Référendum : le “non” toujours en tête à 55% (+2), selon TNS Sofres

Sondage après sondage, le “non” s’affirme

21 avril 2005

Un nouveau sondage, réalisé par TNS/Sofres pour RTL, “Le Monde”, LCI, plaçait hier le “non” en tête pour le référendum constitutionnel européen du 29 mai prochain, avec 55% des intentions de vote, en progression de deux points, le “oui” recueillant 45% (-2).

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Depuis la mi-mars, le nombre de sondages consécutifs donnant le “non” gagnant au référendum atteint maintenant la vingtaine.
La précédente enquête de l’institut Sofres, réalisée les 1er et 2 avril, donnait 53% au “non” et 47% au “oui”.
Dans le sondage publié hier, 28% des personnes interrogées n’ont pas exprimé d’intention de vote, contre 33% il y a deux semaines.
Parmi les 72% qui l’ont fait, seulement 14% ont indiqué qu’elles peuvent encore changer d’avis d’ici au 29 mai et 58% qu’elles sont sûres de leur choix.

55 % chez les sympathisants socialistes

Les électeurs de gauche se prononcent à 63% pour le “non”. Le “non” est à 55% chez les sympathisants socialistes. À droite, le “oui” est majoritaire à 65%. Il recueille 66% chez les sympathisants UDF et 80% chez ceux de l’UMP.
Interrogés sur l’intervention télévisée de Jacques Chirac, jeudi dernier face à un panel de jeunes, 66% des spectateurs qui ont regardé l’émission ont jugé le chef de l’État pas convaincant (30% "pas du tout" et 36% "pas très convaincant").
Lorsqu’on leur demande leur pronostic sur le "résultat le plus probable du référendum", la tendance s’est inversée depuis le précédent sondage. Une nette majorité croit désormais à la victoire du “non” : 53% (+19 points). Ils ne sont que 34% à pronostiquer une victoire du “oui”. Ils étaient 58% début avril. 13% des personnes interrogées ne se prononcent pas.
Enfin, cette enquête révèle une baisse d’intérêt dans l’opinion pour le référendum. 61% (-3) disent s’intéresser à la consultation du 29 mai (23% beaucoup et 38% assez), tandis que 25% affirment ne s’y intéresser que peu et 14% pas du tout.
Ce sondage a été réalisé en face à face du 15 au 18 avril auprès d’un échantillon national de 1.000 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
À noter que les intentions de vote ont été recueillies en faisant voter les interviewés dans une urne.


Quand le “non” fait monter les “tensions”

II n’y a pas de crise au sein du gouvernement mais "des tensions et une mise au point". Le Premier ministre en personne a fait passer la consigne. Les propos de Dominique de Villepin laissant entendre que Jean-Pierre Raffarin serait obligé de passer la main après le référendum du 29 mai, qui quel qu’en soit le résultat, ne serait qu’un "dérapage". "Il a dérapé, cela arrive souvent quand on veut aller trop vite. Je l’ai recadré. Pour moi, l’incident est clos", a affirmé Jean-Pierre Raffarin.
Si l’incident paraît clos effectivement, la crise est loin d’être terminée. Elle pourrait même s’amplifier. Jean-Pierre Raffarin peut toujours affirmer qu’il a "vérifié, hier, que la relation de confiance qui me lie au président de la République est telle qu’elle ne saurait passer par un intermédiaire", on a du mal à imaginer que Dominique de Villepin, fidèle chiraquien, se soit décidé à parler sans avoir l’aval du chef de l’État.
Après la débâcle du show télévisuel de Jacques Chirac, il est clair que l’Élysée voulait envoyer un message à l’adresse de l’électorat de gauche, la tête de Raffarin pour un vote “oui”. Le signal est envoyé, le chef de l’État peut bien parler maintenant d’une "tempête dans un verre d’eau", et Dominique de Villepin prétendre que ses propos ne devaient pas être interprétés comme une "affaire d’hommes, mais d’exigence démocratique".


Tansion pangar : les vieux démons reviennent !

Les discours de certains partisans du “oui” au projet de Traité constitutionnel européen ont quelque chose d’insultant pour les Réunionnaises et les Réunionnais et pour les citoyens en général.
À plusieurs reprises, des député(e)s au Parlement européen ou des missionnaires de partis ont agité la menace d’une restriction budgétaire en cas de victoire du “non”.
En gros, si vous ne votez pas “oui”, vous serez "punis" et on ne vous donnera plus d’argent ou beaucoup moins.
Discours infantilisant, marchandage honteux ! C’est ni plus ni moins acheter les votes puisque le vote apparaît comme une monnaie d’échange selon la règle du donnant-donnan.
C’est nier également l’exercice libre du droit de vote puisqu’il y aurait le bon vote et le mauvais vote et gare aux méchants marmay ! Le peuple est convié à voter, mais surtout pas à choisir selon ses convictions personnelles : pensée unique, voix unique. Comme perversion du référendum, présenté comme éminemment démocratique, on ne fait pas mieux.
À La Réunion, ce genre de discours réveille des souvenirs finalement pas si lointains : et l’un qui parlait de valises pleines d’argent et l’autre qui offrait quelques feuilles de tôle ou un petit travail. Fouillez un peu entre les mots, entre les lignes, et l’épouvantail de la rupture - comprenez indépendance - ressuscite. Prosper Ève va devoir ajouter quelques pages à son ouvrage “L’île a peur” pour coller à l’actualité de ce troisième millénaire.
Insultant, disais-je, d’essayer d’utiliser la peur et l’argent. Mais que ceux et celles qui le font prennent garde ! Inférioriser l’autre a toujours un effet boomerang et atteint celui-là même qui manque de respect. Le mépris, non !

A-M. B.


Tribune libre de Michel Onfray, philosophe, écrivain

L’Europe des crétins

Les gens qui vont voter “non” à la Constitution européenne sont des crétins, des abrutis, des imbéciles, des incultes. Petit pouvoir d’achat, petit cerveau, petite pensée, petits sentiments. Pas de diplômes, pas de livres chez eux, pas de culture, pas d’intelligence. Ils habitent en campagne, en province. Des paysans, des pécores, des péquenots, des ploucs. Ils n’ont pas le sens de l’Histoire, ne savent pas à quoi ressemble un grand projet politique. Ils ignorent le grand souffle du Progrès. Ils crèvent de peur.

Jadis, ces mêmes débiles ont voté “non” à Maastricht ignorant que le “oui” allait apporter le pouvoir d’achat, la fin du chômage, le plein emploi, la croissance, le progrès, la tolérance entre les peuples, la fraternité, la disparition du racisme et de la xénophobie, l’abolition de toutes les contradictions et de toute la négativité de nos civilisations post-modernes, donc capitalistes, version libérale.

L’électeur du “non” est populiste, démagogue, extrémiste, mécontent, réactif. C’est le prototype de l’Homme du ressentiment. Sa voix se mêle d’ailleurs à tous les fascistes, gauchistes, alter-mondialistes et autres partisans vaguement vichystes de la France moisie, cette vieille lune dépassée à l’heure de la mondialisation heureuse. Disons le tout net : un souverainiste est un chien.

En revanche, l’électeur du “oui” est génial, lucide, intelligent. Gros carnet de chèque, immense encéphale, gigantesque vision du monde, hypertrophie du sentiment généreux. Diplômé du supérieur, heureux possesseur d’une bibliothèque de Pléiades flambant neufs, doté d’un savoir sans bornes et d’une sagacité inouïe, il est propriétaire en ville, urbain convaincu, parisien si possible. Il a le sens de l’Histoire, d’ailleurs il a installé son fauteuil dans son sens et ne manque aucune des manies de son siècle. Le Progrès, il connaît. La Peur ? Il ignore. Le debordien Sollers, le sartrien BHL et le kantien Luc Ferry vous le diront.

Bien-sûr le “ouiste” a voté “oui” à Maastricht et constaté que, comme prévu, les salaires s’en sont trouvé augmentés, le chômage diminué et fortifiée l’amitié entre les communautés. Le votant du “oui” est démocrate, modéré, heureux, bien dans sa peau, équilibré, analysé de longue date. Sa voix se mêle d’ailleurs à des gens qui, comme lui, exècrent les excès : le démocrate chrétien libéral, le chiraquien de conviction, le socialiste mitterrandien, le patron humaniste, l’écologiste mondain. Dur de ne pas être “ouiste”...

Citoyens, réfléchissez avant de commettre l’irréparable !

Michel Onfray


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