Un principe de régime colonial que nous devons combattre !

27 février 2008

Le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Christian Estrosi, a indiqué vendredi dernier qu’il souhaitait suspendre le droit du sol sur l’île de Mayotte pour les enfants nés de parents étrangers. La Ligue des Droits de l’Homme s’insurge et dénonce cette tentative de « discrimination anti-constitutionnelle ».
La LDH rappelle, d’une part, que Monsieur Estrosi n’est pas habilité à modifier les lois de la République française : c’est le rôle du Parlement et non celui d’un secrétaire d’Etat.

D’autre part, la LDH alerte les citoyens sur cette déclaration qui laisse présager une discrimination anti-constitutionnelle...
Elle est évidemment une proposition conforme au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar : il y a des populations qui ont moins de droits et de valeur que les autres !... A l’époque, déjà, la Ligue des Droits de l’Homme avait très vivement réagi. Et le cas de Mayotte n’est pas nouveau, car l’ancien ministre de l’Outre-mer, François Baroin, avait déjà proposé une loi en ce sens, que nous avions critiquée.

Sans nier les problèmes existants à Mayotte, la LDH continue à répéter sans cesse que ces femmes et ces hommes ont des droits qu’il faut respecter. Or, au lieu d’améliorer leur condition, on les entraîne vers davantage de souffrance sans régler les problèmes.
De plus, en voulant faire deux lois différentes concernant le droit du sol : une loi applicable en métropole et une autre dans les territoires lointains d’Outre-mer, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer défend le principe d’un régime colonial. La France évolue encore dans une période où il y a d’un côté l’Empire français et de l’autre les colonies. Il y a la Métropole puis les Africains. La France a bien tenté de mettre en valeur l’héritage « positif » de la colonisation à travers une loi qui fut, heureusement, abrogée.

Mais nous en sommes encore là. Certains individus valent plus que d’autres...
La LDH rappelle avec force que le droit du sol fait partie intégrante du pacte républicain et qu’invoquer sa remise en cause à des fins de lutte contre l’immigration clandestine ne saurait faire oublier cette réalité.


Christophe Pomez,
Membre du comité central de la Ligue des Droits de l’Homme,
Membre de la section LDH de Saint-Denis


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus