Sarkozy/Hollande ensemble

’Un zanbrokal avarié’, dira Michel Vergoz ?

23 mars 2005

La photo parue dans “Paris-Match” de cette semaine montrant Nicolas Sarkozy et François Hollande côte à côte fait beaucoup parler d’elle. Qu’en pense Michel Vergoz, le dirigeant socialiste de La Réunion ? Va-t-il parler de ’zanbrokal avarié’ comme il avait dit à propos du rassemblement des Réunionnais conduit par Paul Vergès aux élections régionales de 1998 ?

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La montée du “non” dans les sondages sème la zizanie au sein du Parti socialiste. "La Direction du PS et son Premier secrétaire, François Hollande, se trouvent actuellement en difficulté dans leur entreprise de promotion de la Constitution européenne, la montée du “non” dans les sondages coïncidant avec une forte résistance à l’égard de la ligne officielle", écrit une dépêche de l’AFP.
Mais ce n’est pas le seul élément qui trouble militants et dirigeants. La couverture de “Paris-Match”,
(1) jeudi, montrant François Hollande et Nicolas Sarkozy souriants, côte à côte suscite des commentaires agacés.
La Direction du PS fait tout pour distinguer son “oui” de celui de la droite en expliquant notamment qu’elle y met derrière tout un contenu social. En s’affichant à côté du président de l’UMP - dont les thèses ultra-libérales sont connues - le Premier secrétaire du PS ruine partiellement la stratégie de son parti. Des socialistes critiques vont jusqu’aux détails et font remarquer que les deux hommes portaient le même costume rayé et la même couleur de cravate. "C’est un hasard", réplique Bertrand Delanoë.
Mais le mal est fait et ouvre la voie à des commentaires ironiques. "“Vous imaginez Mitterrand posant avec Giscard ?”, demande le fabiusien François Loncle. “Personne ne fera croire qu’Emmanuelli et Villiers pourraient être sur une même page de couverture”", lance pour sa part Henri Emmanuelli qui va encore plus loin en évoquant une confusion entre le “oui” de droite et de gauche et en parlant d’une collusion entre la Direction du PS et de l’UMP.

Complicité

Ces critiques, sur le fond, rejoignent celles formulées il y a quelques jours par le jospiniste Daniel Vaillant qui dans “France Soir”, le 11 mars, déclarait à propos de l’ancien Premier ministre : "s’il y en a un qui peut faire la disjonction entre sanctionner Chirac ou le Traité constitutionnel, c’est bien lui. On ne peut pas le soupçonner d’avoir une faiblesse pour le président de la République. Ni une faiblesse personnelle, ni une faiblesse esthétique, ni une faiblesse tactique". De nombreux observateurs ont lu, dans ces propos, une attaque indirecte contre l’actuel patron du PS, implicitement accusé de faiblesse à l’égard du chef de l’État.
Or, les commentaires de “Paris-Match” à propos des coulisses de la photo ne vont pas arranger les choses du dirigeant socialiste. Ils dénotent une certaine complicité entre les deux hommes "arrivés tous les deux avant 20 heures, François Hollande et Nicolas Sarkozy qui ont le même âge, 50 ans, se connaissent bien et profitent de l’occasion pour discuter en aparté. En coulisses, ils se font même rire l’un l’autre. Mais en public comme en privé, les deux chefs de parti ont l’art de n’être jamais d’accord sur rien, hormis la Constitution européenne. Ils l’ont montré au cours de cette rencontre, l’énarque Hollande et l’avocat Sarkozy se vouent une estime mutuelle", écrit l’hebdomadaire.

J. M.

(1) Assez bizarrement, l’édition de “Paris-Match” diffusée à La Réunion ne comporte pas en “une” la photo du couple Sarkozy/Hollande mais celle du milliardaire américain Donald Trump et de sa femme !


Bolkestein ou le cauchemar européen

L’autre soir, j’ai vu Bolkestein pleurer presque à la télévision. La rue l’avait maltraité, disait-il ! L’ex-commissaire européen se plaignait de l’attitude des personnes ayant manifesté en France et ailleurs contre sa directive instaurant le principe du tout marché et du Droit social du pays d’origine pour les services en Europe. Il reprochait à ces personnes d’avoir fait un jeu de mots sur son nom en l’appelant “Frankenstein”.
Par parenthèse, il faut rappeler que le titre complet du roman de Mary Shelley est “Frankenstein ou le Prométhée moderne” et que c’est - à mon avis - faire insulte au héros de ce roman fantastique, que de le comparer à un obscur tâcheron de la bureaucratie technocrate libérale européenne. Mais passons...
Donc, Fritz Bolkestein est en colère. Mais le sera-t-il jamais autant que les millions d’Européens qu’exaspère la lecture de ce qu’on nous présente comme une “Constitution” ? Ça, une Constitution ? Ce pavé notarial lugubre et glacé, truffé de considérants calculateurs et jurisprudentiels !?
Les partisans du “oui” n’ont encore rien vu et ne comprennent pas ce qui est en train de se passer dans les peuples. Ils sont habitués à renvoyer les critiques comme étant "mal informées" ou "sous informées" ou "manipulées" : bref, ils partent du principe que si les gens ne sont pas d’accord avec eux - eux qui savent ! - c’est que leur nature de vulgus pecum (troupeau vulgaire) ne leur permet pas de comprendre tout le bien qu’on leur veut à leur insu ! Mais quand comprendront-ils, eux qui sont si intelligents, qu’une démocratie qui génère autant de mépris n’a aucun avenir ?!

Le ver du "privilège"

Ce n’est pas du tout l’ignorance qui nourrit la colère montante. Si indigeste soit-il, le texte de la prétendue Constitution circule. Et je suis d’avis qu’il doit circuler encore plus vite et jusque dans les contrées les plus reculées de l’Europe. Parce que plus les citoyens et citoyennes vont le lire, plus la colère va monter. Ils verront d’eux-mêmes une “Constitution” qui, même lorsqu’elle évoque "l’espérance humaine", trouve le moyen d’y introduire le ver du "privilège" (Préambule, 4ème paragraphe).
Qu’est-ce qu’une Constitution ? C’est un texte fondateur qui unit une communauté humaine sur un ensemble de grands principes garantissant les libertés et les droits fondamentaux, individuels et collectifs. C’est un texte sur lequel s’accordent tous les citoyens unis par un même projet (qui devrait être, en l’occurrence, le projet européen), pour vivre leur communauté d’appartenance selon des formes que caractérisent en général une grande diversité et pas mal de contradictions.
Cette diversité et ces contradictions se règlent d’ordinaire dans le champ législatif : c’est au Parlement de trancher entre ce qui fait les options des uns et des autres. Mais sur la Constitution, tout le monde ou du moins, une très large majorité, doit pouvoir se retrouver.
C’est très loin d’être le cas. Pourquoi ? Parce qu’un clan essaie de verrouiller la Constitution en imposant à tous ses propres options. C’est pourquoi le texte qu’il présente est un invraisemblable embrouillamini. Sa lecture, un cauchemar.
Un cauchemar dont les peuples d’Europe sont en train de se réveiller.

P. David


Malgré les menaces de François Hollande

Henri Emmanuelli lance des collectifs socialistes du "non" dans tous les départements

Alors que le Bureau national du P.S. examinait hier soir d’éventuelles sanctions contre Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez pour avoir mené ouvertement campagne pour le "non" au référendum du 29 mai, Henri Emmanuelli a annoncé qu’il lance des collectifs socialistes pour le "non" dans tous les départements.
"Les socialistes qui sont pour le “non” sont privés de tous moyens. M. Chirac a promis 800.000 euros pour financer le référendum" mais "il n’y aura rien pour les socialistes qui prônent le “non”", a déploré le député des Landes lors d’une conférence de presse à la mi-journée. De plus, "nous serons exclus en termes d’expression de la campagne officielle".
"Face à cette double privation de moyens", a-t-il expliqué, "nous n’avons qu’une possibilité, c’est de faire une campagne de proximité" en installant "dans chaque département un collectif socialiste pour le “non” qui aura pour fonction de diffuser des argumentaires, de faire des réunions publiques et de répondre au besoin d’information". "Il y a en a d’ores et déjà une vingtaine en place, mais je pense que d’ici à fin de la semaine on sera à peu près partout", a-t-il précisé.
Jusqu’au 15 avril, ces comités du "non socialiste" s’adresseront en priorité aux électeurs socialistes, sans toutefois utiliser le sigle du parti. Ils pourraient ensuite tenir des meetings communs avec d’autres formations de l’ancienne gauche plurielle favorables au "non" ou des mouvements associatifs .
Quant aux menaces de suspension du Bureau national lancées par la direction contre son confrère du courant minoritaire "Nouveau monde" Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli a dénoncé de la "poudre aux yeux".


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