire par le vote".

Eiffel


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