Lutte contre le SIDA

Solidarité entre pays du Sud pour combattre les souffrances de 30 millions d’Africains

Le Brésil souhaite produire des anti-rétroviraux au Mozambique

12 juin 2003

Le gouvernement brésilien a exprimé le vœu de fabriquer des médicaments anti-rétroviraux contre le VIH/SIDA au Mozambique, a annoncé le 3 mai dernier à Maputo, l’agence mozambicaine d’information (AIM). Le projet a fait l’objet de discussions la veille entre une délégation brésilienne en visite au Mozambique, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim, et une équipe mozambicaine conduite par le ministre mozambicain des Affaires étrangères, Leonardo Simao. Le Brésil est l’un des pays qui fabriquent des anti-rétroviraux génériques à des coûts relativement bon marché, qui permettent de prolonger la vie des malades du SIDA.
Les détails sur le projet de production au Mozambique n’ont pas été dévoilés. Le rapport indique que les deux délégations ont également discuté de l’éventuelle participation du Brésil à l’exploitation des mines de charbon de Moatize dans la province de Tete, à l’Ouest du Mozambique. Amorim a également transmis un message spécial du président brésilien Luis Inacio "Lula" da Silva à son homologue mozambicain Joaquim Chissano. Amorim se rend dans cinq pays africains lusophones en prélude à la visite en Afrique de da Silva, prévue en août.

Un progrès incontestable

Les anti-rétroviraux soulagent les souffrances des malades. Mais ils sont produits par l’industrie pharmaceutique des pays européens et nord-américains et ils coûtent très chers pour les Africains. Et dans la lutte menée par le continent pour la survie de sa jeunesse, les appels à la solidarité vers l’industrie pharmaceutique du Nord restent quasiment sans réponse. Cela souligne la portée de l’initiative brésilienne. Car du fait de leur coût actuel, ces médicaments sont très peu utilisés en Afrique alors que sur ce continent 30 millions de personnes sont touchées par la pandémie.
Si ces remèdes ne guérissent pas, ils donnent l’espoir de survivre en ralentissant les effets de la maladies. Ainsi, lors d’une rencontre avec la presse, à Lagos, organisée par l’ONG les Journalistes Contre le SIDA (JAAIDS), des Nigérians infectés par le virus du SIDA se sont félicités de l’efficacité des anti-rétroviraux (ARV) pour la stimulation de leur système immunitaire, tout en déplorant les effets secondaires de ces médicaments.
Des personnes vivant avec le VIH/SIDA ont raconté leur expérience personnelle depuis qu’elles ont commencé à utiliser ces médicaments. « Mon état de santé s’est beaucoup amélioré depuis que j’ai commencé à prendre des ARV », a déclaré Georgina Ahamefule, une infirmière qui avait été licenciée après avoir été dépistée positive, il y a deux ans. Georgina Ahamefule s’est aussi félicitée du programme du gouvernement qui fournit des anti-rétroviraux subventionnés aux personnes infectées, déclarant que le coût de l’achat de ce médicament est passé de 75.000 à 100.000 nairas (595 et 793 dollars) par mois à seulement 1.000 nairas (8 dollars) dans le cadre du programme ambitieux lancé l’année dernière.

Réduire encore le prix

Une autre personne vivant avec le SIDA, Oba Oladapo, a qualifié les ARV « de ce qui pouvait arriver de mieux aux personnes infectées par le virus ». Mais ils ont tous deux déploré les effets secondaires de ce médicament comme les violents maux de tête, des démangeaisons et de fortes douleurs aux articulations, entre autres. Ils ont aussi préconisé une réduction du coût des tests de dépistage du VIH/SIDA fixé à 8.000 nairas (63 dollars), déclarant que ce prix élevé était un gros problème pour les personnes infectées.
S’exprimant à cette occasion, un chercheur attaché à l’Institut nigérian de recherche médicale (NIMR), Dan Onwunjekwe, a insisté sur la nécessité pour les personnes infectées de renforcer leur système immunitaire par le biais d’un régime alimentaire équilibré au lieu de ne compter que sur les médicaments. Quatre millions de Nigérians vivent avec le VIH, qui est responsable du SIDA.

Contribution de la médecine traditionnelle africaine contre la pandémie
Des tests encourageants pour un médicament à base de plantes

L’Association pour la promotion des médecines traditionnelles (PROMETRA) a testé scientifiquement Metrafaids, un médicament anti-SIDA à base de plantes jugée efficace sur 62 patients. Cette ONG internationale basée à Malango, dans la région de Fatick à 150 kilomètres de Dakar, a réuni des centaines de guérisseurs traditionnels qui affirment avoir également découvert des traitements contre plusieurs affections, notamment contre le diabète et l’hypertension artérielle.

Andrew Young, ancien maire d’Atlanta, une ville de l’État de la Géorgie, a décidé de populariser ce médicament. Il souhaite faire passer Metrafaids à un stade de large distribution de telle sorte que les individus qui achètent du pain puissent aussi acquérir ce médicament. Il est en contact avec le Dr Eric Gbodossou depuis que ce spécialiste en médecine traditionnelle formé à Dakar a rendu publique la découverte de Metrafaids au cours de la Conférence internationale 2002 sur le SIDA, organisée à Barcelone.

Metrafaids est le fruit de travaux de recherche concertés réalisés sous la coordination du Comité scientifique et juridique international (CSJI) de PROMETRA, qui avait été créé à la fin de la Conférence internationale sur le VIH/SIDA, réunie à Dakar en mars 1999.

Médicament à base de plantes

« Après que nous avons annoncé la découverte de Metrafaids à Barcelone, M. Young et son équipe étaient entrés en relation avec nous. Nous avons eu plusieurs contacts, il m’a même invité à assister à une cérémonie de remise d’un doctorat honoris causa organisée en son honneur en Afrique du Sud », a déclaré le Dr Gbodossou.

L’équipe d’Andrew Young et le PNUD font partie des défenseurs de ce médicament à base de plantes, composé de cinq espèces, découvert en Afrique de l’Ouest.

Les conclusions des recherches révèlent que la charge virale a été réduite chez 65% des 62 patients traités. Au même moment, il a été constaté une augmentation de 10 à 400% des cellules CD4. Les adultes et adolescents en bonne santé ont un compte CD4 d’environ 800 cellules par mètre cube de sang. Le risque de maladie augmente lorsque les cellules de CD4 tombent en dessous de 200. Par ailleurs, les médecins observent la charge virale dans le sang pour déterminer l’ampleur des dégâts causés par le VIH.

Manque de moyens

« Pour le moment cependant, nous pouvons dire que Metrafaids est un médicament africain qui pourrait offrir une solution au problème du SIDA en Afrique », a ajouté le médecin/tradipraticien d’origine béninoise. PROMETRA a obtenu un brevet pour la commercialisation de Metrafaids dans 16 pays africains. Les procédures sont en cours pour faire breveter ce médicament dans 114 autres.

« Nous effectuons des recherches sérieuses et crédibles, mais il nous manque les crédits nécessaires pour accompagner cette initiative. Dans le même temps, le nombre de décès monte en flèche parce que l’argent manque en raison de l’injustice qui prévaut dans le monde ». « Si 80% environ des personnes vivant avec le VIH/SIDA résident en Afrique, plus de 95% du budget de la lutte contre cette maladie mortelle est à la disposition du Nord », a déclaré le Dr Gbodossou avec une pointe d’ironie.

Sa conviction est qu’aucun individu doté de tous ses sens n’oserait se lever pour tenter de justifier les considérables dépenses consacrées, en Afrique, à l’acquisition de "Mirage" ou d’autres matériels militaires, pendant que seulement 50.000 des 30 millions de personnes qui vivent avec le VIH sur le continent ont les moyens de se procurer des anti-rétroviraux.

Lancement au Nigeria d’un manuel média sur le VIH/SIDA
Un consortium d’organisations basées au Nigeria a lancé, le 27 mai dernier à Lagos, un manuel média de 99 pages consacré à la couverture des questions liées au VIH/SIDA et à d’autres questions pertinentes dans le pays. Initiative conjointe du Centre d’information des Nations unies (CINU), de Journalistes contre le SIDA (JAAIDS) et du Réseau de communication pour le développement (DEVCOMS), tous basés à Lagos, le manuel a été produit avec la collaboration de l’UNICEF, du PNUD, de l’ONUSIDA et du FNUAP.

S’exprimant à l’occasion de la cérémonie de lancement, le directeur du CINU pour le Nigeria, Finjap Njinga, a déclaré que de nombreuses personnes risquent de perdre la vie si des mesures appropriées ne sont pas prises pour éliminer le VIH/SIDA. Le directeur du CINU a félicité les dirigeants africains pour avoir relevé le défi posé par cette maladie, notamment au Nigeria où quelque 4 millions d’individus sont infectés par le virus qui donne le SIDA.


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