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Souffrances sociales... et action révolutionnaire

25 avril 2008, par Alain Dreneau

L’analyse des souffrances sociales engendrées par la toute-puissance du profit maximalisé est une “porte d’entrée” intéressante pour qui cherche à nourrir un point de vue critique sur notre société. La présentation par le philosophe Jacques Milhau de l’ouvrage d’Emmanuel Renault “Souffrances sociales, philosophie, psychologie et politique”, reprise de “l’Humanité” par Roger Orlu dans son billet philosophique (“Témoignages” du 17 avril), a le mérite d’offrir des pistes pour la compréhension de ce type de souffrances.

Il convient sans doute cependant de lire le livre pour trouver les réponses à un certain nombre d’interrogations que cet exposé suscite. La distinction avancée entre « souffrance normale » et « souffrance anormale » par exemple... Ou les seules « deux références » assignées à ces souffrances sociales, la « souffrance au travail » d’une part, et la souffrance liée à « la grande précarité des exclus, condamnés à la rue ». On aurait pensé qu’entre les deux la souffrance des chômeurs, même non « asphaltisés », liée au sentiment d’inutilité sociale avait sa place en tant que telle dans cette typologie.

Mais c’est surtout le “versant positif” sous lequel la souffrance sociale est ensuite perçue qui suscite le plus de curiosité et peut interpeller. Non pas pour en nier l’extraordinaire potentiel - la révolte des opprimés engendrée par la souffrance des opprimés -. On a bien retenu, à la lecture de cet article, la thèse qui sous-tend le livre : les souffrances sociales, dès lors qu’elles sont rendues visibles, conscientes, sorties du refoulé, « peuvent être autant de leviers » d’une action engagée dans la transformation de la société. Oui, assurément, la perspective est ouverte, et elle est exaltante. Des générations de militants se sont attaqués à ce défi : comment actionner les « leviers » du changement à partir des souffrances endurées par les dominés, comment faire en sorte que la perception de cette souffrance sociale débouche chez le dominé dans l’action révolutionnaire ?

C’est précisément dans ce “comment” que réside l’interrogation, vieille comme la lutte des classes. Comment « restituer la capacité d’action et d’engagement » chez les victimes de l’exploitation ? Comment « réveiller l’esprit revendicatif » chez les « vulnérables » de notre société déshumanisée ?

D’accord pour dire que l’analyse des souffrances sociales mérite d’être intégrée à une critique générale de la vie sociale. Cette analyse donne l’envie d’entrer dans le vif du sujet : celui de la mobilisation effective des opprimés. Comment trouver la solution à l’équation encore aléatoire : Souffrance sociale = Action politique pour changer la société ?

En fin de compte, la présentation de l’ouvrage d’Emmanuel Renault sur “les pathologies sociales à l’heure du néolibéralisme” aura atteint le but que son auteur Jacques Milhau s’était sans doute fixé : aller à la source du livre.

Alain Dreneau


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