Regards de Fidel Castro sur les élections américaines - 2 -

16 février 2008

(...) McCain soutient la guerre en Iraq. Il croit que la menace que représentent l’Afghanistan, l’Iran et la Corée du Nord, et la croissance de la Russie et de la Chine obligent les Etats-Unis à consolider leur force de frappe. Il œuvrerait avec d’autres pays pour protéger la nation de l’extrémisme islamique et il resterait en Iraq jusqu’à la victoire.

Il reconnaît qu’il est important de maintenir de fortes relations avec le Mexique et d’autres pays latino-américains. Il est partisan de la politique agressive actuelle contre Cuba.

Il renforcera la sécurité à la frontière, non seulement pour les personnes à l’entrée et à la sortie, mais aussi pour les produits. Il estime que les immigrants doivent apprendre l’anglais, ainsi que l’histoire et la culture étasuniennes.

Il est en quête d’électeurs d’origine latino-américaine, dont la majorité, malheureusement, n’ont pas le droit de vote, sauf par exception, car ils craignent toujours qu’on les expulse, qu’on leur enlève leurs enfants ou qu’on les licencie. Plus de 500 continueront de mourir chaque année sur le mur du Texas. Il ne leur promet pas de “loi d’ajustement” à eux qui poursuivent « le rêve américain ».

Il soutient l’Acte de Bush « Qu’aucun enfant ne reste à la traîne ». Il est favorable à un financement accru par le gouvernement des bourses d’études et des prêts universitaires à faible intérêt.

A Cuba, nous offrons gratis à tout le monde des connaissances solides, une éducation artistique et le droit d’entrer à l’Université. Plus de 50.000 enfants présentant des difficultés reçoivent une éducation spéciale. L’informatique est enseignée massivement. Des centaines de milliers de personnes bien qualifiées s’y emploient. Mais il faut infliger un blocus à Cuba pour la libérer d’une telle tyrannie.

Comme tout candidat, il a sa « programmette » de gouvernement. Il promet de réduire la dépendance du pays des livraisons d’énergie provenant de l’étranger. Facile à dire, plus difficile à faire par les temps qui courent.
 Il est contre les subventions à la production d’éthanol. Magnifique ! J’ai précisément suggéré au Président brésilien, Luis Da Silva, d’exiger du gouvernement étasunien qu’il suspende les grosses subventions allouées au maïs et aux autres grains destinés à produire de l’éthanol à partir d’aliments. Mais ce n’est pas là ce qu’il se propose, au contraire : il veut exporter de l’éthanol étasunien pour faire concurrence au Brésil. Seuls ses conseillers et lui-même sauront comment faire, parce que l’éthanol de maïs étasunien ne pourra jamais concurrencer en coûts l’éthanol de canne à sucre brésilien, une matière première produite au prix de très durs efforts des travailleurs dont le sort, soit dit en passant, s’améliorerait sans les obstacles tarifaires et les subventions des Etats-Unis.

Le gouvernement étasunien a embarqué bien d’autres nations latino-américaines dans cette production d’éthanol de cannes. Que feront-ils face aux nouvelles décisions émanant du Nord ?

McCain ne pouvait manquer, bien sûr, de promettre d’assurer la qualité de l’eau et de l’air, d’utiliser dûment les espaces verts, de protéger les parcs nationaux qui ne sont plus qu’un souvenir de ce que fut un jour la belle nature de ce pays, victime des diktats implacables du marché. Mais il ne signera pas toutefois le Protocole de Kyoto.

On dirait les rêves d’un naufragé en pleine tempête.

Il réduirait les impôts aux familles de la classe moyenne, il maintiendrait la politique de Bush consistant à diminuer les impôts permanents et laisserait les taux à leur niveau actuel.

Il veut un meilleur contrôle des coûts de l’assurance-maladie. Il estime que les familles devraient avoir la leur à partir de l’argent de l’assurance. Il lancerait des campagnes de santé et de prévention. Il soutient le plan de Bush qui permet aux travailleurs de virer de l’argent des impôts de la Sécurité sociale sur les fonds de retraite privés.

La Sécurité sociale courrait le même sort que la Bourse.

Il est en faveur de la peine de mort, du renforcement et de l’augmentation des forces armées, de l’expansion des traités de libre-échange.


Maximes de McCain :


« Les choses sont difficiles aujourd’hui, mais nous sommes mieux qu’en 2000 » (janvier 2008).
 « Je suis féru en questions économiques ; j’ai participé à la révolution de Reagan » (janvier 2008).
 « Pour éviter la récession, il faut mettre un terme aux dépenses sans contrôle » (janvier 2008).
 « La perte de la force économique conduit à celle de la force militaire » (décembre 2007).
 « Les républicains ont oublié comment contrôler les dépenses » (novembre 2007).
 « Il faut sécuriser les frontières en établissant un programme de travailleurs visiteurs » (janvier 2008).
 « L’amnistie de 2003 ne signifie pas une récompense au comportement illégal » (janvier 2008).
 « Il faut ramasser les deux millions d’étrangers qui ont enfreint la loi et les déporter » (janvier 2008).
 « Il faut faire l’impossible pour aider tous les immigrants à apprendre l’anglais » (décembre 2007).
 « Pas d’anglais officiel : les Indiens étasuniens doivent utiliser leur propre langue » (janvier 2007).
 « Il nous faut des réformes migratoires pour garantir la sécurité nationale » (juin 2007).
 « Les positions bipartites sont un signe de capacité à être président » (mai 2007).
 « Il faut maintenir l’embargo et juger Castro » (décembre 2007).
 « Pas de relations diplomatiques, ni commerciales avec Cuba » (juillet 1998).
 « Il serait naïf d’exclure les armes nucléaires, d’exclure une attaque contre le Pakistan » (août 2007).
 « [La guerre d’Iraq] nous a fait nous détourner de notre continent et nous en payons le prix » (mars 2007).

Il promet de visiter ses propriétés sur le continent. S’il était élu à la Maison-Blanche en 2008, son premier voyage serait au Mexique, au Canada et en Amérique latine pour « réaffirmer mon engagement envers notre continent et l’importance de nos relations avec lui ».

Tout au long de son livre, référence forcée de mes réflexions, il affirme que son fort est l’Histoire. Pourtant, pas une seule allusion à un penseur politique, pas même à un seul de ceux qui inspirèrent, le 4 juillet 1776, la Déclaration d’indépendance des Treize Colonies qui aura 232 ans dans 4 mois et 23 jours.

Voilà plus de 2.400 ans, Socrate, le grand sage athénien fameux par sa méthode et martyr de ses idées, avait affirmé, conscient des limitations humaines : « Je sais que je ne sais rien ». McCain, le candidat républicain, s’exclame aujourd’hui devant ses concitoyens : « Je sais que je sais tout ». A suivre.

Fidel Castro

(Sources : Changement de société)


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