« Un accord a été trouvé pour fournir des armements à l’armée ukrainienne pour une valeur de 450 millions et des équipements de protection et du carburant pour 50 millions. Tout cela sera couvert par notre Facilité de paix et notre fonds intergouvernemental. C’est la première fois dans l’histoire que nous allons le faire », avait déclaré ce 27 février Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne à l’issue d’une réunion en visioconférence des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Un milliard d’euros prélevés sur la « Facilité européenne pour la paix »

Le 10 mars sur France Info, le chef de la diplomatie de l’Union européenne a déclaré : « c’est une première pour l’Europe ». « C’est un tabou qui tombe. Oui, l’Europe s’engage en fournissant des moyens militaires à l’Ukraine. Et on va continuer à le faire s’il le faut. » L’enjeu du financement de ses armes n’est rien moins que d’« aider l’Ukraine autant qu’on peut, mais d’éviter l’escalade de la guerre ».
Le 11 mars, lors du Sommet européen organisé dans le palais de Louis XIV à Versailles sous présidence française, le même Josep Borell a annoncé à France Info avoir « fait une proposition pour doubler la contribution [de l’UE] avec 500 millions d’euros en plus pour des armements en soutien à l’armée ukrainienne (…) Je suis certain que les dirigeants vont la soutenir ». D’où vient ce milliard d’euros ? « Les financements proviennent de la « Facilité européenne pour la paix ». C’est un fonds doté de 5 milliards d’euros. Il est abondé par les États membres hors du budget communautaire », précise France Info.

Subventions européennes pour qu’un pays belligérant achète des armes

Si la guerre en Ukraine se prolongeait, alors l’Union européenne versera d’autres subventions de même nature au gouvernement ukrainien. Une aide européenne de 500 millions d’euros pour acheter des armes et du carburant pour les véhicules militaires a été annoncée 3 jours après le début du conflit. Une autre d’un montant analogue est annoncée 14 jours après le début de l’offensive russe en Ukraine.
A ce rythme, l’Union européenne est donc prête à verser des milliards d’euros pour soutenir l’effort de guerre d’un pays qui est loin de remplir les conditions pour adhérer à l’UE, notamment en termes de respect de la démocratie et de la lutte contre la corruption.
Une fois les 5 milliards de la « Facilité pour la Paix » épuisés, quels seront les secteurs qui devront subir des restrictions pour financer ces dépenses : l’agriculture, la solidarité avec les Régions les plus pauvres dont La Réunion, les mesures pour soutenir l’emploi ?

L’Europe, c’était la réconciliation sur les ruines de la Seconde guerre mondiale

Or, l’Union européenne est le résultat d’une construction qui visait à réconcilier d’anciens belligérants de la Seconde guerre mondiale pour rendre impossible la reproduction d’une telle tragédie.
La première manifestation de cet effort fut la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, afin de placer sous une gestion commune les principales matières premières de construction des armes. Elle s’est amplifiée avec la création de la Communauté économique européenne en 1957. Ses États fondateurs étaient d’anciens vainqueurs de la Seconde guerre mondiale ainsi que deux États issus de régimes vaincus : l’Italie et la République fédérale allemande. La CEE s’est transformée en Union européenne et s’est élargie à d’autres anciens alliés de l’Axe, l’Autriche et la Finlande.

L’œuvre de Paix totalement dévoyée

Depuis le début de la guerre en Ukraine, des États européens de l’OTAN ou des États neutres de ce continent se sont engagés à soutenir l’effort de guerre du gouvernement ukrainien. Ceci relève d’accord bilatéraux. Mais en décidant d’utiliser les fonds européens pour subventionner les achats d’armes du gouvernement ukrainien, les dirigeants de l’Union européenne font prendre un virage à 180 degrés à cette organisation qui était à l’origine une œuvre de Paix en Europe, destinée notamment à la réconciliation entre la France et l’Allemagne qui s’étaient opposées dans trois guerres meurtrières dont deux mondiales entre 1870 et 1945.
Ceux qui ont lancé, sur les ruines de la Seconde guerre mondiale, les bases de la construction européenne par la réconciliation doivent se retourner dans leurs tombes. Cette construction européenne a été totalement dévoyée par ses dirigeants actuels.

M.M.