Après la décision de l’Union européenne sur la directive Bolkestein

Une ’victoire de façade’ bien embarrassante pour le camp du “oui”

25 mars 2005

Alors que Jacques Chirac demande la ’remise à plat complète’ de la directive Bolkestein, la France n’a jamais cessé de plaider en faveur d’un marché européen des services et Paris, jusqu’à présent, s’est toujours interdit de demander le retrait pur et simple de ce texte, aussi impopulaire soit-il. Censé venir au secours des partisans du “oui” au référendum européen, ce coup d’esbroufe présidentiel aura pour conséquence de miner davantage le camp des ultra-libéraux et de rendre la politique européenne de la France plus ambiguë que jamais.

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Se faisant le champion d’une Europe sociale face à une Commission ultra-libérale, Jacques Chirac ne s’embarrasse pas de contradictions. En janvier 2004, la directive Bolkestein avait été adoptée à l’unanimité, sans débat, par la Commission Prodi, où siégeaient le socialiste Pascal Lamy et Michel Barnier.
Personne n’a souvenir aujourd’hui d’une position française particulière autour de la table. Les deux commissaires français n’ont pas émis la moindre objection au "principe du pays d’origine", au cœur de la directive Bolkestein, pour la bonne raison que cette règle de base a toujours dirigé le marché intérieur européen, qui vise par essence à faire tomber les frontières. Faut-il encore rappeler que les membres de cette commission sont nommés par les chefs d’État et de gouvernement ?

Volte-face

Cette volte-face isole La France et porte gravement atteinte à sa crédibilité. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance de la réaction de ce même Michel Barnier qui, aujourd’hui ministre des Affaires Étrangères, crache sur un texte signé par lui-même en tant que commissaire européen sur injonction de sa tutelle.
De quoi semer le trouble, non seulement chez les autres partenaires européens mais également chez ses propres amis qui ne savent plus sur quel pied danser. On comprend mieux que la pression se fait plus exigeante
pour tenir à l’écart de la campagne référendaire les membres du gouvernement et interdire de parole le premier d’entre eux, Jean-Pierre Raffarin. Comment, en effet, les chantres de l’ultra-libéralisme hexagonal pourraient-ils se muer subitement en défenseurs de l’Europe sociale ?
Cette confusion générale rejaillit bien évidemment sur les autres partenaires du camp du “oui”.


“Agir Pou Nout Tout”

"Il faut voter massivement pour le “non”"

Le Sommet de Bruxelles décide, à la demande du Président de la République Jacques Chirac, de revoir la directive de Bolkestein. Le Collectif “Agir Pou Nout Tout” voit dans ce revirement de situation une victoire des partisans du “non” à ce Traité de constitution Européenne.
Cette décision montre bien que les Françaises et les Français ont surpris les partisans du “oui” la main dans le sac. “Agir Pou Nout Tout” considère cette annonce comme un gros mensonge pour sauver les partisans du “oui”, dont le Président de la République Jacques Chirac, qui ne veut pas perdre la face.
L’article I-3 du texte qui stipule que dans les pays membres "la concurrence doit être libre et non faussée", montre bien que l’idée de la libération des services n’est pas abandonnée, donc les dirigeants européens ont bien l’intention de revenir à la charge en cas de victoire du “oui”.
Le 29 mai, il faut voter massivement pour le “non”.

Le président, Jean-Hugues Ratenon


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