Commémoration hier de la Journée internationale de réflexion sur le génocide

Se souvenir de l’enfer rwandais

8 avril 2004

Le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda est revécu au niveau international cette semaine, à l’occasion de son 10ème anniversaire, afin que le monde n’oublie pas une des tragédies les plus terribles du 20è siècle. "Le souvenir de ce génocide doit être partagé par toute l’humanité afin qu’il ne se reproduise jamais", a déclaré l’ambassadeur du Rwanda en Ethiopie et représentant permanent auprès de l’Union africaine (UA), Pascal Ngoga à la presse à la veille de cette célébration. "Afin de pouvoir être en mesure de dire “plus jamais ça”, nous devons continuer à nous exprimer haut et fort, puisque c’est la seule manière d’épargner à l’Afrique la répétition d’une telle catastrophe", a déclaré l’ambassadeur.
La Journée internationale de réflexion sur le génocide de 1994 au Rwanda était observée hier, conformément à la résolution adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 23 décembre 2003. Hier à midi, une minute de silence était demandée par les Nations-Unies pour rendre hommage à la mémoire des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda. La résolution de l’ONU invite aussi tous les États à agir conformément à la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide, afin de s’assurer qu’il ne se reproduise nulle part des événements survenus au Rwanda en 1994.
Des documents prouvant le génocide sont exposés publiquement dans diverses capitales pour que l’on se souvienne d’un événement qui a depuis soulevé plusieurs interrogations sur l’incapacité de la communauté internationale à faire face à ce genre de massacres. On estime qu’entre 800.000 et un million de vies ont été perdues lors de ce massacre, perpétré par des extrémistes rwandais qui se sont servis des armes les plus rudimentaires comme des machettes, des gourdins et des barres de fer pour attaquer leurs victimes.

Lutter contre les diviseurs et l’intolérance

Pascal Ngoga a déclaré que pour les Rwandais, "cette commémoration est un signe de guérison et de réconciliation". Mais dans un petit pays pauvre comme le Rwanda, où presque chacun est le cousin de l’autre, se remettre véritablement de cette tragédie prendra du temps. Le régime du président Paul Kagamé a, ces dix dernières années, fait tout son possible, du moins en principe et dans une certaine mesure, pour éliminer les clivages ethniques qui, depuis l’époque coloniale, étaient utilisés pour diviser la population en Batutsis, Bahutus et Batwas.
Cependant, la situation sur le terrain indique que le Rwanda se cherche toujours. Un semblant de gouvernance démocratique a donné à ce pays une certaine reconnaissance au plan international, des institutions ont été mises sur pied, l’éducation politique de la population et son engagement dans des débats sur l’unité nationale, mais tout ceci sous la houlette du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir).
Au-delà des frontières nationales, la communauté internationale est blâmée pour avoir tourné le dos aux victimes du génocide. Les autorités rwandaises pointent un doigt accusateur sur l’ancienne puissance coloniale, la Belgique, et la France, en déclarant que ces deux pays ont été complices du génocide parce que leurs troupes gardaient des zones importantes de Kigali quand les tueries ont commencé.
À cette époque, la France entraînait les Forces armées rwandaises et les milices qui, à la suite de l’attentat contre l’avion du président Juvenal Habyarimana dans lequel ce dernier a été tué, ont été à l’avant-garde de l’exécution du génocide.
Au niveau de l’Union africaine et de son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), "le point a été fait", a déclaré la Commissaire de l’UA pour les Affaires politiques, Julia Dolly-Joiner, sur les causes profondes du génocide des Tutsis au Rwanda et sur les mesures à prendre pour qu’un tel événement ne se reproduise plus sur le continent. Pascal Ngoga a affirmé que loin d’une tendance à la violence, c’est une mauvaise gouvernance qui avait plongé son pays dans le génocide. Il a insisté sur le fait que la cause profonde des conflits était des gouvernements qui encourageaient l’intolérance parmi les populations.


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