Ceux qui spéculent sur la famine

Spéculer sur la crise alimentaire

20 mai 2008

Une banque belge suscite la polémique en proposant une assurance-vie qui permet de profiter de la hausse des matières premières agricoles. Une initiative qui suscite des réactions de la part de ses clients et de la classe politique.

« Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! » Tel est le slogan vantant une assurance-vie de la banque belge KBC qui investit dans plusieurs matières premières agricoles. Choqués par ce message qui présente comme une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables » ayant pour conséquence « une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires », plusieurs clients et prospects de la banque ont dénoncé une « attitude purement spéculative » alors qu’à l’autre bout de la planète, des gens meurent de faim ou de soif. De son côté, KBC prend la défense de ce produit financier dont le rendement est lié à l’évolution des prix du cacao, du café, du sucre, du blé, du maïs et du soja. Premièrement, la banque estime que l’existence de ce placement n’affecte pas le cours des denrées concernées. « Que ce produit financier existe ou non, les cours de ces matières premières alimentaires ne sont pas influencés, affirme une porte-parole de KBC. Ces prix se décident ailleurs. »

Deuxièmement, la banque souligne qu’il s’agit là d’un secteur d’investissement comme un autre. « D’autres matières premières, telles que l’aluminium, le pétrole ou l’or, voient également leur cours grimper fortement », explique-t-on. Troisième argument de KBC, cette assurance permet aux particuliers qui l’achètent de se couvrir contre la hausse des prix alimentaires. « Comme le produit financier est lié à cette hausse, il permet aux particuliers de supporter l’augmentation des frais liée aux prix de plus en plus élevés des matières agricoles, avec en outre une protection du capital », poursuit la porte-parole. Quatrièmement, KBC rappelle que la période de souscription de cette assurance-vie est terminée. Elle s’étalait du 4 au 29 février 2008. Si l’on en parle maintenant, c’est parce que « ce thème est sur le devant de la scène médiatique pour l’instant ».

Dans la sphère politique, certains ne sont pas convaincus, loin de là. Le Parti socialiste considère que KBC « propose aux épargnants belges de s’enrichir en affamant encore un peu plus les habitants les plus pauvres de la planète ». En réaction, il a concocté une proposition de loi qui « vise à interdire l’offre et la diffusion de produits financiers dont le seul objectif est de spéculer sur la hausse des prix des denrées alimentaires et d’en tirer profit ». « Sur le principe, cette proposition va dans le bon sens », estime Bernard Bayot, directeur du Réseau financement alternatif, association qui milite pour davantage d’éthique dans la finance. A travers sa campagne intitulée "Je choisis", le Réseau veut même aller plus loin. « Il faudrait une loi-cadre interdisant les investissements dans toutes les activités qui sont contraires aux engagements de la Belgique en matière de droits de l’homme, d’environnement, etc. », conclut-il.

Ph.G., "La Libre Belgique"


Le Nicaragua accueille un sommet sur la sécurité alimentaire

Plusieurs chefs d’Etat latino-américains sont attendus ce 7 mai à Managua pour participer à un sommet régional consacré à la crise alimentaire. Ils doivent notamment créer un fonds destiné à financer des mesures pour lutter contre la hausse des prix de certains aliments. Le président vénézuélien Hugo Chávez, qui a déjà lancé des projets en ce sens par le biais de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques, sera le grand absent. Selon ses collaborateurs, il connaît quelques problèmes de santé.

Emeutes de la faim

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