Mais interdit le mariage entre personne de même sexe

Singapour révoque une loi pénalisant l’homosexualité

30 novembre 2022

Le Parlement de Singapour a révoqué le 29 novembre une loi pénalisant les rapports sexuels entre hommes, mais dans le même temps la Constitution a été modifié pour interdire le mariage entre personnes de même sexe.

La "section 377A" du code pénal singapourien concernant l’homosexualité datait de l’époque de la colonisation britannique. Il était vivement critiquée pour sa discrimination et stigmatisation de la communauté LGBTQ+.

La loi prévoyait une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, mais elle n’était plus appliquée dans la cité-État d’Asie du Sud-Est. Raison pour laquelle, le Parlement singapourien a décidé de modifier la législation. En février, un collège de juges avait décrété que la loi avait un rôle symbolique mais ne pourrait plus être appliquée.

Interrogé par l’Agence France Presse, Roy Tan, médecin qui était au nombre des plaignants ayant contesté la loi devant la justice, a salué "la naissance d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la communauté LGBT de Singapour".

"Avec la révocation de cette loi, nous pouvons démanteler progressivement tous les obstacles à la visibilité et aux progrès pour les citoyens queer puisqu’il n’y a plus de raison pour un traitement discriminatoire", a-t-il estimé.

Singapour est un important carrefour commercial et financier à l’architecture ultramoderne, mais le territoire conserve encore des normes sociales conservatrices. Singapour compte une communauté LBGTQ+ visible et active. En effet, la communauté s’est mobilisée à plusieurs reprises à travers des rassemblements "Pink Dot" pour défendre ses droits, et pour demander la levée de cette loi, régulièrement.

Cependant, le Parlement singapourien a également modifié la Constitution locale afin de préciser qu’un mariage ne pouvait être que l’union d’un homme et une femme. Cet acte empêche les couples de même sexe d’obtenir l’égalité devant le mariage.

Le Premier ministre Lee Hsein Loong s’est félicité de cette double évolution, qui correspond à "une étape marquante pour Singapour", et a salué le sens des responsabilités de toutes les parties.

Une réflexion a été lancé pour faire évoluer la situation durant "d’innombrables" réunions de dialogue impliquant des milliers de personnes, ce qui a permis d’arriver à un "consensus national pour aller de l’avant" sur un sujet clivant, a-t-il souligné dans un message sur Facebook.

Le ministre de la Justice K. Shanmugam a indiqué à la fin des débats au Parlement que la révocation de la loi était "la bonne chose à faire, parce qu’on ne peut plus considérer que les rapports sexuels consentants entre hommes sont un crime".

Ce dernier avait d’ailleurs souligné que la législation était "un rappel quotidien" aux homosexuels que "chaque fois qu’ils se livrent à des actes sexuels en cachette, dans l’intimité de leur chambre à coucher, il sont néanmoins des criminels".

Pour le ministre aux Affaires sociales et familiales, Masagos Zulkifli, la définition traditionnelle de la famille devait rester le socle de la société. Son administration avait proposé l’amendement à la Constitution bloquant les unions de personnes du même sexe.

"Il n’y a pas de projet de changer cette définition pour inclure les mariages entre personnes de même sexe", a-t-il déclaré, prévenant que toute célébration d’une union entre personnes du même sexe "était contraire à la loi". Mais le Parlement peut aussi modifier à l’avenir la définition du mariage, a-t-il convenu.


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