Un SMIC luxembourgeois égale 20 SMIC roumains

Un long chemin vers l’Europe sociale reste à faire

27 août 2005

De 116 à 1.467 euros : telles sont les valeurs extrêmes entre lesquelles se répartissent les salaires minima des différents États membres de l’Union européenne. C’est le principal constat que l’on peut faire à la suite d’une enquête Eurostat publiée en juillet dernier. Cela montre tout le chemin que l’Union européenne doit encore parcourir avant que l’Europe sociale, c’est-à-dire l’harmonisation par le haut des droits des travailleurs, soit une réalité.

L’harmonisation sociale par le haut est vraiment une nécessité dans l’Union européenne, car une étude d’Eurostat (1) relève les données qui permettent la mise en concurrence des travailleurs au sein de l’Union européenne. C’est ce que l’on peut constater à la lecture d’une étude réalisée par l’institut de statistique de l’Union européenne dans les pays où la loi fixe un salaire minimal, et qui ne concerne donc pas l’Allemagne et les États membres de Scandinavie (Suède, Finlande, Danemark).
Avant le dernier élargissement, alors que l’Union européenne comptait 15 États membres, les salaires minima allaient de 416 euros par mois au Portugal à 1.369 euros mensuels pour le Luxembourg.

116 euros par mois en Lettonie

Avec l’élargissement à 25, c’est toujours le Grand-Duché qui garantit à ses travailleurs le salaire minimum le plus élevé de l’Union européenne (1.467 euros), et c’est en Lettonie qu’il est le plus faible, avec 116 euros. Ce minimum a même diminué de 6 euros depuis 2004.
Dans le peloton de tête, selon Eurostat, on remarque les Pays-Bas (1.265 euros), la Belgique (1.210 euros), la France et le Royaume-Uni (1.197 euros), l’Irlande (1.183 euros). Précision : dans tous les cas, Eurostat fait état du salaire brut.
L’enquête de l’institut de statistique de l’Union européenne montre l’étendue de la ligne de fracture qui sépare les États membres de la CEE d’avant 1980 (Europe des Neuf : RFA, France, Italie, Belgique, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Grande-Bretagne, Irlande, Danemark) auxquels on peut ajouter la Suède, la Finlande et l’Autriche (élargissement de 1995), des autres. Petit tour d’horizon...
La Grèce a adhéré à la CEE en 1980, en 2005, le salaire minimum constaté est de 668 euros. L’Espagne et le Portugal ont rejoint la CEE en 1986, les salaires minima respectifs au 1er janvier 2005 sont de 599 euros et 437 euros. Quant aux adhérents de l’élargissement du 1er mai 2004, c’est encore plus faible. Quelques exemples : la Lettonie, c’est 116 euros bruts garantis par mois ; la Slovaquie, c’est 167 euros bruts ; en Pologne, le salaire minimum est de 205 euros bruts ; en République tchèque : 235 euros bruts. La Slovénie et Malte s’intercalent entre le Portugal et l’Espagne avec respectivement 490 et 557 euros bruts.

Rapport de 1 à 20

Il est à noter qu’Eurostat compare ces salaires minima avec celui qui est garanti au niveau fédéral aux États-Unis, et ce dernier est en chute libre, il est passé de 877 euros bruts en 2003 à 666 euros bruts en 2005, soit à peine la moitié du SMIC en France.
Quant aux prochains pays qui doivent adhérer à l’Union européenne, les salaires minima sont encore plus faibles que ce qui existe aujourd’hui au sein des Vingt-Cinq : 72 euros mensuels bruts en Roumanie, 77 euros bruts en Bulgarie.
Les disparités sont donc considérables : un SMIC luxembourgeois égale donc près de 20 SMIC roumains.

L’esprit de la “Constitution Giscard”

Les disparités considérables du salaire minimum sont révélatrices de l’Europe que les défenseurs de la “constitution Giscard” souhaitent imposer. Car, comment peut-on imaginer un vaste espace de libre-échange, où la “concurrence est libre et non faussée”, avec des telles inégalités salariales ?
Devant ce constat, comment s’étonner des délocalisations d’entreprises d’Europe occidentale vers l’Est ? De la multiplication des kilomètres parcourus pour la réalisation et la commercialisation d’un produit au détriment de la protection de l’environnement ?
Car dans le contexte libéral qui prédomine, toutes les conditions sont réunies pour une mise en concurrence des travailleurs, avec pour conséquence un nivellement des droits par le bas pour ceux qui comparativement bénéficient des meilleures garanties.
Graver ces conditions dans la loi, c’est notamment l’esprit de la fameuse directive Bolkestein et du traité constitutionnel européen. Deux textes qui, s’ils ont été repoussés par la mobilisation de l’opinion et par la voix des urnes, ne sont pas définitivement enterrés.
Tout ceci montre que long est le chemin qui mène à l’Europe sociale, souhaitée par ceux qui veulent que l’Union européenne permette l’harmonisation des droits sociaux par le haut, au profit des travailleurs.

Manuel Marchal

(1) Voir sur le site d’Eurostat, le texte de l’étude “Salaires minima 2005 : des écarts importants entre États membres de l’UE” à l’adresse suivante : http://epp.eurostat.cec.eu.int/cache/
ITY_OFFPUB/KS-NK-05-007/FR/KS-NK-05-007-FR.PDF


Déficit public de l’Allemagne : 3,6% du PIB

Selon les données provisoires publiées mardi par Destatis, l’Office fédéral des statistiques, le déficit public de l’Allemagne, incluant les comptes publics du gouvernement, des États régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale, a atteint 39 milliards d’euros au premier semestre 2005, soit 3,6% du PIB. À l’issue de la même période en 2004, ce déficit était de 43,1 milliards d’euros soit 4% du PIB. Une embellie réconfortante pour le chancelier Gerhard Schröder en pleine campagne électorale.
Ces données confirment cependant que l’économie allemande s’oriente vers une nouvelle violation du Pacte de stabilité qui limite le déficit public à 3% du PIB et que l’Allemagne enfreint depuis 2002. Pour cette année, le gouvernement allemand table, en effet, sur un déficit de 3,7% comme en 2004 et l’espoir de revenir avant 2008 sous la barre de 3% s’est pratiquement envolé.

(Source “Fenêtre sur l’Europe”)


51.000 défaillances d’entreprises attendues en France fin 2005

Selon la société d’assurance-crédit Euler Hermes SFAC, les défaillances d’entreprises en France ont enregistré une hausse de 5,1% au 1er semestre 2005 malgré des créations d’entreprises toujours très dynamiques en 2004. Cette augmentation a touché la plupart des secteurs d’activité à l’exception de l’immobilier et de l’industrie. Les premières indications pour le second semestre confirment cette tendance à la hausse (+4,4% sur les 12 mois cumulés à fin juillet). Les défaillances devraient atteindre les 51.000 cas sur l’ensemble de l’année (soit +5%). Le ralentissement des créations d’entreprises observé au 1er semestre 2005 et l’accélération de la croissance économique attendue pour 2006 (+2,1%), laissent espérer une stabilisation des défaillances l’année prochaine, "sous réserve que la nouvelle procédure de sauvegarde qui devrait entrer en vigueur début 2006 ne soit pas utilisée massivement par les entreprises dès son introduction", note Euler Hermes.


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Messages

  • Ne chercher plus les avantage en Europe c’est donc bien les luxembourgeois qui restera en tête avec pour le SMIC de * 15-17ans/ 1.177.71€
    *17-18 ans /1.256.22€
    *18 ans non qualifier/ 1.570.28€ ///// qualifier 1.884 €
    *les salaire d’un professeur députant au Luxembourg et équivalent d’un salaire de proviseur de l’université franc ais

    fais le 04/02/2008 10:38:30

    conseil : vivier en France et travailler au Luxembourg


Témoignages - 80e année


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