Madagascar

Remous climatiques et politiques dans la Grande île

La côte Est durement frappée par le cyclone "Manou"

13 mai 2003

L’étonnement a saisi l’opinion, en apprenant que la tempête tropicale "Manou" s’était transformée en véritable cyclone. On sait qu’habituellement, la période cyclonique se termine fin avril. Selon les services de la météorologie, un tel phénomène tardif n’est pas apparu à Madagascar depuis 1960.
Bien que la violence du cyclone ait été relative, son lent déplacement (11 km/h) accompagné de rafales de vents passant à 150 km-210 km/h, toutes les grande agglomérations de la côte-Est, comme Brickaville, Fénérive-Est , Anosibe An’Ala en ont subi les conséquences. Mais c’est la ville de Vatomandry qui a été la plus durement touchée. Selon les premières estimations, 90% des infrastructures - routes, bâtiments administratifs, maison d’habitations etc… - ont été détruites, notamment les installations de la JIRAMA. Des éboulements se sont également produits sur la route reliant la capitale à Toamasina. La ville d’Andevoranto a également été durement touchée. Au total, on a dénombré 13 morts et 3 disparus.

Les débats politiques se poursuivent

Mais l’écho des conséquences de ces calamités naturelles, n’a pas réussi à occulter l’agitation qui secoue le monde politique malgache. Le KMMR, qui rassemble les partis ayant soutenu auparavant le président Ravalomanana qui s’érigent actuellement en force d’opposition (une aile du RPSD, du MFM, du PRM), continue de sillonner les chefs lieux de provinces, et a tenu récemment un meeting qui a connu un certain succès à Toamasina.
La rencontre des députés du TIM (parti présidentiel) avec le président de la République, la veille de la session ordinaire de l’Assemblée nationale au palais d’État d’Iavoloha, a été dénoncée par les médias de toutes tendances comme une grave entorse à la Constitution. Cette dernière précisant que le chef de l’État ne peut communiquer avec les députés, que par un message ne donnant pas lieu à débats.
Les médias ont également publié des commentaires critiques sur l’attitude du président de l’Assemblée nationale. Ce dernier a ouvert la session ordinaire de cette institution le 6 mai par un culte, avant de prononcer le discours traditionnel à l’intention des députés. Cette attitude va effectivement à l’encontre de l’esprit de la Constitution qui proclame la « laïcité » de la République malgache.

Le cas de l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo
Une autre affaire retient également l’attention des observateurs à Madagascar. Il s’agit du cas de l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo. Arrêté le 28 mai 2002 à son domicile, il y fut assigné à résidence pendant plusieurs mois, puis détenu à la prison d’Antanimora (Antananarivo), transféré ensuite à Arivonimamo, et enfin détenu à nouveau à Antanimora. Le 9 mai dernier, le Tribunal, saisi par les avocats de Tantely Andrianarivo qui ont soulevé l’inconstitutionnalité de sa détention, a décidé de porter l’affaire devant la Haute cour constitutionnelle. L’affaire a été renvoyée au 13 juin.
L’aide des bailleurs de fonds suffira-t-elle à relancer l’économie ?
C’est avec satisfaction que les autorités malgaches ont annoncé que le premier déblocage des fonds alloués à Madagascar, suite à la réunion de Paris en janvier 2003 des "Amis de Madagascar", est effectif. La récente visite officielle de quatre jours en France du président Marc Ravalomanana y est certainement pour quelque chose.
Le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), élaboré conjointement par les experts nationaux et ceux de la Banque mondiale et du FMI, fait l’objet de débats, conférences, séminaires, etc… Il suscite de l’espoir en affichant que d’ici 10 ans (2012), le taux de pauvreté sera réduit de 50%. Mais sa réalisation ne dépend pas uniquement de l’afflux des investissements étrangers. En effet, le malaise qui règne actuellement, vu le contexte politique intérieur, constitue un frein important pour la concrétisation de ce projet.

De nombreuses questions restent encore en suspens : le cas des détenus politiques (dénommé par le pouvoir "détenus de sécurité"), l’autonomie des provinces, la décentralisation, l’ajustement des salaires dans le privé comme dans la fonction publique, l’indépendance de la justice, etc… sont autant de sujets qui agitent l’opinion.

Différentes associations et partis politiques qui se sont réunis la semaine dernière, tels le parti Leader-Fanilo ou le CERES (Cercle de réflexion sur l’économie, le social et la solidarité), ont évoqué toutes ces questions et proposent la tenue d’une conférence nationale, l’élaboration d’un statut de l’opposition, la refonte du Code électoral…
On en saura un peu plus, sur les échos soulevés par ces propositions, au cours du déroulement de l’actuelle session de l’Assemblée nationale.


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