États-Unis : première puissance mondiale ?

Un colosse aux pieds d’argile

8 août 2007

Après les infrastructures défectueuses de New-York, cause il y a quelques semaines d’un regain de panique suite à l’explosion de canalisations d’eau, c’est un pont de Minneapolis (Minnesota, nord) qui s’est effondré dans le fleuve Mississipi, faisant - selon un bilan encore incertain - neuf morts, soixante-neuf blessés et entre vingt et trente disparus. Dans les deux cas, si le souvenir des attentats terroristes de 2001 a pu être évoqué, il a été aussitôt écarté : ce sont les infrastructures du pays qui sont notoirement montrées du doigt, dans les deux cas, comme trop vétustes et structurellement défectueuses. À New-York, le maire de la ville a signalé lors de l’explosion - qui a fait un mort et plusieurs blessés - que la canalisation défectueuse, datée de 1927, n’avait jamais été réhabilitée.
De son côté, l’effondrement du pont du Minnesota vient souligner que plusieurs avertissements récents n’ont pas été pris en considération. Un rapport de 2001 du Département des Transports du Minnesota avait noté un problème de corrosion sur les poutres en acier du pont, dont la construction date de 1967. Ce même rapport soulignait que « les poutrelles triangulaires, solidaires les unes des autres, faisaient courir le risque d’un effondrement total du pont si une seule cédait ». En 2003, la Société américaine des ingénieurs du génie civil avait lancé un avertissement selon lequel « 27% des ponts américains présentaient des faiblesses structurelles ou des problèmes de corrosion, ou bien étaient obsolètes en raison de normes de construction dépassées ». Et dans le Minnesota en particulier, ce sont 40% des ponts qui seraient défectueux.
Ces exemples qui nous viennent de la plus grande puissance mondiale, donnée volontiers en exemple au reste du monde, rappellent que la maintenance des infrastructures, tout comme les services publics pour la santé ou l’éducation, relèvent de l’intervention de l’Etat. Dans le cas des Etats-Unis, ces accidents à répétition témoignent surtout de l’affaiblissement de l’État fédéral américain, voire de son effacement devant la poussée des tenants d’une économie ultralibérale dominée par la course au profit et l’émiettement politique qui lui correspond.
À méditer, pour ne pas laisser les apprentis sorciers de l’ultra-libéralisme importer en France des méthodes dont il est évident qu’elles n’aboutissent qu’à affaiblir tout ce qui sert l’équipement, les infrastructures et les biens communs d’une communauté nationale (l’éducation, la santé, la police, la sécurité civile...). Au vu de ce qui s’est passé aux Etats-Unis - rappelons-nous la grande panne électrique en Californie, l’état du logement en Louisiane révélé par Katrina et plus près de nous, en Grande-Bretagne, l’état du réseau ferroviaire... - après des décennies de “libre négligence” des services publics, il n’est plus nécessaire de démontrer que ce n’est pas la voie à suivre.
Mais aussi, après les grandes illusions de la campagne présidentielle, il faudra veiller à ce que le gouvernement donne acte aux Français que l’ultralibéralisme n’est pas la direction à prendre.

P. David


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