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Pour RFO, le meeting d’Henri Emmanuelli, jeudi 28 avril à la salle Candin "n’a pas fait recette". Pourtant la salle Candin était pleine, les places assises toutes occupées et des personnes se tenaient debout au fond et contre les murs de côté. Ce n’est pas une affirmation gratuite : le meeting a été entièrement filmé par au moins deux personnes, amplement photographié et les photos de presse montrant l’arrivée d’Henri Emmanuelli donnent à voir une salle pleine à craquer. Mais voilà, Henri Emmanuelli et les 19 organisations associatives, syndicales et politiques organisatrices du meeting plaident pour le “non”, donc RFO n’a pas “vu” que la salle était pleine à craquer.
Samedi 7 mai, c’est le PS qui, avec Dominique Strauss-Kahn, tient meeting dans la même salle Candin. Les images télé et les photos de presse montrent une salle quasiment aussi pleine que pour le meeting d’Henri Emmanuelli. Mais, nuance d’importance, DSK est là pour le “oui”, alors cette même salle Candin devient subitement "pleine à craquer".
Même salle, même nombre de participants mais pour le “oui”, RFO la voit pleine et pour le “non”, la salle est moins pleine.
Manifestement RFO-Réunion a craqué - sur commande ? - pour DSK. Question de charme ? comme cela lui a été demandé sur le plateau hier soir lors du JT de Télé-Réunion.

Censure

Pour DSK, RFO a démontré qu’elle savait, s’il le fallait, suivre les hommes politiques à la culotte : marché forain de Saint-Paul, rencontre avec 150 décideurs économiques, marché forain du Chaudron, toute la gamme y est passée. Mais c’était pour le “oui”.
Pour le “non”, RFO ne sait pas faire. Vendredi 29 avril, Henri Emmanuelli a animé, à Saint-Pierre, un déjeuner-débat de 250 couverts où chaque participant payait son repas. Ce sont donc des volontaires, motivés qui sont venus à la rencontre d’Henri Emmanuelli.
Le débat, commencé à 12 heures 45, a duré jusqu’à 15 heures. De l’avis de tous les participants, il s’est révélé très intéressant et de nombreuses questions ont été posées. Là encore, le débat a été intégralement filmé par un participant mais surtout pas par RFO-Réunion. Pas une seule image, pas un seul son. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait d’une manifestation en faveur du “non” ?
Comment ne pas se poser la question ? En effet, sortant de rencontres diverses ayant eu lieu après le déjeuner-débat, Henri Emmanuelli est allé tenir un meeting populaire à la Cité Kayamb à Saint-Louis. La foule était là, toutes les tranches d’âge, tous les milieux étaient représentés mais RFO-Réunion a décidé de censurer le succès de cette manifestation en faveur du “non”. Et il lui fallait agir ainsi, sinon comment soutenir que "le “non” ne fait pas recette" ?

Manipulation

Et RFO-Réunion ne s’est pas contentée de battre froid à Henri Emmanuelli.
Vendredi 6 mai, meeting au Port. Pas de leaders hexagonaux, mais des responsables du PCR. Pas de Télé-Réunion non plus. RFO-Radio est là, interroge divers participants, enregistre les interventions.
Samedi matin, sur RFO-Radio c’est le bouquet de la désinformation. On nous ressert l’antienne selon laquelle "le “non” ne fait pas recette" puis on passe un extrait du discours d’Huguette Bello. Parlant des sondages, la députée souligne le jeu de Yo-Yo auquel on assiste, d’abord nettement en faveur du “oui”, puis du “non”, et aujourd’hui, on nous dit que c’est le “oui” qui l’emporte. Et là, RFO-Radio s’est réellement surpassée en renouant avec la période de FR3-menteur.
Car, dans la réalité, Huguette Bello a poursuivi son discours en exhortant chacun à œuvrer pour la victoire du “non” sans se reposer sur les sondages qu’ils soient ou non favorables au “non”.
Dans le reportage de RFO-Radio, tout de suite après "on nous dit que c’est le “oui” qui l’emporte", les monteurs de la bande son ont introduit un tonnerre d’applaudissements donnant à croire que la foule des participants ovationnait cette remontée du “oui”.
Cette attitude est indigne. Cela s’appelle de la manipulation. Il s’agit de la confection d’un faux grossier. Tout simplement. Aussi indigne que les manipulations du temps de l’apartheid en Afrique du Sud.
Or, au Port aussi, l’intégralité du meeting a été filmée en vidéo. Nous disposons donc du son et de l’image. Et RFO-Réunion le sait. Il faut donc que des consignes aient été données sinon ont imagine mal que des monteurs puissent se livrer à de telles falsifications.

Protestation

Pour en revenir à DSK qui a tenu RFO-Réunion sous son charme, au même moment où il tenait meeting salle Candin, RFO-Réunion annonçait que le PCR tenait meeting dans un quartier de Saint-Denis (Bois de Nèfles). Un beau meeting dans un quartier pourtant retiré, mais RFO-Réunion était absente.
Difficile après ça de ne pas se souvenir de ce débat à RFO-Télé où l’on a vu une chose impensable : les partisans du “oui” invités à commencer et à conclure les débats. Quelques jours plus tard, sur RFO-Radio, le partisan du “oui” est invité à conclure et on coupe la parole au représentant du “non”, qui ne peut donc conclure.
Coïncidence ou pas, voilà qui fait beaucoup pour la station RFO-Réunion. Tout cela se passe au moment même où, en France, une protestation contre la censure du “non”, lancée par de grands noms de la télévision, a recueilli 200 signatures puis 1.600 en 24 heures et plus de 2.500 en 48 heures.
Aujourd’hui, à Paris, une manifestation de protestation aura lieu, place de l’Europe sur le thème : "Le “non” censuré dans les médias, ça suffit !".
Le CSA vient d’enjoindre à toutes les chaînes de mettre un terme au déséquilibre au détriment du “non”.
Faudra-t-il, pour que RFO-Réunion entende le “non” et le traite avec équité, que les Réunionnais manifestent leur indignation... dans la cour de RFO ?

Mark Alem

Pour le respect du pluralisme de l’information

Rassemblement cet après-midi devant RFO

Afin de relayer le mot d’ordre national visant à dénoncer le manque d’équité du débat public dans les médias, le Collectif réunionnais pour le “non” appelle à se rassembler ce lundi à 17 heures devant les locaux du service public de l’information, c’est-à-dire RFO.