Accord conclu à Brazzaville
Un cessez-le-feu en Centrafrique
25 juillet 2014, par
Un accord de cessez-le-feu a été péniblement signé au forum de Brazzaville pour la paix en Centrafrique mercredi 23 juillet. Après huit mois de violences intercommunautaires, cet accord est le premier mais celui-ci pourrait ne pas durer.
Cet accord a été signé par les représentants des deux principaux parties en conflit, la Séléka, à dominante musulmane, et les milices anti-balaka, formées majoritairement de combattants chrétiens. Des représentants politiques et religieux tels que l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et l’imam Layama Kobine, président de la communauté islamique de Centrafrique, ont signé ce cessez-le-feu, ainsi que des civils centrafricains et des parrains étrangers, comme le président congolais Denis Sassou Nguesso.
Pour la réconciliation
Débuté lundi 21 juillet, le "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique" n’est pas parvenu à fixer un cadre en vue du désarmement et de la démobilisation des milices. D’ailleurs, aucune feuille de route n’a été faite pour un retour au calme politique. Cependant, pour le président congolais Denis Sassou Nguesso, "Brazzaville constitue (un) premier pas" avant un dialogue national et un "forum de réconciliation nationale qui clôturera formellement le processus que nous venons d’engager".
D’après l’Agence France Presse, qui s’est procuré le document, celui-ci prévoit la cessation de tous les actes de violence contre les populations civiles, le respect et la protection des droits humains, l’arrêt et l’abstention de toutes actions et incitations de nature a nuire aux efforts visant a faire valoir l’esprit de fraternité et de concorde nationale.
En mars 2013, le président François Bozizé a été détrôné par la Séléka, alors la Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants et en uranium, est plongée dans le chaos. L’acharnement de violences entre les deux communautés a conduit des centaines de milliers de Centrafricains à s’exiler, alors que les membres de la Séléka et les milices anti-balaka s’attaquent et s’embourbent dans un cycle de représailles qui a fait des milliers de morts, principalement des civils.
"Le préalable de tout, c’était la cessation des hostilités", a déclaré la présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Panza. Cette dernière est arrivée à son poste en janvier 2014 après l’éviction de Michel Djotodia, qui avait chassé François Bozizé, jugé incapable d’assurer la stabilité du pays.
Un accord de courte durée
« Tout le monde va suivre", a assuré Patrice-Edouard Ngaissona, coordonnateur national anti-balaka. De son côté, Mohamed-Moussa Dhaffane, signataire pour la Séléka, a assuré que toutes les composantes de son mouvement s’engagent. Cependant, les divisions au sein de la Séléka ne laissent pas présager de retour au calme, ainsi que l’absence de centralisation chez les anti-balaka.
D’après l’AFP, un représentant ministériel centrafricain a exprimé ses doutes et sa déception face à cet accord, sur lequel il a émis "beaucoup de réserves" quant à a capacité de l’accord à ramener enfin la paix. L’accord "repose sur des bases extrêmement ténues" puisqu’ "il n’y a pas vraiment eu de dialogue pendant ces trois jours entre la Séléka et les autres participants" et que "se pose encore la question de la représentativité des uns et des autres", a expliqué Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale du groupe de réflexion International Crisis Group.
Pour Catherine Samba Panza, le forum de Brazzaville est une étape "fondamentale pour la paix et la sécurité en RCA". A partir du 15 septembre 2014, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Rca (Minusca) va prendre le relais sur le terrain, en se substituant progressivement aux forces internationales. En effet, pour l’heure, la France qui a déployé 2.000 soldats, aux côtés de la force de l’Union africaine comptant environ 5.800 militaires.
Le dernier rapport du secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon préconise le déploiement de 11.820 casques bleus dont 10.000 soldats et 1.820 policiers, pour la "protection des civils". La mission devrait être élargie au "soutien au processus politique" de transition. Le but sera alors de restaurer l’autorité de l’Etat, d’organiser des élections, d’acheminer l’aide humanitaire et de permettre le retour des milliers de personnes déplacées.
Céline Tabou