Europe sociale ? Une note en bas de page...

Sarkozy a renvoyé la ’dimension sociale’ à la compétence des États membres.

17 juillet 2008

Ce n’est pas une omission, c’est un choix politique. Ainsi s’est justifié Nicolas Sarkozy hier, à Strasbourg, sur l’absence de dossiers sociaux au rang des priorités de la présidence française de l’Union. Exit, donc, l’idée d’une Europe sociale. Les retraites, la santé, le droit du travail : ce sont là des questions, a insisté Nicolas Sarkozy, qui relèvent de la compétence des États membres. Une mauvaise foi d’autant plus mal digérée sur les bancs de gauche que c’est le retournement de la position de la France et de l’Italie qui a récemment permis l’accord sur un projet de directive autorisant la semaine de travail de 65 heures.
« Vous évacuez la question sociale - qui doit, selon vous, rester du seul ressort des États. Mais vous ne dites mot de la Cour européenne de justice qui rend arrêt sur arrêt mettant en concurrence les modèles sociaux au sein même de l’Union, a lancé, en réponse, Francis Wurtz, président du groupe de la Gauche unitaire européenne. Vous affirmez vouloir construire une "Europe qui protège". Mais on ne vous entend pas critiquer toutes ces mesures structurelles qui précarisent l’existence des Européens : l’obligation d’ouvrir les entreprises de service public à la concurrence, les pressions du pacte de stabilité sur les salaires et les dépenses sociales (...). » Au nom du Parti socialiste européen, Martin Schultz a, lui aussi, qualifié cette position d’« erreur regrettable ». « De plus en plus de gens ont aujourd’hui le sentiment que le progrès est là pour les grandes entreprises, les fonds spéculatifs, mais pas pour eux. (...) Si l’Europe sociale n’est pas garantie, les citoyens se détourneront de l’Europe », a prévenu l’eurodéputé allemand, pourtant partisan du traité de Lisbonne. Même contradiction chez le Verts Daniel Cohn-Bendit, dont la ferveur pour la constitution européenne s’était reportée sur le texte rejeté par les Irlandais. « Vous ne protégerez pas les Européens si nous ne nous attaquons pas au dumping social et fiscal », a-t-il lancé.
Inflexible, le président français peut compter sur l’indéfectible soutien du président de la Commission européenne. « La poussée inflationniste est le premier ennemi du pouvoir d’achat et de la justice sociale », a exposé José Barroso, en défense de la BCE, dont les décisions se traduisent par une pression à la baisse des salaires. On ne change pas une politique qui perd...

R. M.


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