Rencontre avec Madeleine de Grandmaison

Une passion au service du développement local

11 juin 2004

La première candidate sur la liste conduite par Paul Vergès, la Martiniquaise Madeleine de Grandmaison, est repartie hier soir pour être à temps en Martinique le jour du vote. Elle a passé ici une trentaine d’heures et rencontré des Réunionnais au Port, à l’ARDA et en mairie, à Sainte-Clotilde dans le meeting de mercredi soir ou encore hier dans le Sud. En dépit d’une réelle fatigue, elle donnait le sentiment le jour de son arrivée d’accorder beaucoup plus d’importance à ce qu’elle pourrait entendre ou dire, qu’à son confort du moment. "C’est quand je ne fais rien que je me fatigue le plus", a-t-elle confié à ses hôtes avant le meeting de mercredi.
Née en 1938, Madeleine de Grandmaison est entrée en politique en 1966 lorsqu’elle rejoint le Parti Progressiste Martiniquais (P.P.M.), dont son mari - descendant d’une branche de l’aristocratie vendéenne partie aux colonies sous l’Ancien régime - est un des co-fondateurs, avec Aimé Césaire, après la rupture de ce dernier d’avec le PCF.
Elle a vécu de près toutes les tourmentes des années 60 et la rencontre de Morne-Rouge. Son mari a été une des figures politique de l’affaire “d’atteinte à la Sûreté de l’État” qui a valu un procès retentissant et des peines de prison à plusieurs militants martiniquais, en 1963.
En 1972, elle est élue dans la commune d’Ajoupa-Bouillon et fait ses premières armes comme adjointe au maire. Passionnée de développement local, elle est particulièrement motivée par le rééquilibrage des bassins de développement et d’emploi, dans son île. Elle a créé dans sa ville de nombreux équipements, la dotant dernièrement encore de structures à vocation touristique.
En 1983, elle a été l’une des premières femmes élues (rares à l’époque) au Conseil régional, assemblée où elle siège depuis vingt-et-un ans, souvent comme vice-présidente et de façon permanente au sein de l’une des commissions en charge de la culture, de l’environnement et du tourisme. Elle est actuellement 5ème vice-présidente et membre de la commission “développement agricole et élevage”.
Depuis 1996, elle préside le Comité de Bassin de la Martinique - créé en Outre-Mer après la loi de 1992 sur une directive européenne (la loi française de 1964 n’avait pas été appliquée) et effectivement constitué en 1995. En janvier dernier, elle a été élue à la présidence du réseau international des Comités de Bassin lors de la 6ème assemblée générale, qui s’est tenue en Martinique.
Enseignante en sciences naturelles, elle s’est aussi beaucoup investie dans la création de structures para-scolaires, dont un éco-musée de géologie et botanique. Elle a récemment fait réaliser un sentier botanique sur le littoral de sa ville d’Ajoupa-Bouillon.
Discrète et efficace, il lui aura fallu une quatrième visite à La Réunion, en tant que candidate à une élection européenne, pour que les Réunionnais la découvrent publiquement. Ses trois précédentes visites, étalées sur les vingt dernières années, ont été dédiées au conservatoire botanique, au programme corail et au comité de bassin. Elle est mieux connue en Europe, où le 31 octobre 2003 la European Federation of Black Women Business Owners lui a décerné un prix, à Londres, pour son action politique et l’exemple qu’elle donne de la promotion de la femme noire dans la vie politique et économique.
Mère de deux grands enfants - Luc, 35 ans, et Isabelle, 33 ans - Madeleine de Grandmaison est venue cette fois-ci dans notre île accompagnée de son fils.


Pascale David


Ce soir à Sainte-Suzanne


Meeting avec Christiane Taubira

La Réunion accueille aujourd’hui Christiane Taubira, députée de la Guyane, candidate tête de liste aux européennes en Ile-de-France et présidente du Comité de soutien de la liste de l’Alliance conduite par Paul Vergès.
Christiane Taubira arrivera à Gillot à 9 heures 30 par le vol régulier d’Air Austral et quittera La Réunion le soir à 21 heures 10.
Elle tiendra une conférence de presse en compagnie de Paul Vergès à 11 heures à l’Hôtel Le Saint-Denis et participera à un meeting à Sainte-Suzanne (salle des fêtes du Bocage) vers 18 heures.
Par ailleurs, elle participera à une conférence-débat organisée à l’amphithéâtre Geneveaux (Campus universitaire de Sainte-Clotilde) à 16 heures sur le thème de “L’esclavage crime contre l’humanité et sa réparation”.


La circonscription de l’Outre-mer

Une "cohérence" malmenée

Si le vote pour les élections européennes a lieu le 12 juin aux Antilles et dans le Pacifique, c’est en raison de l’extension de la circonscription d’Outre-Mer, qui couvre 18 fuseaux horaires. C’est la seule circonscription confrontée à une telle remise en question des "critères de cohérence" qui ont par ailleurs guidé le choix des gouvernants.
"On pouvait au moins distinguer trois régions d’Outre-Mer", ont commenté mercredi Paul Vergès et Madeleine de Grandmaison, les deux candidats têtes de liste de l’Alliance. Le voyage des Antilles à La Réunion et retour équivaut pratiquement à un tour du monde. Les différences physiques, climatiques, les différences de taille, de statut, les problématiques économiques et culturelles... tout cela laisse penser aux citoyens d’Outre-Mer qu’on leur a fait une circonscription “fourre-tout”
...Pas vraiment cohérent !
Cela souligne encore plus la solidarité qui est au cœur de la démarche des artisans de l’Alliance pour l’Outre-mer.

P. D.


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