Répression sanglante au Cambodge

23 janvier 2014, par C.T.

La police cambodgienne a dispersé une nouvelle manifestation mardi 21 janvier et interpeller onze personnes qui demandaient la libération d’autres militants emprisonnés. Le gouvernement cambodgien a interdit tout rassemblement dans la capitale, alors que des manifestants souhaitent la démission du Premier ministre Hun Sen.

Une cinquantaine de policiers ont dispersé à coups de matraque une dizaine de personnes qui s’était rassemblées à Phnom Penh pour demander la libération des personnes arrêtées lors d’une récente opération sanglante de répression, a indiqué à l’AFP, Am Sam Ath, un représentant du groupe de défense des droits de l’homme de la Ligue Cambodgienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme.

Une manifestation ouvrière qui tourne mal

Mardi 21, Rong Chhun, président de la Confédération cambodgienne des syndicats, et dix autres personnes ont été emmenées par la police au moment où ils tentaient de remettre une pétition à des ambassades occidentales. Ces derniers leur ont demandé d’intervenir en faveur de la libération de 23 personnes arrêtées au début du mois, lors de la répression sanglante d’un rassemblement d’ouvriers du textile.

Au cours de ce rassemblement, la police a ouvert le feu sur les ouvriers qui demandaient de meilleurs salaires, faisant près de quatre morts. Le lendemain, les autorités interdisaient toute nouvelle manifestation à Phnom Penh, dispersant par la même un rassemblement de l’opposition exigeant depuis des semaines la démission du Premier ministre Hun Sen.

Les onze militants arrêtés mercredi ont été relâchés quelques heures plus tard, après avoir apposé leur empreinte de pouce sur un document promettant de ne plus organiser de manifestations illégales, a expliqué Rong Chhun à l’Agence France Presse. « Nous ne sommes pas découragés par cela. Nous multiplierons nos activités par 100 », a-t-il ajouté. En réponse, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a déclaré quelques jours plutôt qu’il n’y aurait « aucune tolérance » envers toute tentative de renversement de son gouvernement actuel.

Une contestation grandissante

« Je ne permettrai à aucun groupe ou individu de prendre le pays en otage, et aucun acte aux allures de coup d’Etat ne sera toléré », avait-t-il affirmé. Hun Sen est au pouvoir depuis près de trente ans. Ce dernier doit fait face à une contestation grandissante des ouvriers du secteur textile, activité indispensable pour l’économie du pays, ainsi qu’à l’opposition, décidée à faire tomber l’actuel pouvoir.

En juillet 2013, le Parti du peuple cambodgien (CPP) au pouvoir a, malgré son plus mauvais score depuis 1998, remporté 68 sièges aux législatives ; selon les résultats officiels, contre 55 sièges pour le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) du leader de l’opposition Sam Rainsy. Pour ce dernier, les élections ont été entachées de fraudes et à un coup d’Etat constitutionnel, revendiquant la victoire.

En dépit du boycott de l’Assemblée nationale par les députés CNRP depuis l’ouverture de la législature en septembre, Hun Sen a déclaré plusieurs fois qu’il ne démissionnerait pas. Pour ce dernier, « la résolution du problèmes doit s’effectuer à la table de négociations et à l’Assemblée nationale, pas dans la rue ».


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