Réchauffement climatique

Une catastrophe annoncée pour les îles de l’océan Indien

Les récifs coralliens de notre région menacés de disparition

2 octobre 2003

Les coraux de l’océan Indien et de l’Asie du Sud-Est risquent de disparaître d’ici 15 à 20 ans, selon un scientifique britannique, Charles Sheppard, ajoutant que déjà 90% des récifs coralliens de l’océan Indien sont morts.

Selon la revue scientifique britannique "Nature" parue la semaine dernière, plus de 90% des coraux de l’océan Indien sont morts en raison du réchauffement des eaux provoqués par le phénomène El Niño en 1998.
Toutes les îles de notre région (La Réunion, Maurice, Seychelles, Comores, les Chagos, Zanzibar, Maldives...) ainsi que l’Asie du Sud-Est sont particulièrement menacées par ce phénomène. Charles Sheppard, un biologiste marin de l’Université de Warwick (Grande-Bretagne) a déclaré dans la revue que c’est à cause du phénomène El Niño que près de 90% de ces coraux ont disparu. Selon lui, même si ces coraux se reconstituent très lentement, les prévisions sont très pessimistes. « Si rien n’est fait, ces coraux seront complètement détruits d’ici 10 à 15 ans », indique le scientifique dont les conclusions sont basées sur de nouvelles statistiques relevées auprès de 33 sites dans la région, incluant le Golfe Persique et la Mer Rouge.

« La situation est tragique ! »

« Les coraux dans ces points chauds ne pourront pas résister à une autre attaque. Cinq ans après ce phénomène en 1998, seulement 3 à 5% des populations qui ont été blanchies se sont reconstituées. Beaucoup de ces récifs avaient plusieurs centaines d’années et il faut environ cinq ans pour qu’un corail puisse se reproduire et cinq autres années pour que s’établisse un éco-système viable », a-t-il poursuivi. Cela signifie que ces coraux n’ont aucune chance de se reproduire et de proliférer avant qu’ils ne soit frappés par une autre vague de chaleur dans les prochaines années. Ce qui fait dire au scientifique que d’ici 2020, « les sites les plus vulnérables seront en voie d’extinction ».
« La situation est tragique ! », s’est exclamé Charles Sheppard, en s’inquiétant pour les pays les plus pauvres de la zone, pour lesquels les récifs coralliens fournissent des ressources essentielles. C’est le cas pour les Seychelles, l’éco-système marin et le tourisme sont d’importantes sources de revenus.
Les effets possibles du réchauffement climatique sur les récifs coralliens sont particulièrement préoccupants, a alerté récemment le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Risques de dommages irréversibles

Durant le phénomène El Niño de 1997-98, il s’est produit dans le monde un très important blanchissement des récifs coralliens. Certains modèles prédisent une modification à long terme, entraînant une fréquence et une intensité accrues des phénomènes El Niño ou des situations météorologiques analogues. Si cela se produit, le blanchissement des coraux pourrait également s’aggraver et devenir plus fréquent, causant des dommages irréversibles.
Les indices donnent à penser que le déclin de longue durée des récifs coralliens dans l’archipel difficile d’accès des Chagos, serait lié à la fois au phénomène El Niño et à une élévation de la température de surface de l’eau de l’océan.
Un blanchissement massif des récifs coralliens dans différentes régions du monde a également été observé en 2000, rappelle-t-on de même source, signe possible que ce phénomène devient de plus en plus fréquent. Les récifs coralliens pourraient également être menacés par une augmentation de la teneur de l’eau de mer en CO2, qui compromet la formation progressive du calcaire.
Les petits États insulaires africains de la région et les zones côtières basses sont particulièrement exposés aux effets de l’élévation du niveau de la mer et des conditions météorologiques extrêmes. Ces pays, essentiellement côtiers, dépendent beaucoup des ressources du milieu côtier et marin.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus