“Zénès maloya”

« Valoriser des groupes qui émergent dans le paysage musical réunionnais »

21 mars 2009, par Jean Fabrice Nativel

Hugette Baptisto –Présidente de l’association “les Chokas” nous parle du concept de “Zénès maloya”, de ce que représente pour son association le maloya et nous révèle la sortie en fin d’année ou début d’année prochaine d’un nouveau CD de Christian Baptisto.

Kouèk i lé "Zénès maloya” ?
- Depuis 2003, l’association “les Chokas”, en co-production avec l’Office Départemental de la Culture (ORC), organise au Théâtre de Saint-Gilles un spectacle intitulé “Zénès Maloya”. Ce nouveau concept de spectacle, basé sur l’identité et la richesse de la culture réunionnaise par le maloya et toutes les ethnies qui la composent, a pour mission de valoriser des groupes qui émergent dans le paysage musical réunionnais en accédant à une scène prestigieuse et professionnelle pendant trois années consécutives tout en bénéficiant du parrainage de figures emblématique du genre dont l’expérience et le talent ne sont plus à démontrer : 2003, Granmoun Lélé ; 2004, Firmin Viry ; 2006, Danyèl Waro ; 2007, René Paul Elléliara ; 2008, Granmoun Sello, 2009, Granmoun Dada. Tous jouent pour la première fois sur cette scène après un long travail scénique et musical. “Zénès Maloya”. constitue également un lieu de transmission, un passage de flambeau et d’échange entre les groupes qui sont choisis pour leur sérieux et la profondeur de leur engagement culturel. On reste dans cet esprit : un travail collectif en profondeur, un travail avec pour but la préservation de cette musique, légué par nos ancêtres esclaves, comme notre essence essentielle, notre identité musicale et culturelle, qu’elle ne se retrouve pas demain comme un phénomène de mode mais comme une racine d’un arbre dont les branches auront toujours comme base le maloya. L’association milite et œuvre pour cette conservation.« Tank lo kèr i bat, lespri léla, lo kor va avansé, nou va avans ansanm ».

Kouék i lé lo maloya –pou lasosiasion ?
- Il existe :
Le Maloya festif : Le maloya au rythme envoûtant qui met en transe les corps et les esprits, plonge ses racines dans les interstices de l’époque de l’esclavage. Son origine est entourée de mystère. Cette forme d’expression a la fois instrumentale, vocale et dansée est un produit pluriculturel. La genèse de ce style s’est opérée en effet dans les camps d’esclaves, par un mélange entre les populations malgaches et mozambicaines, nouvellement débarquées. On ne peut pas considérer le maloya comme une musique, c’est un chant d’espoir, de douleur, une complainte avant tout. Le maloya a toujours été par les pouvoirs coloniaux comme une danse et un chant de nègres. Ces dictatures utilisaient cette expression à des fins de divertissement. En fait, c’était pour montrer que les esclaves étaient heureux. C’est bien-sûr le culte des ancêtres à travers les percussions africaines et malgaches qui ont rythmé les premières rencontres autour des feux de camps. Les premiers instruments répertoriés sont le houleur ou rouleur, un tambour fabriqué à partir d’un tronc d’arbre évidé et d’une peau de bête tendue ; le caïambre ou kayamb, sorte de maracas ; le piqueur, nœuds de bambou sur lesquels on tape avec des baguettes, et le bobre, l’arc musical africain...
Le Servis Kabaré : une facette importante du maloya est l’hommage rituel aux ancêtres : le Kabary (qui veut dire "assemblée" en malgache). Il s’agit d’une forme de maloya, jouée plus lentement, dont le chant monotone, sorte de litanie, est interprété dans le cadre de funérailles. La musique sert ainsi de support de communication avec les morts. Ce rituel se nomme différemment selon l’origine des communautés concernées : “servis malgas” pour les malgaches ou “servis caf” pour les africains. Ces « sèrvis » réunissent, dans la kour, les membres d’une même famille, des intimes, des amis afin de célébrer la mémoire des défunts. Le cérémonial consiste en une réunion des participants pour des offrandes déposées (aliments et boissons, parfums, cigarette…) sur un autel ou sur des feuilles de bananier dans un coin de la case. Après la consécration de ces offrandes, la nourriture et les boissons sont consommées par l’assistance. Ensuite les participants dansent au rythme d’un maloya joué lentement et accompagné d’un chant monotone proche de la litanie mortuaire, à la limite de l’invocation, d’où la réitération dans les textes d’un même mot, d’une même phrase.

Di a nou si é kan sa Christian Baptistoi sort in nouva cédé ?
- Christian Baptisto va sort in nouvo CD fin lané 2009 ou débi 2010.

Jean-Fabrice Nativel

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Messages

  • Le maloya est liée à l’esclavage. Pour ces esclaves déracinés, désidentifiés, désociabilisés, le maloya est le rite qui les accompagne leur permet de garder un lien étroit avec leur terre perdue en restant en communication avec leur razana ancêtre.
    Pendant très longtemps pratiqué en secret ce culte des ancêtres aujourd’hui se libère de ces chaînes.
    Qui ne connaît pas ce refrain « à nou la tendi le roi dans lé boi, la reine la rivé ».
    Ces paroles nous rappellent l’époque des royaumes malgaches et de la sacralisation des forêts ces lieux sacrés qui constituent le domaine des esprits et des énergies.
    Nos esclaves marrons qui occupaient les forêts des cirques se désignaient eux mêmes des rois et des reines. Le maloya les entraînait sur le chemin des bois sacrés malgaches. Le maloya est le seul mode de relation à l’ancêtre et à sa famille.
    Ces rites animistes ont permis à nos marrons à survivre dans nos montagnes. Plusieurs rapports sur le marronnage évoquent la présence des rois et des reines qui sont en réalité des chefs marrons ayant réorganisé un petit « lapa » espace de leur univers d’origine c’est à dire l’univers des royaumes, des pouvoirs « rova » malgaches.
    Aujourd’hui le pont culturel et cultuel entre l’Afrique et Madagascar se trouve dans de nombreux sevis kabaré mais aussi dans beaucoup d’actes de la vie quotidienne des Réunionnais.

    Aline Murin Hoarau, adjointe au maire de Ste Suzanne


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