Une nouvelle grande entreprise dépose le bilan en France

Un millier d’emplois menacés

7 janvier 2013, par Céline Tabou

La direction de Virgin a convoqué ce lundi, un comité d’entreprise extraordinaire « dont l’objet va porter sur le projet de déclaration de cessation de paiement de l’entreprise », a indiqué la porte-parole de la société.

À La Réunion, la franchise Virgin a dû également fermer ses portes.

Depuis des années en difficultés financières, Virgin évolue dans un secteur bouleversé par l’arrivée de concurrents qui ne vendent que par Internet. La chaîne de magasins de produits culturels et multimédia « Virgin Megastore » emploie 1.000 salariés en France, elle devrait déposer le bilan. Les syndicats ont de leur côté appelé vendredi 4 janvier, à «  un grand élan de tous les salariés  », désignant l’actionnaire majoritaire Butler comme «  le principal responsable de la situation  ».

Pas en mesure de régler ses créanciers

Le dépôt de bilan pourrait déboucher sur une procédure de redressement, ou sur une liquidation judiciaire, c’est-à-dire la disparition de l’entreprise, ont expliqué les syndicats. En effet, Virgin est confronté depuis plusieurs années, à des difficultés et un chiffre d’affaires en baisse constante. Les ventes ont reculé à moins de 286 millions d’euros en 2011, contre 340 millions en 2010. il s’agit là d’une chute des marchés traditionnels, à l’instar de la FNAC, qui a du se diversifier en vendant de l’électroménager. En deux ans, le groupe Virgin a réduit ses effectifs de 200 salariés et fermé cinq magasins.

Face à cette situation, une porte-parole de la société, contrôlée majoritairement depuis 2008 par le fonds d’investissement Butler Capital Partners, a expliqué que le conseil d’administration se réunira autour du « projet de déclaration de cessation de paiement de l’entreprise » . Parmi les lieux stratégiques de l’enseigne, la fermeture du « Virgin Megastore » des Champs Elyssés est symbolique, car 25 ans après son installation, il s’agissait du grand magasin de musique du monde.

Selon Laurent Degousée, secrétaire de SUD Commerce Île-de-France et ancien salarié de Virgin, la gestion du fonds Butler est en cause.  « Il n’y a pas eu de véritables projets pour Virgin alors que cette marque dégage encore de vraies possibilités », a-t-il indiqué . Un observateur du monde de la distribution a estimé au quotidien La Croix, que «  Virgin était en outre pénalisée par une offre plus centrée autour du disque et du livre et donc a été davantage victime du succès d’Internet » .

L’impact d’Internet sur les ventes

« Internet fait subir une double concurrence aux marchands de biens culturels. La distribution de biens matériels qu’on achète de plus en plus en ligne mais aussi l’achat en ligne de biens dématérialisés » (musique ou logiciels en ligne, livres numériques), a expliqué Olivier Dubouis, consultant associé au cabinet Diagma. L’«  effet générationnel  » dû aux nouvelles générations formées au numérique a pesé sur les magasins traditionnels et les ventes de produits CD, DVD, livres et magazines. « Quand ils arrivent à l’âge d’être consommateur, les conséquences sont très importantes », a précisé Olivier Dubois au quotidien la Croix.

Une étude du cabinet GFK pour la Fédération d’e-commerce et de la vente à distance (Fevad) a mis en évidence l’évolution d’Internet pour la diffusion des produits culturels, tels que les livres, loisirs interactifs, vidéos et musiques, ont accru sur Internet mais diminué de plus de 7 % entre janvier et septembre 2012, pour l’ensemble.

L’intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) de Virgin ont appelé à « un grand élan de tous les salariés », le 9 janvier devant le magasin des Champs-Élysées. Ces derniers ont désigné l’actionnaire majoritaire Butler comme étant «  le principal responsable de la situation » . Ces derniers ont également dénoncé le manque de moyens alloués par les actionnaires à une «  stratégie offensive pour trouver de nouveaux marchés » .

« Une catastrophe sociale »

L’intersyndicale a «  de fortes présomptions  », car « q uand une entreprise dit que ça va mal et ne présente pas de PSE [plan de sauvegarde de l’emploi], ça veut dire qu’ils veulent nous enfumer  », a déclaré Jean Damien (SUD). «  Vu l’état des comptes, on s’y attendait à moitié  », a ajouté Loïc Delacourt, élu CFE-CGC au comité d’entreprise.

Pour les syndicalistes, les choses sont claires, les dirigeants de Virgin Megastore n’ont pas développé de réelle stratégie économique pour préserver les emplois du millier de salariés de l’enseigne. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a précisé que «  Virgin n’a pas fait les virages qu’il fallait à un moment donné en terme de stratégie économique  », au quotidien Le Monde.

Quel que soit les magasins concernés, « une fermeture serait une catastrophe sociale pour l’emploi parisien, alors que le chômage atteint des sommets », a dénoncé dans un communiqué de presse, Ian Brossat, président du groupe Parti Communiste Français-Parti de Gauche au conseil de Paris. « C’est tout à fait terrible comme nouvelle », a réagi de son côté, la présidente du Medef, Laurence Parisot, sur BFM. 

Céline Tabou

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