Rencontre aujourd’hui entre le Président Barroso et les présidents des RUP

Une étape capitale

7 juin 2005

Aujourd’hui, M. José Manuel Barroso, président de la Commission de Bruxelles, rencontrera à Bruxelles une délégation des présidents des RUP, conduite par Paul Vergès, président en exercice de la Conférence des présidents des Régions ultra-périphériques. Une première rencontre de ce type, à un moment crucial, sur des problèmes très importants.

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La rencontre qui aura lieu aujourd’hui à Bruxelles en fin d’après-midi, entre le Président Barroso et le présidents des RUP avaient été demandée depuis le mois de décembre dernier. Ce fut une des premières initiatives prises par Paul Vergès qui venait alors d’être élu Président de la Conférence des Régions ultra-périphériques.
L’objet de cette rencontre est unique : la mise en œuvre de la politique de l’Union à l’égard des RUP. Son principe et son objet avaient été acceptés par le Président Barroso dans sa réponse.

Rappel du Mémorandum

La délégation des RUP va sans nul doute rappeler les grandes orientations définies dans le Mémorandum commun déposé par les gouvernements français, espagnol, portugais et les présidents des 7 RUP publié le 22 juin 2003.
Ce texte faisait écho à plusieurs initiatives de l’Union : engagement de Commission, en juin 2002, au Conseil européen de Séville à présenter un nouveau rapport sur les RUP inspiré par une approche globale et cohérente des particularités de leur situation et des moyens pour faire face à leurs problème ; communications de la Commission sur un partenariat renforcé pour les RUP (26 mai 2004 et 6 juin 2004).

Nombreux problèmes

Les sujets de débats ne manquent pas. Ils portent sur la notion même d’ultra-périphérie, la mise en œuvre de la stratégie de cohésion sociale et territoriale de l’UE, les dossiers pêche, sucre, banane, etc...
Certains de ces points ont déjà été abordés lors de la rencontre, le 3 mars dernier, entre les présidents des RUP et Mme Danuta Hubner, Commissaire chargée de la politique régionale. "La Commission a beaucoup de compréhension pour les problèmes des RUP et a une bonne volonté de chercher des solutions adéquates à ces problèmes", avait-elle déclaré.
Les discussions avec M. Barroso approfondiront certainement les questions abordées ce jour-là.

De nouveaux thèmes de débats

Depuis, cependant d’autres thèmes de débats sont venus se rajouter.
En premier lieu, la question du montant des fonds structurels qui seront alloués aux RUP pour 2007/2013. L’Union n’a toujours pas arrêté son budget pour cette période. Il est cependant question d’une baisse de 20% des crédits destinés aux régions d’objectif 1.
Des menaces existent aussi sur le fonds dont la création est proposée pour compenser les handicaps de l’insularité. Le montant des crédits destinés à ce fonds dit de compensation diminuerait et d’autres régions pourraient en bénéficier.
Les futures propositions de réforme de l’OCM-SUcre et la mise en œuvre de la réorganisation du marché de la banane seront sans doute évoquées.
Les débats qui ont eu lieu durant la campagne référendaire (l’affaiblissement ou pas du statut des RUP dans la traité Constitutionnel, l’article 440 qui donne la possibilité d’un changement de statut au sein de l’Union) ne sont pas à l’ordre du jour.

Pour un partenariat renforcé

Une rencontre d’un tel format n’a jamais eu lieu jusqu’à présent. Le fait que M. Barroso vienne du Portugal, pays possédant une RUP, y est vraisemblablement pour quelque chose.
Des discussions qui auront lieu aujourd’hui sortiront les grandes lignes d’un partenariat renforcé entre l’UE et ses RUP. Ce sont les projets de développement de ces régions qui sont en cause.


Michel Imiza retraité agricole actif

"Si cette situation dure,
c’est la mort des petits et moyens planteurs"

Michel Imiza est retraité agricole depuis cinq ans. En 200O, son fils Henri-Claude a repris les quatre hectares de canne à Bassin Plat, Saint-Pierre. Il soutient les revendications des jeunes agriculteurs et s’inquiètent pour leur avenir. Par ailleurs, il a été à l’origine de l’ouverture du marché de gros à Saint-Pierre en 1983 avec le soutien du maire de l’époque.

Ce retraité agricole soutient les jeunes agriculteurs. Cette semaine, il était à leur côté à la Plate-forme des Casernes à Saint-Pierre. Depuis 1968, il cultive la canne avec laquelle il a "nourri sa famille".
Depuis "la mise en circulation de l’euro à La Réunion, c’est la catastrophe", remarque-t-il. "Le prix de la tonne de canne baisse alors que les engrais, les désherbants...augmentent", note-il.
"En plus des factures d’eau, de téléphone... On a celle de l’irrigation et les prêts bancaires à rembourser", dit-il.

Trois à quatre tonnes de cannes coupées par jour

"Si cette situation dure, c’est la mort des petits et moyens planteurs", assure-t-il. Ils produisent sur "quatre hectares entre 480 et 500 tonnes de cannes".
Dans un mois, la campagne sucrière sera ouverte. Jusqu’à la fête réunionnaise de la liberté, la famille Imiza sera dans les champs de quatre heures à treize heures.
Chaque personne coupera "trois à cinq tonnes de cannes par jour", dit le retraité. Il les tractera à l’usine dans une remorque. "Un investissement de quatre-vingt mille euros".

L’ouverture du marché de gros à Saint-Pierre

"Le Brésil, l’Australie, la Thaïlande... peuvent à eux seuls fournir l’Europe en sucre. Si la France et l’Europe ne font pas barrage à ces pays, zot va mange anou", dit Michel Imiza.
"Cette Europe est pour les capitalistes mais pas pour les pauvres". "L’Europe donne un franc dans une main et reprend dix francs dans l’autre", ajoute-t-il.
Michel Imiza a toujours aux côtés des agriculteurs. En 1983, il est conseiller municipal et "œuvre pour que le marché de gros naisse".
Il défend aussi le projet d’agrandissement du marché de Saint-Pierre. "Une nécessité pour qu’en fin d’année, les agriculteurs puissent écouler les fruits". "Des initiatives faites avec la consultation de différents partenaires", souligne-t-il.

Jean-Fabrice Nativel


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