Trump confirme : on ne peut pas faire confiance aux États-Unis

28 janvier, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

S’il y a une leçon à retenir de l’arrivée tonitruante de Trump, c’est l’impossibilité de faire confiance aux Etats-Unis. Les relations d’Égalité entre les peuples s’évanouissent. Aucune politique concertée ne peut voir le jour. On peut prédire le déclin accéléré « du tigre en papier », selon Mao. Voici 2 cas tirés de l’histoire.

1-Le 3 septembre 2016, Barack Obama et Xi Jinping remettent au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, leur document de ratification du Traité de Paris sur le climat. La photo des 3 personnages est mémorable. Le geste accélère l’adhésion des autres pays si bien qu’un mois après, le 4 novembre 2016, l’ONU déclare l’entrée en vigueur du Traité. Adopté à la COP21, le 12 décembre 2015, une telle célérité ne s’est jamais vue pour un Traité universel. Il y a une prise de conscience mondiale. Le feu est dans la maison. Puis, les États-Unis changent de président en 2017. Trump arrive et rejette la signature de son pays. En 2021, le nouveau président Biden remet les États-Unis dans le coup. Le retour de Trump, quatre ans plus tard, remet en cause le « new deal vert ». Ce pays peut être une grande puissance, il est désinvolte.

2-Les États-Unis sortent vainqueurs des Accords de Bretton-Woods, signés en 1944. Le dollar américain sert de référence à toutes les autres monnaies mondiales. Gagé sur l’or, une once équivaut à 35 dollars. Mais, le 15 août 1971, le président Nixon annule cette parité, sans prévenir les autres partenaires. Le dollar est toujours la monnaie de référence mais la valeur dépend des caprices de ses dirigeants. Ils inondent le système financier par du papier imprimé. De mars 2022 à juillet 2023, la FED a procédé à 11 augmentations du taux directeur du dollar. Pour faire simple, il est passé de 1 % à 4 %, soit une augmentation de 400 % ! Les transactions commerciales mondiales se font encore en dollars à plus de 50% mais la dédollarisation s’accélère. Qua valent les menaces de Trump contre les « ennemis » de son pays.

De la désinvolture au mensonge

Le 20 janvier 2024, le discours du nouveau président commence ainsi : « L’âge d’or de l’Amérique commence maintenant. A partir d’aujourd’hui, notre pays prospérera et sera à nouveau respecté dans le monde entier. Nous ferons l’envie de toutes les nations, et nous ne nous laisserons plus abuser. » Devant lui, il y avait Obama, Bush, Clinton et Biden. Lui-même avait présidé le pays de 2017-2021. Il a le culot de proclamer que les États-Unis sont en danger. Par qui ?

En 2014, les données fournies par le FMI montrent que l’économie chinoise a dépassé celle des États-Unis. Exprimé en parité de pouvoir d’achat, le PIB chinois s’élève à 17 632 dollars contre 17 416. Cette information provoque une panique chez les milliardaires qui prennent peur pour leurs intérêts. Trump se lance dans la campagne électorale et dénonce 40 ans de politique de Nixon-Kissinger. Ils sont accusés d’avoir ouvert la porte à la Chine, considérée, aujourd’hui, comme la plus grande menace pour la sécurité des Américains et du monde libre. Il gagne la présidentielle, en 2016, sur le slogan « Make America Great Again » (Que l’Amérique soit encore puissante). Le sentiment de déclassement se double du déclin des valeurs morales.

Une période historique irréversible

La réalité réside dans l’expansion du capitalisme et l’exacerbation de ses contradictions. Après l’effondrement de l’URSS, en 1989, les États-Unis et les Européens se lancent dans la réalisation d’un marché unique mondial. En résumé : abattement des frontières, suppression des taxes douanières, liberté de circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. Créé le 1er janvier 1995, l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) a pour tâche d’accélérer la réalisation de cette grande ambition. La fin des tarifs douaniers va provoquer une grande révolution qui va nuire aux plus faibles et renforcer les plus gros. Le Parti communiste Chinois engage une réforme titanesque de son ancienne économie planifiée pour intégrer les règles du marché unique mondial. Son adhésion a été acceptée le 11 décembre 2001. La transformation du pays a été fulgurante. Pourquoi ?

Contrairement à la politique soviétique de bloc contre bloc, le PC Chinois agit dans le cadre du capitalisme mondialisé pour régler son retard de développement et éradiquer la pauvreté. Le résultat est spectaculaire. Son PIB (en PPA) a continué de progresser. En 2024, il passe à 30 000 milliards de dollars alors que les États-Unis se situent à 25 000 milliards. La différence était de 216 milliards en 2014. Elle atteint 5 000 milliards, dix ans plus tard, en 2024. C’est sur cette vision d’avenir que le dernier congrès du Parti communiste Chinois a programmé que la Chine sera la première puissance mondiale pour le centenaire de son entrée au pouvoir, en 1949. Ainsi, la Chine met fin à l’hégémonie anglo-américaine. Elle retrouve sa place de première puissance économique d’avant l’invasion du pays, à 2 reprises, puis son occupation par les armées occidentales, dont celle de la France. Et, à partir de 1931, par le Japon. Tous les occupants ont été chassés.

La Chine inspire confiance

Trump pense contrecarrer cette perspective par la guerre commerciale et la brutalité impériale. Or, la contradiction principale des États-Unis, c’est le chaos qu’il a installé à l’intérieur du pays. La rafle des immigrés et leur déportation, sans procédure réglementaire, est la marque d’un pays dont les dirigeants se sont installés dans la peur. Les Américains ne vont pas remplacer les immigrés dans les tâches subalternes. Pour savoir comment la Chine inspire confiance, reportez-vous à mon article publié dans « Temoignages.re » du 24 septembre où Tim Cook, le patron d’Apple, déclare

« Il y a une confusion à propos de la Chine. La Chine n’est plus un pays à bas coûts. L’idée populaire est que les entreprises viennent en Chine en raison du faible coût de la main-d’œuvre. Mais, la vérité est que la Chine a cessé d’être un pays à faible coût de main d’œuvre il y a de nombreuses années et qu’il n’y a aucune raison de venir en Chine du point de vue de l’offre. La raison en est la compétence, la quantité de compétence présente dans un endroit et le type de compétence qui s’y trouve. Comme mes produits nécessitent un outillage vraiment avancé, les compétences en outillage sont très approfondies ici. Vous savez, aux États-Unis, vous pourriez avoir une réunion d’ingénieurs en outillage et je ne suis pas sûr que nous puissions remplir la salle. En Chine, vous pouvez remplir plusieurs terrains de football. » - Tim Cook

Trump l’a invité à son investiture. Saura-t-il entendre la sagesse de ce patron américain dont l’entreprise pèse 3000 milliards de capitalisation boursière et caracole en tête du palmarès des entreprises les plus prospères ?

Ary Yee-Chong-Tchi-Kan

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