Réseau Education Sans Frontières Ile de Mayotte (RESFIM)

5 juillet 2007

Le droit à l’éducation, sans doute le premier des droits de l’Homme, est pourtant bien souvent bafoué au nom d’une certaine jalousie économique.
Les Etres de chair et de sang que nous sommes n’ont pas encore réalisé leur mutation en humain. La part de l’animalité qui reste au fond de nous, c’est l’égoïsme, ce sentiment qui aurait dû disparaître avec la naissance d’une certaine manière de penser, égoïsme qui était primordial lorsque que l’on en était encore à réfléchir à comment survivre face aux autres prédateurs ! Mais le développement de notre cerveau aurait dû s’accompagner d’une diminution de l’instinct.
Or, au fur et à mesure que notre espèce a suivi une évolution, elle n’a pas voulu, pas pu, ou pas su se débarrasser des bas oripeaux de l’animalité qui nous sont devenus si inélégants et qui perdent de leur utilité dans un monde où nous devrions chacun savoir compter sur l’autre.
« Etre né quelque part », disait le chanteur, « c’est sans doute un hasard », et ce hasard, pour continuer cette réflexion, fait que notre vie peut être enfer ou paradis.
Les lumières auraient dû être pour l’Homme le catalyseur du mieux vivre ensemble et du partage qui n’est pas forcément un sentiment de foi religieuse, mais aussi et surtout le but même de toute vie humaine.
Qu’est-ce qui peut pousser l’Homme à amasser, surprotéger et défendre ce qu’il croit être son bien, au mépris de toute règle humaniste, au mépris de la vie de son semblable ?

L’impossible étoile !

Je ne fais que paraphraser Jacques Brel en disant que l’essentiel est d’atteindre cette inaccessible étoile, celle de l’amour et de la connaissance, mais l’une de ces qualités ne découle-t-elle pas de l’autre !
La valeur sacrée de l’enfant qui est l’adulte que nous sommes, le devenir de l’Homme est l’espoir de la forme la plus aboutie d’un vivant pour parvenir à l’"humanitude" !
Déjà, en France métropolitaine, les "Réseau Education Sans Frontières" font un travail extraordinaire, tous ces bénévoles ont choisi de se mettre en travers de la route de ceux qui veulent reconduire aux frontières de nos contrées si bien gardées ces étrangers qui "polluent" la vue de certains !
À Mayotte, ce même réseau fait également un travail extraordinaire. Mais voilà, sur cette petite île du Canal du Mozambique, il semblerait que la continuité républicaine n’ait pas le droit de cité ! Tel un tonneau des danaïdes, notre bonne police républicaine expulse à tour de bras, quitte, des fois, à fermer les yeux sur l’âge et la scolarité de certains ! Tandis que de l’autre côté, le tonneau se remplit à coup de "Kwassas Kwassas", ces barcasses de la misère qui sont le plus souvent des véhicules pour l’enfer !

La route sans fin

Nul ne doit ignorer que des gendarmes viennent rien que pour être chargés d’expulser des Comoriens qui sont, après tout, chez eux aussi à Mayotte ! Car là se trouve le nœud de cette affaire, et il faudra un jour que les politiques aient le courage de s’exprimer sur la situation de cet archipel ! Mais pendant que notre gouvernement laisse pourrir la situation au risque de provoquer des affrontements graves, les "Kwassas Kwassas" continuent chaque jour de déverser leurs lots de misères sur les côtes mahoraises, tandis que la "Maria Galante", bateau régulier, ramène à Anjouan, sans aucun contrôle humanitaire, son lot journalier de Comoriens qui ont été pris dans les rafles de la veille !
Il n’est pas rare qu’une femme et ses enfants, au péril de leurs vies, risquent une traversée Anjouan-Mayotte, pour rejoindre un mari qui, lui, est expulsé sur la "Maria Galante", comme un retour à la case départ. Avec un peu de chance, la femme, si elle n’est pas dénoncée, pourra scolariser ses enfants, et qui sait, pour certaines, accoucher du prochain qui fera de nombreux aller-retour entre ces îles sœurs !
Dans ce croisement incessant, personne ne voie d’issue ou plutôt personne ne souhaite qu’il y ait d’issue, misant sur la lassitude des uns et des autres. Dans tous ce foutoir organisé, les autorités se contentent de régler la circulation comme s’il s’agissait de troupeaux de bétails.

Il faut oser la question !

Parce qu’indirectement, cela concerne notre île, on est en droit de se poser des questions, et comme c’est apparemment le silence radio un peu partout, il faut avoir le courage de dire les choses. Certes, je ne suis pas plus qualifié que beaucoup pour parler de la crise du Canal du Mozambique, mais rien ne peut empêcher quiconque d’avancer ses vérités ! Alors, osons la question : Mayotte a-t-elle vocation à devenir un Département d’Outre-mer classique ? Cette question, bien entendu, en fait découler beaucoup d’autres. Si en 2012, l’île devient un département comme La Réunion, cela va-t-il résoudre le problème de tout l’archipel ? Peut-on faire disparaître la culture mahoraise qui est extrêmement riche et forte dans un ensemble français ? Car, ne l’oublions pas, la départementalisation, même avec un régime spécifique, c’est la fin de pratiques ancestrales qui ont fait que les peuples qui occupent ces îles ont des racines bien à eux, profondément enfoncées dans leurs inconscients, une culture qui, jusqu’à ce jour, est restée d’une très haute valeur avec la pratique d’un Islam de tolérance comme il n’en existe pas beaucoup dans le monde, avec une vision de l’entraide et de la famille comme il n’y en n’a pas ailleurs !
Alors, au lieu de perpétrer ce chapelet d’incongruités, ne serait-il pas plus sage de poser le problème sur la table, et pourquoi pas réfléchir à un statut d’"indépendance-association" avec la France.
J’ai osé les questions ! J’ai osé en prononçant certains mots qui fouettent comme des gros mots, mais la situation n’est pas seulement politique, elle est avant tout humaine, et l’humanisme, cela regarde chacun d’entre nous sans aucune distinction ! Il en va de l’avenir de toute la jeunesse de cet archipel !

Philippe Tesseron

http://tesseron.blogspace.fr/


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Messages

  • Mayotte ne peut se séparer durablement des Comores ce n’est pas en emmenant ma Mayotte et son peuple dans le giron de la France et de l’Europe que nous solutionnerons le problème plus général des Comores et de l’union incontournable des 4 iles.

    Il est temps de mettre en place un développement coopératif tant français qu’européen au bénéfice des Comores et de décider avec l’OUA de mettre sous tutelle certaines administrations de ce pays.

  • je suis vraiment choqué des pratiques de déscolarisation encadrée par les autorités de l’île de mayotte. ces pratiques hors cadre et contraire à la convetion internationale relative aux droits de l’enfant notamment en matière d’éducation. sans être expert, je crois que les autorités de l’île ignorent le droi à la scolarisation des enfants,quelques soinet le sexe et l’origine. Mais pourquoi les autorités de l’île bafouent la loi dont ils seraient les premiers à respecter.
    Etudiant chercheur en sciences humaines et sciences sociales,mention sciences de l’éducation, je souhaiterait de votre part si vous auriez pu avoir des cas précis pour me les faire partager. je suis actuellemnt en thèse de doctorat et mon sujet concerne la déscolarisation des enfants dans l’ocean indien, en particulier aux île comores. c’est pourquoi je serai très reconnaissant de vos témoignages en la matière. ce serait un point parmi d’autres que j’aurais à développer. ce que j’appelerais "déscolarisation encadrée des enfants supposés sans droit d’école". Merci de votre réponse


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