Les effets du changement de Premier ministre en Inde

Un bouleversement interne

31 octobre 2014, par Céline Tabou

Depuis sa nomination en mai, le Premier ministre indien, Narendra Modi a mis en place une nouvelle politique étrangère destinée au développement économique de son pays. Le but est de réduire les inégalités, de lutter contre la corruption et la lenteur bureaucratique mais surtout relancer l’activité.

Un lavoir à Mumbai, ville de 12 millions d’habitants. En Inde, la croissance n’a pas supprimé les inégalités et la pauvreté. Le BJP répondra-t-il aux attentes de ses électeurs ?

Lors de son premier discours de l’Indépendance, en août, Narendra Modi a mit l’accent sur gouvernance améliorée et sur l’une des priorités de son mandat : la propreté. Son objectif est de permettre aux grandes villes de ne plus être encombrées d’ordures d’ici 2019, et ainsi honorer la volonté de Gandhi.

Vers plus d’efficacité

Narendra Modi a proposé d’améliorer l’accès aux services financiers à certains Indiens, privés de compte bancaire et qui doivent faire appel à des prêteurs avec des taux usuraires. Le Premier ministre indien a rappelé ses promesses de campagne comme la modernisation du pays. Ainsi, la Commission centrale de la planification, qui encadre depuis des décennies l’économie indienne, sera remplacée par une structure plus moderne.
Mais pour cela, il devra lutter contre les querelles intestines qui minent son action. « J’ai vu qu’au sein même d’un seul gouvernement, il y avait des dizaines de gouvernements, comme si chacun d’entre eux avait son propre fief », a-t-il déclaré lors de son discours d’Indépendance.
Une remarque relevée par beaucoup d’Indiens, qui dénoncent une bureaucratie tatillonne minée par la corruption d’un certain nombre de fonctionnaires. « Le gouvernement, ce n’est pas une entité faite de bric et de broc, c’est une entité structurée. J’ai tenté d’abattre ces murs », a indiqué Narendra Modi.
Autre mur qu’il souhaite abattre, la saleté. Pour honorer la mémoire du héros de l’indépendance, Gandhi, il a lancé une campagne appelée « Clean India », destinée à résoudre le problème posé par les sanitaires et les ordures. De nombreuses villes indiennes, dont New Delhi et Bombay, sont dépassées par le problème des ordures ménagères. Celles-ci découlent de la croissance économique débridée mais aussi d’un développement urbain anarchique, de la surpopulation et d’un certain manque de civisme, a indiqué l’agence de presse Reuters.
C’est pourquoi, le Premier ministre a obligé certains fonctionnaires à travailler un jour férié, pour participer au nettoyage de leurs locaux. « Nous achetons tous des balais. Nous allons même nettoyer les sanitaires », a déclaré un responsable au ministère de la Défense à Reuters.

Réparer les dégâts

Lors de la campagne électorale, il avait promis de relancer l’économie, dont le taux de croissance est tombé sous 5%, de favoriser l’emploi pour le million d’Indiens et d’envisager une politique de grands travaux. Raison pour laquelle, le premier ministre indien a, durant six mois, voyagé à travers le monde, afin de consolider ses relations avec ses voisins et de renouer des liens, notamment avec les États-Unis.
Au cours de ces voyages, la méthode Modi a fait ses effets. Il a misé sur les relations économiques et commerciales, favorisant des rapports lui permettant le plus de marge de manœuvre pour son pays. Que ce soit à l’OMC, où il a fait pression pour des progrès plus rapides concernant l’exemption de ses réserves alimentaires, qu’après de Barack Obama, avec qui il a assuré une relation commerciale plus pérenne, via la communauté indienne des États-Unis.
Le Premier ministre n’a pas donné suite à la volonté de certains de ses proches de supprimer l’aide alimentaire et un ensemble d’aides sociales jugées coûteuses, afin de réorienter les fonds publics vers davantage de mesures susceptibles de réduire la pauvreté. Bien que les réformes politiques ne soient pas encore lancées, comme promis.
Pour certains économistes, « il faut ramener nos attentes à un niveau réaliste, acceptable », a indiqué Shubhada Rao, chef économiste de YES Bank. En effet, « au cours des trois premières années, nous allons observer une phase de réparation et d’amélioration. Ensuite, l’économie sera en mesure de décoller. Avant toute réparation, toute annonce spectaculaire ne servirait à rien », a expliqué ce dernier.

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