Irak

Un mensonge pour justifier la guerre démenti

L’affaire de la vente présumée d’uranium nigérien

4 août 2003

Le président nigérien, Mamadou Tandja, a déclaré, samedi, avoir définitivement fermé le dossier de la prétendue vente d’uranium du Niger à l’Irak, soulignant que « cette affaire n’est rien d’autre qu’une accusation sans fondement ». Au plus fort de la guerre contre l’Irak, le Niger avait été accusé d’avoir vendu de l’uranium à l’Irak dans le cadre de son programme nucléaire. L’accusation avait été aussitôt rejetée en bloc par les autorités nigériennes. Par la suite, la commission onusienne mise en place dans le cadre de l’enquête sur le dispositif nucléaire en Irak, avait disculpé le Niger, estimant qu’aucune preuve n’avait été fournie pour soutenir une telle accusation.

Dans un discours radiotélévisé à l’occasion du 43ème anniversaire de l’indépendance du Niger, Mamadou Tandja est revenu sur l’accusation de la vente de l’uranium à Bagdad, l’un des arguments utilisés par Londres et Washington pour justifier l’intervention en Irak. « Sur la base d’éléments convaincants présentés par le gouvernement ainsi que les analyses concordantes de différents experts et journalistes professionnels, il ressort de manière indiscutable que notre pays n’a pas vendu cet uranium à l’Irak », a souligné le président Tandja. Il a ajouté que les données sont désormais « si claires et si évidentes » que la communauté internationale dans son ensemble reconnaît toute la fausseté de ce dossier. « Du reste, l’autorité la plus compétente en la matière, à savoir l’Agence internationales pour l’énergie atomique (AIEA), saisie de la question, a publiquement lavé le Niger de tout soupçon devant le Conseil de sécurité des Nations Unies », a rappelé le président nigérien. « Fort de cela, notre pays ne peut que sortir indemne et grandi d’une situation dans laquelle, de toute manière, il n’est ni de près ni de loin impliqué », a-t-il conclu.

La semaine dernière, l’ancien secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires africaines, Herman Cohen avait, au sortir d’une audience avec chez le chef de l’État nigérien, rassuré ce dernier sur la suite réservée par l’administration Bush au dossier de vente d’uranium nigérien à l’Irak, confirmant que, pour les Américains, cette page était tournée. « La page est désormais tournée. Les Américains ont accepté que l’information sur la vente de l’uranium nigérien à l’Irak était basée sur de faux documents », avait dit en substance Herman Cohen. Évoquant l’attitude du Premier ministre britannique, Tony Blair, qui continue de soutenir le contraire, Herman Cohen a déclaré que « les Anglais ont tort d’insister ». « J’ai dit au président Tandja de ne pas se faire de soucis pour cette histoire de vente d’uranium à l’Irak. C’est une affaire intérieure aux États-Unis qui ont beaucoup de regrets à ce sujet », a-t-il indiqué, ajoutant qu’on a utilisé de faux documents pour accuser le Niger. « C’est une situation regrettable et nous en sommes vraiment navrés », a-t-il déclaré.
Exploité depuis 1971 par deux sociétés, la Société des Mines de l’Aïr (SOMAIR) et la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK), l’uranium a permis au pays d’amorcer son développement économique et social au cours des années 79, 80, 81 appelées années du "boom de l’uranium". Malheureusement, avec l’effondrement de ses cours, l’uranium ne contribue que très peu au Produit intérieur brut (PIB) du pays. De 4.800 tonnes en 1981, la production s’est, depuis une dizaine d’années, stabilisée et ne dépasse guère les 3.000 tonnes pour les deux compagnies. Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium après le Canada et l’Australie. Il contribue pour 9% à la production mondiale.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus