Demain en Crimée

Un référendum tant attendu

15 mars 2014, par Céline Tabou

Dimanche, les 1,5 million d’électeurs de la région voteront pour ou contre le rattachement de la région ukrainienne à la Russie. Deux camps s’affrontent d’un côté les Occidentaux qui promettent des « mesures très sérieuses », de l’autre la Russie qui accentue les manœuvres militaires près de la frontière est de l’Ukraine.

Demain, la carte de l’Europe risque de changer si les électeurs de Crimée choisissent de demander le rattachement à la Russie. Cela se ferait sans que les autres Ukrainiens puissent donner leur avis. Du jamais vu depuis la crise du Kosovo en Yougoslavie.

Jeudi soir, des heurts ont causé la mort d’un manifestation pro-Kiev, à Donetsk, dans l’est du pays. Un jeune homme de 22 ans a été poignardé par des militants pro-russes, lors rassemblement en faveur de l’unité ukrainienne. Des sources sur place, citées par Euronews, font état d’un second décès, membre du parti ultra nationaliste, Svoboda. Plusieurs dizaines de blessés ont été dénombrés.

Dialogue de sourds

En réponse à cette montée de la violence dans l’est du pays, le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de faire pression en se réservant « le droit de se porter au secours de ses concitoyens et compatriotes en Ukraine », a indiqué l’Agence France Presse. Le but serait de presser les Occidentaux, en pleine négociation à Londres.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères se rencontrent pour la quatrième fois, vendredi 14 mars à Londres. D’un côté, John Kerry devait convaincre Moscou de ne pas soutenir le référendum de dimanche 16 mars. L’émissaire américain a ainsi réitéré les volontés de la communauté internationale de la création d’un groupe de contact sur l’Ukraine, le retrait des « éléments armés » de Crimée, l’envoi d’observateurs internationaux, le lancement des pourparlers entre Moscou et le nouveau gouvernement à Kiev et enfin, l’arrêt du soutien de Moscou aux forces séparatistes.

Face à ces exigences, de nombreux observateurs affirment qu’il y a peu de chance pour que les autorités russes accèdent aux demandes des Occidentaux. Pour alors contrer les résultats du référendum, le président en exercice de l’OSCE Didier Burkhalter a jugé que le référendum était « illégal ». Une position suivie par le ministère allemand des Affaires étrangères qui a souligné que le résultat du référendum serait « sans signification ».

Menaces de sanctions

Au lendemain du référendum, les Etats-Unis et l’Union Européenne ont affirmé par la voix de John Kerry, qu’ils étaient prêts à prendre « une série de mesures très sérieuses » visant Moscou. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, a demandé à la tribune du Conseil de sécurité des Nations unies, le retrait des soldats russes dans la péninsule, et d’entamer des négociations.

Suite au décès du jeune homme à Donetsk, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé « les militants séparatistes envoyés de l’extérieur qui ont provoqué cette bagarre ». « Pour eux et leurs maîtres au Kremlin, la vie humaine qu’ils prétendent protéger ne vaut rien », a-t-il dénoncé. Selon, l’AFP, « de nombreux Ukrainiens pensent que la Russie ne s’arrêtera pas aux frontières de la Crimée ».
Les Tatars (population d’origine turque) ont appelé au boycott du référendum, prévoyant des manifestations. Leur leader, Moustafa Djemilev, a demandé à l’OTAN d’intervenir « avant qu’il y ait un massacre ».

En attendant, Bruxelles accélère son rapprochement avec l’Ukraine, avec la signature du volet politique de l’accord d’association avec l’Union européenne, au cours du prochain sommet de l’UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars. Du côté russe, 8.500 soldats russes participent à des manœuvres près de la frontière avec l’Ukraine.

 Céline Tabou  

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